La vie du kimono en Roumanie
Laura Caraman est le seul designer de kimonos de Roumanie. Elle nous raconte son parcours.
Ana-Maria Cononovici, 18.11.2025, 11:10
Laura Caraman était en train de préparer sa licence de Design Vêtements à l’Université nationale des Beaux-Arts de Bucarest, section Mode, lorsque la thématique étudiée « Little Black Dress » lui a permis d’adapter ses créations au style musical et vestimentaire japonais Visual Kei. Pour explication, le Visual Kei est un mouvement musical et de mode japonais des années 1980 caractérisé par son esthétique théâtrale, androgyne et extravagante. Au menu : maquillages élaborés, coiffures excentriques, costumes inspirés du glam rock, du punk et du kabuki. Le style vestimentaire peut varier du sombre au coloré, en passant par le gothique ou le punk.
Une licence sur le kimono
Cette occasion de découvrir la culture japonaise en général et l’art du kimono en particulier, l’a déterminée à reporter sa licence pour approfondir ses études en la matière.
Laura Caraman s’en souvient : « En préparant la collection pour ma licence, je me suis rendue compte que je ne faisais que copier sur les Japonais. J’avais du mal à être créative et donc j’ai reporté mon examen pour approfondir la culture japonaise traditionnelle. J’ai fait des cours sur la cérémonie du thé au Centre d’études roumano-japonaises Angela Hondru, des cours d’art et d’architecture au Japon et des cours de langue japonaise. C’est en étudiant tout cela et en me rapprochant de plus en plus de la culture traditionnelle japonaise que je me suis rendue compte que les kimonos apportés du Japon n’étaient pas adéquats au corps européen, parce que les Européens ont des mains un peu plus longues que les Japonais. J’ai donc commencé à créer des kimonos « européens » pour leur donner la même image harmonieuse que j’avais découverte chez leurs possesseurs d’origine. »
Aujourd’hui, Laura Caraman est lectrice à l’Université et le seul designer de kimonos de Roumanie. Elle nous raconte son parcours :
« C’est en 2010 que j’ai commencé à étudier la culture japonaise toute seule. Au fil des années et grâce au Centre d’études roumano-japonaises Angela Hondru, j’ai eu l’honneur de collaborer avec plusieurs artistes japonais, des designers de kimono et des designers de motifs pour les kimonos. J’ai donc appris directement de la source certaines astuces sur ce vêtement. Maintenant je tiens mon propre cours dans le cadre des ateliers proposés par la Fondation Calea Victoriei intitulé « Le kimono, du traditionnel au contemporain ». J’enseigne aussi au Centre d’études roumano-japonaises Angela Hondru « L’art de s’habiller en kimono », soit toute sorte de techniques de mettre un kimono et de l’adapter à différents événements. »
Des kimonos à la roumaine
Y a-t-il un intérêt en Roumanie pour le kimono ? Réponse affirmative, selon notre invitée. Pour ses propres créations, elle a choisi d’inclure des éléments roumains et de les adapter aux traditions locales. Laura Caraman explique :
« Du matériel textile, j’en trouve sur le marché roumain afin de pouvoir réaliser des kimonos à des coûts plus accessibles. Surtout que la soie utilisée au Japon nécessite aussi un processus de nettoyage plus complexe, car le kimono japonais n’est jamais lavé tel qu’il a été fabriqué. Cela, parce que la soie japonaise change de forme au contact de l’eau, alors que le matériel textile européen garde sa forme lorsqu’il est lavé. Autre nouveauté que j’ai introduite dans la création de ces vêtements : la fusion entre la culture roumaine et japonaise. J’ai mis des motifs roumains sur mes kimonos, des motifs peints manuellement, alors que mes ceintures sont réalisées selon la technique roumaine du tissage, mais approchée d’une manière beaucoup plus contemporaine ».
Un intérêt croissant pour la culture japonaise en Roumanie
Effectivement, des kimonos, on en voit souvent en Roumanie lors de différents événements consacrés à l’espace asiatique, tels les festivals Asia Fest, Comicon ou encore le festival du film Hanan. Ils font également l’objet des cours proposés par le Centre d’études roumano-japonaises Angela Hondru ou par la Fondation Calea Victoriei.
Il y a un engouement croissant pour le kimono et pour la culture japonaise en Roumanie et Laura Caraman le confirme :
« A comparer avec 2010, l’année où j’ai commencé ma spécialisation, le kimono et la culture japonaise ont gagné du terrain en Roumanie et il y a de plus en plus de personnes désireuses d’en savoir davantage et d’expérimenter la tradition japonaise. Ramené dans la vie contemporaine, le kimono peut être un élément vestimentaire très facile à intégrer dans notre tenue quotidienne, à condition de respecter certains critères et certains pas à suivre selon la tradition »
Quels pas ? Par exemple la manière de choisir son kimono selon la saison, l’âge ou l’événement. Ou bien les étapes à suivre en mettant son kimono, qui comporte environ 22 accessoires, chacun avec sa place bien définie et son moment très précis à mettre. Autant de détails que Laura Caraman explique dans le cadre de ses cours consacré à ce vêtement qui fascine le monde entier depuis toujours. (trad. Valentina Beleavski)