La consommation, longtemps moteur de la croissance, montre ses limites
La consommation de la population dépasse le niveau des revenus, selon un rapport de la Banque nationales roumaine
Roxana Vasile, 12.12.2025, 11:48
Pendant plus d’une décennie, la croissance roumaine a reposé sur la consommation des ménages. Les critiques n’ont d’ailleurs pas manqué à l’égard des gouvernements successifs, accusés de se satisfaire de cette situation au lieu de stimuler davantage les exportations ou l’investissement. Or, les données publiées par l’Institut national de statistique (INS) pour le mois d’octobre marquent un tournant : le commerce de détail accuse une baisse, aussi bien par rapport au mois précédent qu’à l’année dernière. Il s’agit de la première preuve statistique que le moteur traditionnel de l’économie, à savoir la consommation, s’essouffle, un effet direct des mesures d’austérité drastiques entrées en vigueur cet été pour réduire le déficit public. Selon l’INS, le chiffre d’affaires du commerce de détail (hors véhicules et motos) a reculé de 1,1 % par rapport à septembre et de 4 % en un an.
Les ménages en retrait : un signal d’alarme pour l’économie
La contraction est généralisée : denrées alimentaires, biens non alimentaires, carburants… Les spécialistes constatent que les Roumains réduisent désormais leurs achats essentiels, les reportent, modifient leur panier ou se tournent vers des produits meilleur marché. Comme le souligne le média roumain Hotnews, les consommateurs ont longtemps été les « héros méconnus » de l’économie roumaine. Désormais, ces « héros » marquent une pause. Sans un relais providentiel venant de l’industrie ou des services à forte valeur ajoutée, l’économie du pays restera fragile. La Banque nationale de Roumanie (BNR) confirme cette dynamique dans un rapport sur la stabilité publié mardi, et dans lequel l’institution note que la consommation dépasse aujourd’hui les revenus réels des ménages, l’écart étant comblé par l’usage de l’épargne accumulée ou par un recours accru au crédit. Cette situation résulte des nouvelles mesures fiscales, d’une inflation persistante et d’un rythme d’activité économique modéré.
Un déficit commercial structurel qui continue de se creuser
Ce déséquilibre ne concerne pas seulement les particuliers. En effet, l’État lui-même dépense plus qu’il ne gagne. Selon l’INS, le déficit commercial de la Roumanie a encore augmenté cette année pour frôler les 28 milliards d’euros, soit environ 276 millions de plus qu’en 2024. Si les exportations progressent de 4,3 %, les importations suivent également une tendance haussière (+3,4 %). Les analystes nuancent toutefois : une part importante de ces importations alimente la production intérieure ou soutient les exportations. Mais ils rappellent aussi que certains secteurs accusent des déficits chroniques — notamment l’industrie alimentaire ou les produits chimiques — et qu’un renforcement de la production nationale s’impose pour réduire durablement la dépendance extérieure.