La situation des fermiers au cœur des débats du Législatif européen
Le Parlement européen a débattu à Strasbourg la situation des fermiers européens.
Ştefan Stoica, 18.01.2024, 12:20
Cela fait plus
d’une semaine que les agriculteurs roumains se révoltent. Ils réclament
principalement des compensations pour les pertes provoquées par les importations
des céréales ukrainiennes, la remise en place des taxes douanières sur les produits d’origine ukrainienne, des prêts
à taux d’intérêt subventionné et la mise à jour des aides étatiques pour
l’achat du gasoil utilisé dans l’agriculture. Des protestations similaires ont
eu lieu également en Allemagne, où les fermiers se sont réunis à Berlin, mais
aussi dans d’autres villes d’Europe. Les fermiers européens réclament à l’unisson
des aides supplémentaires et une nouvelle politique agricole commune.
Les difficultés
auxquelles les fermiers se confrontent ont dominé récemment les débats de
l’Assemblée législative de Strasbourg. Le commissaire européen à l’Agriculture,
Janusz Wojciechowski, a déclaré que le principal problème reste la guerre en
Ukraine et ses effets négatifs. Et lui de préciser que ces deux dernières
années, les fermiers ont reçu des aides d’un montant total de 9 milliards
d’euros, dans le contexte où en 2021, le volume des importations de céréales
originaires d’Ukraine par l’UE était de seulement 16%, tandis qu’actuellement,
le volume est passé à 50%.
Aux dires du
commissaire à l’Agriculture, les fermiers se disent mécontents de la transition
vers une agriculture écologique imposée par la nouvelle PAC. Les eurodéputés de
tous les groupes parlementaires et de tous les pays affirment qu’une nouvelle
politique agricole commune s’avère nécessaire, en l’absence de laquelle la
survie des fermiers à long terme sera impossible. L’eurodéputé roumain, Daniel
Buda, considère qu’à l’heure où l’on parle, l’agriculture européenne est impactée
par l’inflation, la sécheresse, les inondations, la pénurie de la main d’œuvre
et la guerre en Ukraine. Elle a besoin, dit-il, de nouvelles ressources
financières.
Pour sa part, le
parlementaire européen, Dacian Ciolos, ancien commissaire à l’Agriculture,
actuellement membre du groupe Renew Europe, a critiqué l’Exécutif européen pour
son inaction. Dacian Ciolos:
Par son
inaction, la Commission risque de détruire les ambitions climatiques
parfaitement justifiées de l’Union européene, mais mises en place d’une manière
superficielle et dépourvue de vision. Nous sommes d’accord que nous avons
besoin d’une meilleure gestion des ressources naturelles, de la qualité du sol,
de l’eau et de la biodiversité. Nous sommes d’accord que nous devons soutenir
l’Ukraine dans ses efforts d’exporter son blé vers les régions qui en ont
besoin, mais cette démarche, nous devons la faire avec nos fermiers. Or, il
faudrait qu’ils bénéficient de plus de cohérence au moment où ils se voient
appeler à investir massivement et à court terme dans des technologies vertes.
Tout cela dans le contexte où ils ont déjà des couts de production très élevés
pour l’energie, les carburants, les engrais auxquels s’ajoutent les
fluctuations sur le marché.
L’eurodéputé
libéral, Siegfried Mureşan, rapporteur pour le budget européen en 2024, a quant
à lui affirmé que l’Union dispose d’une réserve de 450 millions d’euros pour faire
face aux situations imprévues dans l’agriculture. Or, ces dernières années, une
partie de cette somme, l’UE l’a déjà versée aux agriculteurs, pour les
soutenir.