La scène politique roumaine, en tourment
La victoire du candidat souverainiste au premier tour de l’élection présidentielle cause de multiples changements politiques en Roumanie. Lundi, Marcel Ciolacu a quitté son poste de chef de l'Exécutif.

Ştefan Stoica, 06.05.2025, 11:12
Deux candidats, deux directions
En Roumanie, le système politique traditionnel est secoué après le premier tour de l’élection présidentielle, remporté haut la main par le candidat populiste et ultra-nationaliste George Simion, leader de l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR). Avec plus de 40 % des suffrages, il est considéré comme le favori du second tour décisif du 18 mai prochain qui l’opposera à l’indépendant Nicusor Dan, actuel maire pro-occidental de la capitale roumaine, Bucarest. Celui-ci à réuni 20 % des suffrages, soit la moitié de son contre-candidat.
L’échec de la coalition gouvernementale
Plus encore, l’échec du candidat proposé par la coalition gouvernementale de Bucarest, formée du Parti Social-Démocrate, du Parti National Libéral et de l’Union Démocrate Magyare de Roumanie, Crin Antonescu, arrivé en troisième position, a été un nouveau coup majeur pour les grands partis traditionnels roumains, après un premier échec du leader social-démocrate et premier ministre Marcel Ciolacu, à l’élection présidentielle de l’année dernière, un scrutin qui a pourtant été annulé par la Cour Constitutionnelle.
Le premier ministre démissionne
N’ayant pas réussi à envoyer leur candidat dans la confrontation finale pour le fauteuil présidentiel, les sociaux-démocrates ont décidé lundi de quitter la coalition gouvernementale, affirmant que celle-ci n’avait plus de légitimité. Plus encore le leader social-démocrate, Marcel Ciolacu, a présenté sa démission du poste de chef du gouvernement. Il est désormais remplacé par le ministre de l’Intérieur, Catalin Predoiu, leader par intérim du Parti National Libéral, nommé premier ministre par intérim de la Roumanie. Les ministres sociaux-démocrates aux côtés de leurs collègues Libéraux et ceux de l’Union Démocrate Magyare de Roumanie continueront le travail au sein de ce gouvernement provisoire, qui ne pourra rester en place plus de 45 jours.
Par ailleurs, le Parti Social-Démocrate a décidé de ne soutenir aucun des deux candidats restés en lice au second tour de l’élection présidentielle. Cela, malgré son appartenance à la famille des socialistes européens et implicitement à la grande famille des partis démocratiques d’Europe, ce qui aurait imposé, selon les commentateurs, une position sans équivoque du côté du candidat pro-européen, Nicusor Dan.
Les libéraux soutiennent Nicusor Dan
De son côté, le Parti National Libéral a opté pour une approche différente : son Bureau Permanent National a décidé à l’unanimité d’appuyer le candidat indépendant et maire de la capitale roumaine Nicusor Dan, au second tour du 18 mai. Et pour cause : « Il ne faut pas que l’extrémisme arrive au Palais (présidentiel) de Cotroceni », a souligné le leader libéral, Catalin Predoiu. À son avis, deux choses intéressent les Roumains en ce moment : premièrement – l’élection présidentielle et deuxièmement – la gestion du pays.
L’Union Sauvez la Roumanie se réforme
Dans l’opposition pro-occidentale, le leader par intérim de l’Union Sauvez la Roumanie (USR), Dominic Fritz, a déclaré que la Roumanie était en train de traverser une crise d’Etat, des institutions et de la confiance. Il a aussi salué le fait que tous les partis avaient démarré un processus de transformation. C’est toujours le candidat pro-européen qui bénéficiera du soutien de l’USR. À noter que Dominic Fritz assure la direction par intérim de ce parti, après la démission de madame Elena Lasconi, lundi, en raison de son score très faible obtenu au premier tour du scrutin présidentiel. Pour rappel, la même Elena Lasconi, s’était qualifiée aux côtés de l’extrémiste Calin Georgescu au second tour des élections présidentielles de l’année dernière, qui ont pourtant été annulées en raison d’un processus électoral vicié.
Par conséquent, à l’heure où l’on parle, les plus hautes fonctions de l’État en Roumanie – soit tant la présidence que la tête de l’Exécutif – sont occupées par des chefs provisoires. De l’avis des commentateurs, un seul scénario permettra au pays de sortir de cette zone d’incertitude profonde : à savoir la victoire du candidat pro-occidental. Une victoire qui, pour l’instant, n’est pas une certitude non plus. (trad. Valentina Beleavski)