Les évolutions économiques de Roumanie, sous la loupe
Dans un contexte politique tendu en Roumanie, la monnaie nationale ne cesse de se déprécier par rapport aux monnaies internationales.

Mihai Pelin, 08.05.2025, 12:41
Un niveau record pour l’euro
En Roumanie, l’euro a atteint ces jours-ci, un nouveau maximum historique. La Banque Nationale de Roumanie affichait mercredi un taux de change de 5,0991 lei pour un euro. C’est le deuxième jour consécutif que la monnaie nationale roumaine, le leu dépasse le seuil psychologique de 5 lei pour en euro, sur toile de fond d’une situation politique incertaine. Le Leu perd du terrain aussi face aux autres devises, alors que le prix d’un gramme d’or a connu aussi un nouveau niveau maximum dépassant les 487 lei. En revanche, la situation semble plus calme sur la Bourse. Pourtant, l’indice ROBOR qui sert à calculer les taux d’intérêt en monnaie nationale a connu une croissance significative avec un niveau record des deux dernières années de 6,47 % par an.
La Banque Centrale est intervenue sur les marchés des devises, pourtant la pression sur la monnaie nationale est très forte attire l’attention, l’analyste Dragoş Cabat :
« Le taux de change a été tenu sous contrôle par la Banque Nationale, ce lundi, mais mardi il a été constaté qu’un effort encore plus grand était nécessaire et donc ils ont laissé la monnaie suivre son cours. C’est possible que la Banque intervienne de nouveau dans quelques jours ou la semaine prochaine, afin de stabiliser un peu cette dépréciation du taux de change ».
Priorité absolue : les salaires et les pensions de retraites
Dans ce contexte, le ministère des Finances de Bucarest a demandé à toutes les institutions publiques se donner la priorité absolue, chaque mois, au paiement des pensions de retraite et des salaires soient. Signé par le ministre par intérim des Finances, Tánczos Barna, le document précise que toutes les autres dépenses seront acceptées uniquement après avoir couvert les obligations en matière de personnels et droits sociaux. Aux dires du ministre, la situation économique de la Roumanie est difficile, mais gérable. A son avis, l’économie roumaine est robuste et résiliente et elle pourra surmonter cette situation difficile.
Tánczos Barna : « Les évolutions de ces derniers jours ont été pratiquement causées par les élections du 4 mai. Ce que je peux vous dire dès le début, c’est que les réserves du ministère des Finances et de la Banque nationale de Roumanie peuvent rendre la situation gérable ».
Le ministre Tánczos Barna affirme aussi que le déficit budgétaire se trouve actuellement dans les paramètres normaux. À son avis, la Roumanie peut s’encadrer dans la cible d’un déficit de 7 % du PIB, à condition de réaliser les recettes prévues au budget de l’État.
Quant à la dépréciation de la monnaie nationale, ses effets seront à retrouver dans la croissance des crédits en devises, mais aussi dans la hausse des prix de différents produits et services tels le gaz, les combustibles ou encore la téléphonie et plus tard, dans une inflation à la hausse.
Une situation qui n’est pas inhabituelle
De l’avis de l’analyste économique Aurelian Dochia, cette situation sur les marchés financiers ne devrait pas être considérée comme un phénomène inhabituel, mais il ne faut pas non plus l’ignorer, bien au contraire.
Aurelian Dochia : « Certes, la Roumanie a des problèmes macro-économiques très sérieux, qu’il faut résoudre qui que ce soit à sa tête dans la période à suivre, tant au niveau de la présidence qu’au niveau du gouvernement. Et, bien évidemment, son principal problème est un déficit budgétaire très élevé ».
Dans un contexte plus large, on constate aussi un ralentissement de la croissance économique tant en Europe, qu’en Roumanie, tout comme des turbulences et des incertitudes concernant les restructurations à suivre dans le commerce international, conclut l’analyste Aurelian Dochia. (trad. Valentina Beleavski)