L’Europe entre ouverture au dialogue et fermeté stratégique
L'UE est prête à négocier avec les États-Unis pour parvenir à un accord sur les droits de douane, mais elle prépare en même temps des mesures pour défendre ses intérêts.
Daniela Budu, 08.04.2025, 11:16
Alors que la menace d’une guerre commerciale transatlantique plane, l’Union européenne affirme privilégier la voie de la négociation avec les États-Unis. Elle poursuit toutefois, en parallèle, l’élaboration d’une première série de contre-mesures destinées à répondre à la nouvelle salve de droits de douane américains. Concernant la taxation généralisée de 20 % annoncée par le président Donald Trump sur les produits européens, et dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 9 avril, la Commission européenne propose un compromis sous la forme d’un accord de libre-échange à droits nuls. « Nous sommes prêts à négocier avec les États-Unis. En effet, nous avons proposé des droits de douane nuls réciproques sur les produits industriels, comme nous l’avons fait avec succès avec de nombreux autres partenaires commerciaux, car l’Europe est toujours prête à conclure un bon accord », a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission. Avant de prévenir : « Nous sommes également prêts à répondre par des contre-mesures et à défendre nos intérêts. »
Washington reste inflexible, Bruxelles s’organise
Depuis la Maison Blanche, Donald Trump a réagi en jugeant insuffisante l’offre européenne d’exemption mutuelle de droits de douane sur les produits industriels, y compris les automobiles. Selon lui, le déficit commercial américain vis-à-vis de l’Union « disparaîtra rapidement » grâce à une hausse des exportations d’énergie vers l’Europe. Dans ce climat tendu, Ursula von der Leyen a réaffirmé la volonté de l’Union de se prémunir contre les effets indirects de la politique douanière américaine, notamment les détournements de flux commerciaux. À cet effet, une « task force de surveillance des importations » sera mise en place. Elle aura pour mission d’évaluer les volumes historiques d’importations au sein de l’UE et d’identifier toute hausse soudaine affectant un produit ou un secteur spécifique, afin de déterminer si des mesures correctives doivent être envisagées. Pour la présidente de la Commission, ce sont d’abord les consommateurs et entreprises américains qui paieront le prix de ces droits de douane, mais leurs conséquences, prévient-elle, seront plus vastes : « un impact considérable sur l’économie mondiale », en particulier pour les pays en développement.
Riposte ciblée et stratégie de diversification
En parallèle de la poursuite du dialogue avec Washington, l’Union européenne entend élargir et diversifier ses partenariats commerciaux. « Nous nous concentrerons sur 83 % du commerce mondial au-delà des États-Unis », a déclaré Ursula von der Leyen. Dans cette optique, la Commission a présenté lundi un plan de riposte, avec l’introduction de droits de douane de 25 % sur une sélection de produits américains, en réponse aux mesures équivalentes prises par Washington sur l’acier et l’aluminium européens. La liste initiale incluait notamment le whisky bourbon, le vin et les produits laitiers, mais ces derniers ont été écartés après que Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 200 % sur les importations d’alcool européen. Les premières mesures européennes de rétorsion entreront en vigueur le 16 mai, avec une seconde vague de taxation prévue à partir du 1er décembre.