Bucarest tente de sauver l’intégralité de ses fonds européens
Le gouvernement intérimaire de Bucarest s'efforce de ne pas perdre d'énormes quantités de fonds européens.
Daniela Budu, 09.05.2025, 12:15
Face au risque de perdre une partie substantielle des fonds européens alloués, le gouvernement intérimaire de Bucarest intensifie ses efforts pour renégocier les termes du Plan national de relance et de résilience (PNRR). Jeudi, à l’occasion de la première réunion présidée par le Premier ministre par intérim Cătălin Predoiu, l’exécutif a adopté un mémorandum autorisant la réouverture des négociations avec la Commission européenne.
Le ministre des Projets européens, Marcel Boloș, se voit ainsi doté du mandat légal pour modifier les engagements actuels du PNRR. L’enjeu est majeur : préserver l’intégralité de la subvention de plus de 13 milliards d’euros que Bucarest doit percevoir, à condition de respecter les délais fixés pour la mise en œuvre des projets d’investissement.
« Pourquoi est-il important de continuer à modifier le plan national de relance et de résilience ? Afin de disposer du temps physique nécessaire jusqu’au 31 août 2026 pour compléter les amendements qui seront négociés et approuvés par la Commission européenne. Et dans le cadre de ces amendements, l’objectif principal que nous poursuivons est que la subvention de 13,1 milliards d’euros soit entièrement absorbée sans pénalité. Cela signifie que nous veillons à ce que les objectifs d’investissement soient réalisés et mis en œuvre d’ici le 31 août 2026 », a précisé Marcel Boloș.
Objectifs renforcés et fonds supplémentaires espérés
Outre la volonté de garantir l’absorption complète des fonds, la renégociation vise également à élargir le périmètre de la quatrième demande de paiement. Actuellement chiffrée à 2,7 milliards d’euros, cette tranche pourrait, selon Marcel Boloș, atteindre environ 5,7 milliards.
« Augmentons le montant de la demande de paiement qui, comme nous le savons, était initialement de 2,7 milliards d’euros, augmentons-le de 3 milliards d’euros, de sorte qu’il sera finalement d’environ 5,7 milliards d’euros », a encore précisé le ministre
Par ailleurs, le ministre reconnaît que certains projets ont enregistré des retards significatifs, tant sur le plan physique que financier. « Nous essayons de les remplacer par des objectifs d’investissement qui correspondent aux objectifs du Plan national de relance et de résilience et qui ont été financés par des sources du budget de l’État », a-t-il expliqué.
Dans les semaines à venir, la Roumanie pourrait par ailleurs bénéficier de 1,3 milliard d’euros issus de la troisième demande de paiement, attendue d’ici la fin du mois. Bien que la procédure de renégociation avec la Commission européenne soit décrite comme « extrêmement complexe », Marcel Boloș se dit confiant dans la perspective d’une validation par le Conseil ECOFIN en juillet.
Des engagements non tenus qui pèsent dans la balance
Du côté de Bruxelles, certains jalons cruciaux n’ont pas encore été atteints. La Commission européenne cite notamment la réforme des pensions spéciales, les investissements dans la modernisation du réseau ferroviaire, l’expansion du métro à Bucarest et à Cluj-Napoca, ou encore la mise en place d’une gestion axée sur la performance dans les transports. À cela s’ajoutent les efforts insuffisants pour renforcer la gouvernance des entreprises publiques du secteur énergétique, ainsi que l’absence d’opérationnalisation des politiques de gouvernance d’entreprise.