Les retombées économiques de l’élection présidentielle en Roumanie
L’instabilité sur la scène politique de Bucarest et le résultat du premier tour du scrutin présidentiel ont déjà des conséquences néfastes sur l’économie roumaine. Anlayse et prévisions.

Sorin Iordan, 07.05.2025, 14:08
Des turbulences politiques et économiques
Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle de Roumanie, remporté avec 40 % des suffrages par un candidat de l’extrême droite et le chaos sur la scène politique, causé par la démission du premier ministre social-démocrate, Marcel Ciolacu – tout cela a eu des influences immédiates sur la stabilité déjà précaire de l’économie nationale. Cette situation d’instabilité et incertitude a mis tout de suite son empreinte sur le taux de change et sur les évolutions des principaux indices de la Bourse des valeurs de Bucarest, ayant conduit à la majoration des taux d’intérêt auxquels l’Etat romain peut emprunter de l’argent. Bien que la Banque Nationale ait réussi, pour une période de temps assez longue, à maintenir un taux de change relativement stable du leu par rapport à l’euro, mardi sa valeur officielle avait atteint les 5,04 lei pour un euro. Le même jour, l’indice ROBOR pour trois mois, selon lequel est calculé le coût des crédits de la consommation en monnaie nationale à taux d’intérêt variable, a augmenté lui aussi de 5,9 % à 6,08 % par an. Il en va de même pour indice ROBOR pour six mois, utilisé dans le calcul des taux d’intérêt des crédits hypothécaires en monnaie nationale à taux d’intérêt variable, qui a augmenté, lui, de 0,16 %.
La Banque Centrale tente de garder de taux de change sous contrôle
Dans ce contexte, le porte-parole de la Banque Centrale, Dan Suciu, explique que, même si la dépréciation de la monnaie nationale roumaine par rapport à l’euro n’a pas dépassé les 2 %, cela n’est pas sans conséquences sur les coûts pour l’État roumain. Pourtant la Banque Centrale possède les ressources nécessaires pour garder la situation sous contrôle.
Dan Suciu : « Sans doute, le fait d’avoir dépassé le seuil des 5 lei pour un euro, cela engendre des soucis. Ce qui nous préoccupe vraiment, c’est le fait que nous traversons une période d’instabilité électorale et politique durant laquelle toute une série de questions auxquelles il fallait répondre au niveau politique, ne trouvent pas de réponse. Tout cela dans le contexte ou sur les marchés, on a des sorties de capitaux, de l’argent qui quitte le pays, et très peu d’entrées. Alors qu’auparavant la situation était inverse. Jusqu’à ce que cette situation n’est remédiée pour avoir un flux similaire, il est difficile de dire que le pays aura la stabilité d’un taux de change qu’il a connue jusqu’ici. La Banque Nationale a des ressources. Et oui, nous sommes confiants que nous pourrons trouver l’équilibre dont le taux de change et les taux d’intérêt ont besoin ».
La Bourse des Valeurs de Bucarest, à la baisse
Mardi, la Bourse des Valeurs de Bucarest avait continué ses tendances à la baisse, après que lundi, le lendemain de l’élection, les principaux indices avaient chuté de près de 3 % par rapport aux valeurs rapportées vendredi dernier. La démission du premier ministre ne fait qu’aggraver les inquiétudes concernant la situation économique du pays, estime à son tour, le commentateur politique Bogdan Chirieac, qui a aussi lancé un appel au calme :
Bogdan Chirieac : « Le principal problème de la Roumanie en ce moment est la situation économique et le fait que le premier ministre Marcel Ciolacu s’est pressé à démissionner. En fait, c’est la chose la plus grave qui aurait pu arriver. Je ne pense pourtant pas qu’il faille se soucier plus qu’au moment où Georgia Melloni a remporté l’élection en Italie, étant donné que maintenant la même Georgia Melloni est lien direct entre l’Union européenne et l’administration Trump. Attaquer la Roumanie en ce moment, cela est très nuisible, puisque si le pays cède d’un point de vue économique, et il y a des raisons de croire que ce risque existe, ce sera un problème pour l’ensemble de l’Union européenne et du flanc Est ».
Disons pour terminer que cette période d’incertitude et d’instabilité persistera au moins jusqu’au second tour décisif de l’élection présidentielle roumaine, prévu le 18 mai prochain. (trad. Valentina Beleavski)