La semaine du 27 octobre au 2 novembre 2025
Retrait d’une partie des troupes américaines du sol roumain / Oana Gheorghiu nommée vice-Première ministre / Menaces de grève générale lancées par les syndicats / Commémoration des 10 ans de la tragédie du Club Colectiv
Ştefan Stoica, 02.11.2025, 11:00
La Roumanie rassure malgré la réduction des troupes américaines sur le flanc est
Pour les Européens, confrontés à une guerre à leurs portes, l’arrivée de l’administration Trump avait suscité des craintes quant à un possible retrait des forces américaines déployées sur le vieux continent. Si Washington insiste sur le fait qu’il s’agit d’une simple réorganisation, la réalité est déjà perceptible : le nombre de soldats américains en Europe diminue, impactant directement la Roumanie. Selon le ministère roumain de la Défense, la réduction concerne la fin de la rotation d’une brigade américaine qui disposait d’éléments dans plusieurs États membres de l’OTAN, notamment sur la base Mihail Kogălniceanu, dans la région stratégique de la mer Noire. Les autorités de Bucarest, sous la houlette du président Nicușor Dan, ont assuré que cette diminution n’affectera en rien la sécurité de la Roumanie ni celle du flanc est de l’Alliance. Le partenariat stratégique entre Bucarest et Washington reste intact, et l’ensemble des infrastructures développées conjointement sur le territoire roumain demeurera pleinement opérationnel. Le ministre de la Défense, Ionuţ Moşteanu, a précisé qu’environ 1 000 soldats américains resteront stationnés en Roumanie. Le Pentagone a de son côté tenu à rappeler qu’il ne s’agit ni d’un retrait d’Europe ni d’un signe d’affaiblissement de l’engagement américain envers l’OTAN et l’article 5 sur la défense collective. L’ambassadeur des États-Unis auprès de l’Alliance, Matthew Whitaker, a salué la capacité et le sens des responsabilités démontrés par la Roumanie. Néanmoins, la décision du Pentagone suscite des critiques aux États-Unis, de la part des présidents républicains des commissions de la Défense du Sénat et de la Chambre des représentants, qui y voient un signal négatif adressé à la Russie, alors que le président Trump cherche à pousser Vladimir Poutine vers un accord de paix durable en Ukraine.
Oana Gheorghiu nommée vice-Première ministre
Le gouvernement de coalition de Bucarest a officialisé la nomination de Oana Gheorghiu au poste de vice-Première ministre. Cofondatrice et coprésidente de l’association Dăruiește Viață (« Donne la vie »), elle s’illustre depuis plus de dix ans dans le développement de projets d’infrastructures médicales. Ses initiatives, unanimement saluées, ont notamment permis la construction du premier hôpital pédiatrique ultramoderne entièrement financé par des dons en Roumanie. Si sa réputation de personnalité intègre et respectée semblait à l’abri de toute controverse, le chef par intérim du Parti-Social Démocrate, Sorin Grindeanu, membre de la coalition au pouvoir dans le pays, a surpris en contestant sa nomination. Selon ce dernier, elle pourrait compromettre les relations avec les États-Unis, en raison de critiques antérieures formulées par Oana Gheorghiu, alors simple citoyenne, à l’égard de Donald Trump et de JD Vance, concernant le traitement jugé inqualifiable réservé au président ukrainien Zelensky lors de sa première visite à la Maison Blanche. L’intervention de Sorin Grindeanu n’a pas manqué de susciter des remarques ironiques, y compris de la part des forces d’opposition populistes, soulignant l’étonnante controverse autour d’une figure jusque-là unanimement admirée.
Menaces de grève générale lancées par les syndicats
Plusieurs milliers de syndicalistes, appartenant à quatre grandes confédérations ont protesté ce mercredi devant le siège du gouvernement contre les mesures d’austérité adoptées par l’Exécutif. Leurs principales revendications sont la hausse du SMIC et la revalorisation des retraites, l’application des droits légaux et contractuels des salariés, l’élimination des mesures d’austérité et la protection des emplois. Les syndicats n’excluent pas de lancer un appel à la grève générale, en l’absence d’une réponse du gouvernement. La manif a eu lieu alors que le Conseil national tripartite pour le dialogue social qui réunit des représentants de l’Exécutif, des employés et des employeurs, étaient en train de discuter l’évolution du SMIC pour l’année prochaine, les chances d’une hausse de celui-ci étant réduites. Le premier ministre Ilie Bolojan a rappelé que le déficit budgétaire très élevé et dont la réduction est impérative bloquaient la revalorisation des salaires dans le secteur public. Il a précisé qu’il comprenait le fait que les gens gagnant des revenus faibles allaient être les plus touchés par la hausse du coût de la vie, mais il a averti qu’une augmentation du SMIC entraînerait des hausses salariales en cascade dans le secteur public, ce que le pays ne peut se permettre. Un message identique envoyé par le secteur privé: la plupart des PME ne pourraient pas supporter une augmentation du SMIC. Toute revalorisation des salaires en l’absence d’une hausse de la productivité du travail déclencherait une inflation supplémentaire qui affecterait particulièrement les personnes gagnant des revenus faibles.
La Roumanie a commémoré une décennie écoulée depuis la tragédie du Club Colectiv
10 ans se sont écoulés depuis l’incendie dévastateur survenu au Club Colectiv dans la capitale Bucarest, qui a fait une soixantaine de morts. Des survivants, des membres des familles des défunts, des représentants de la société civile, tous disent que la Roumanie n’est pas guérie et que la société n’a pas changé essentiellement depuis la terrible nuit de 30-31 octobre 2025, qui a représenté la plus grande tragédie en temps de paix enregistré dans notre pays après la chute du communisme en 1989. La négligence visible, l’indifférence, l’incompétence et la corruption font toujours des victimes, dénonce encore la société. Les victimes de ce drame ont été commémorées ce jeudi soir tant dans la capitale a Bucarest que dans d’autres villes de Roumanie. A Bucarest, une marche a eu lieu entre l’emblématique Place de l’Université et le lieu de l’incendie. Les participants ont demandé de la justice pour les victimes et dénoncé les problèmes auxquels le système de santé roumain est toujours confronté, notamment le nombre insuffisant de lits pour les grands brûlés. La ville de Constanța (sud-est) a également accueilli une marche commémorative et une manifestation dédiée à la mémoire des victimes de la tragédie du Club Colectiv, ainsi qu’à ceux qui continuent de subir les conséquences de cet événement terrible. « Dix ans après la tragédie du Club Colectiv, la société roumaine attend toujours : la fin complète des procès et la punition en justice de tous les coupables ; de véritables réformes du système de santé et de sécurité publique, capables d’éliminer les infections nosocomiales qui persistent et continuent de faire des victimes dans les sections de nombreux établissements de santé du pays ; des hôpitaux sûrs, de nouveaux hôpitaux, avec des sections destinés aux grands brûlés », ont déclaré les organisateurs.