Le meilleur court-métrage roumain au Festival du film ANONIMUL
Au festival ANONIMUL, le prix du public a récompensé le court-métrage roumain « Antrenamentul de noapte/Entraînement nocturne » du réalisateur roumain Bogdan Alecsandru.
Corina Sabău, 30.09.2023, 10:30
Cette
année, au Festival international du film indépendant « ANONIMUL »,
accueilli par la petite commune de Sf. Gheorghe, dans le Delta du Danube, le
prix du public a été attribué au court-métrage roumain « Antrenamentul de
noapte/Entraînement nocturne » du réalisateur roumain Bogdan
Alecsandru. Sur les 100 courts-métrages de la sélection festivalière, le
critique de film Ionuţ Mareş en a choisi 12, dont quelques-uns étaient dus à
des noms connus du cinéma roumain. « Entraînement nocturne » avait
déjà été sélectionné parmi les meilleurs films roumains récents, projetés dans
le cadre des Journées du film roumain au Festival international du film
Transilvania (TIFF) de cette année.
Pour Bogdan Alecsandru, fraîchement diplômé
du programme de master de réalisation cinématographique de l’Université
nationale d’art théâtral et cinématographique (UNATC) « Ion Luca
Caragiale » de Bucarest, c’était sa deuxième présence dans la compétition
des courts-métrages du Festival ANONIMUL. L’année dernière, il y participait
avec son premier film, « Casa noastră/Notre maison ». Dans un
entretien après l’annonce du palmarès, Bogdan Alecsandru a parlé du sujet de
son film et des réactions du public : C’est la deuxième année que je participe à Anonimul, dans la compétition
réservée aux courts-métrages, et c’est aussi la deuxième année que ce festival
est très spécial et très spécifique. J’y ai rencontré des gens qui font leurs
réservations des mois à l’avance, puisque, tout le monde le sait, le festival a
lieu dans un endroit assez isolé. Il n’y a pas grand-chose à faire à Sf.
Gheorghe et ça c’est tout à fait extraordinaire, car les gens s’y rassemblent
pour regarder des films ensemble, d’où cette atmosphère très spéciale. Moi,
j’ai été » très content d’y être venu. Pour moi, il est très important
d’entrer en contact avec ce public très spécial et dédié, et, d’ailleurs,
l’attribution de ce prix du public, accordé aux jeunes réalisateurs, est le
résultat d’un vote aussi bien physique qu’en ligne. En ce qui me concerne, je
dirais que c’est une expérience formatrice. Chaque court-métrage bénéficie de
deux projections dans le cadre du festival. L’une d’entre elles est suivie
d’une séance de questions-réponses, qui est en fait l’unique occasion de
rencontrer directement le public. J’ai trouvé les réactions plutôt
enthousiastes et ça m’a réjoui, parce que mon but était de réaliser un film
assez amical avec les spectateurs, un film dont les éléments
« horror » et même « thriller » étaient des plus classiques
du genre. Je m’attendais donc à ce que le film plaise, mais je ne m’attendais
pas du tout à recevoir ce prix. Car, malgré son approche plutôt pop, il parle
d’un sujet assez sensible en Roumanie, qui est la relation entre deux personnes
du même sexe.
Bogdan
Alecsandru avoue son intérêt pour le cinéma queer, qui est encore une zone de
création de niche en Roumanie. Il dit aussi qu’il n’est pas pressé de débuter
dans le long-métrage, car il est toujours passionné par le genre court, qu’il
n’a pas suffisamment exploré : En Roumanie, on fait assez peu de cinéma queer, c’est-à-dire du cinéma
qui raconte des histoires construites autour de relations entre des personnes
du même sexe. Ce genre a toutefois déjà été abordé, mais le tout premier film
queer roumain est sorti assez tard, en 2006 – c’était « Les liaisons
maladives » de Tudor Giurgiu. Je crois qu’il en existe de très nombreuses
histoires qui n’ont pas été racontées du tout ou qui, certaines, ont été
racontées ces derniers temps, et moi, ce qui m’intéresse c’est de les mettre un
peu plus en lumière. Actuellement, je m’intéresse à cette zone du
court-métrage, que l’on peut, certes, considérée comme un exercice ou un
entraînement. Mais pour moi, le court-métrage est une espèce en soi, d’une
grande valeur, et c’est pourquoi je continuerai à l’explorer dans les années à
venir. Autrement dit, j’essaie, pour l’instant, d’éviter de réaliser des
courts-métrages qui puissent être pris pour des débuts ou des démos de futurs
longs-métrages. Je ne sais pas ce que je ferai plus tard… je suis encore jeune
et mes points d’intérêt changent assez vite. Parlant du cinéma roumain, il me
semble qu’il traverse un bon moment et au festival Anonimul, j’ai été heureux
de me retrouver dans une sélection majoritairement féminine. Beaucoup de ces
artistes sont aussi des amies et je me réjouis de leur parcours professionnels.
Je constate aussi avec plaisir la multiplication des films populaires et là je
pense aux films de type « Team-building », qui a enregistré un grand
nombre d’entrées, chose rare pour les productions roumaines. Ca me parait bien
parce que ça pourrait faire changer la perception du public roumain sur les
films autochtones, mais aussi les aspects commerciaux. Je crois qu’une
industrie fonctionnelle doit inclure les deux types de films, celui d’art et
celui populaire et commercial.
Sur
le générique du film « Entraînement nocturne » on peut lire les noms
des acteurs Andrei Giurgea, Tiberius Zavelea, Gabriel Spahiu, Marc Titieni,
Rareş Ularu, Horaţiu Băcilă, Vlad Tudoran, Robi Brage et Antonio-Daniel Petrică.
(Trad. Ileana Ţăroi)