Manifestations syndicales à Bucarest
Les principales confédérations syndicales ont manifesté devant le siège du gouvernement à Bucarest, mécontentes des mesures d'austérité adoptées jusqu'à présent
Roxana Vasile, 30.10.2025, 12:38
Des milliers d’employés de l’administration, de l’éducation et de la santé en Roumanie sont descendus dans la rue ce mercredi pour demander une augmentation du niveau des salaires et des pensions de retraite, une fiscalité équitable et la fin des mesures d’austérité qu’ils jugent injustifiées. Depuis l’été, afin de réduire le déficit budgétaire, qui était d’ailleurs le plus important de l’Union européenne, le gouvernement de Bucarest a pris des mesures drastiques qui affectent les citoyens. « Ce n’est pas l’austérité, mais ce sont des mesures responsables qu’il fallait mettre en œuvre », a déclaré le Premier ministre Ilie Bolojan lors d’un bilan sur la hausse de la TVA, des impôts, des droits d’accise, de la réduction de postes d’emplois dans le secteur public et du gel des salaires et des pensions de retraite, sur toile de fond d’une inflation galopante.
Les mécontentements des manifestants
Cette inflation a encore baissé le niveau de vie des Roumains qui était d’ailleurs le plus bas dans l’Union européenne. « Le déficit excessif n’est pas la faute des citoyens, mais celle des gouverneurs. Ceux-ci doivent comprendre que l’on a besoin de mesures concrètes, justes et immédiates pour protéger les employés » a déclaré le président de la confédération syndicale nationale Cartel Alfa, Bogdan Hossu.
Les syndicalistes sont mécontents du refus du gouvernement d’augmenter le niveau du SMIC, auquel s’ajoute la décision de maintenir le même niveau, de 4 050 lei (soit environ 800 euros), même en 2026. En effet, ce mercredi, tandis que les manifestants exprimaient leur mécontentement dans les rues, les membres du Conseil national tripartite pour le dialogue social, qui réunit des représentants de l’Exécutif, des employés et des employeurs, étaient en train de discuter sur le SMIC. Et pourtant, après plus de deux heures, à l’issue des pourparlers aucun accord n’a été convenu. Les responsables ont décidé uniquement d’augmenter la valeur des tickets-resto à compter du 1er janvier. Pourtant, en ce qui concerne la hausse de la valeur du SMIC, le Premier ministre Ilie Bolojan a averti qu’une telle augmentation entraînerait des hausses salariales en cascade dans le secteur public, ce que le pays ne peut se permettre.
Qui plus est, étant donné que la productivité du travail n’a augmenté que de 5 % cette année, contre plus de 9 % dans le cas des salaires, une augmentation des salaires qui n’est pas basée sur une hausse de la productivité du travail déclencherait une inflation supplémentaire qui affecterait particulièrement les personnes gagnant des revenus faibles.
Les représentants des organisations patronales ont également plaidé pour maintenir le niveau actuel du SMIC l’année prochaine. Le représentant des Petites et Moyennes Entreprises au Conseil tripartite a quant à lui souligné que la plupart des PME ne pourraient pas supporter une augmentation de ce montant, car elles étaient déjà affectées par les mesures fiscales récemment prises par le gouvernement. Les consultations se poursuivront et l’Exécutif de Bucarest devrait se prononcer sur le SMIC d’ici la fin novembre.