Les résultats engrangés par le sommet de l’OTAN de La Haye
Le sommet de l’OTAN tenu à La Haye en juin 2025 a été dominé par les questions de budgets alloués à la défense, par la guerre en Ukraine et de son impact sur les décisions de l’Alliance atlantique. Bilan.
Corina Cristea, 12.09.2025, 11:00
Le sommet de l’OTAN tenu à La Haye en juin 2025 a été dominé par les questions de budgets alloués à la défense, par la guerre en Ukraine et de son impact sur les décisions de l’Alliance atlantique. « Les dépenses de défense des États membres de l’OTAN doivent augmenter, nous aurons besoin d’investissements plus importants dans nos missions militaires fondamentales, ainsi que d’investissements supplémentaires liés à la défense, y compris dans les infrastructures et la résilience », a déclaré le secrétaire général de l’Alliance lors de la réunion préparatoire au sommet en Turquie. Une position qui fait sens tant sur le plan économique que stratégique, a expliqué Mark Rutte, qui a salué les membres de l’OTAN pour avoir démontré leur engagement envers un partage équitable des charges. La majorité des alliés devraient atteindre l’objectif initial de consacrer 2 % du PIB à la défense cette année, et beaucoup ont déjà annoncé leur intention d’aller bien au-delà.
Les priorités
Quant aux priorités du sommet de La Haye, le professeur universitaire Stefan Ciochinaru, journaliste et analyste en politique étrangère, explique :
« La priorité principale du sommet s’est concentrée sur le soutien militaire à l’Ukraine, ainsi que l’a souligné le secrétaire général de l’Alliance, Mark Rutte. En pratique, les 32 États membres ont discuté du soutien continu à l’Ukraine et, pourquoi pas, de la manière d’éviter la répétition des échecs du passé. Comme l’a rappelé Rutte, il faut s’assurer que l’Ukraine, tant que le combat continue, reçoive tout le soutien collectif possible. Il a ajouté, d’ailleurs, que lorsque viendra le moment de la paix, que ce soit par un cessez-le-feu ou par un accord formel, celui-ci devrait être durable et soutenable. Il ne faut plus que se reproduisent les situations observées lors des précédents accords de Minsk. La deuxième grande priorité à l’ordre du jour du sommet concerne les budgets militaires et le réarmement. Les États membres de l’OTAN ont déjà considérablement augmenté leurs dépenses depuis le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine, en 2022, et des pays comme la Pologne et les États baltes visent d’ores et déjà un seuil de 5 % du PIB dans les années à venir. L’OTAN, composée de 32 pays, avec un PIB combiné de 50.000 milliards de dollars et des dépenses de défense en hausse constante, montre ainsi sa capacité de se défendre contre tout adversaire. »
Le rôle de l’Amérique de Donald Trump au sein de l’Alliance
Mais, ajoute le professeur Stefan Ciochinaru, le thème principal, peut-être non exprimé de manière explicite mais omniprésent, était le rôle de l’Amérique de Donald Trump au sein de l’Alliance :
« Il n’est pas un secret pour personne que les alliés se sont réunis à La Haye dans un contexte d’incertitudes croissantes quant à l’engagement des États-Unis envers l’OTAN sous la présidence de Donald Trump. Trump a été un critique constant des partenaires de l’OTAN et a déclaré qu’il ne protégerait pas les États qui ne respectaient pas les objectifs de dépenses en matière de défense, remettant ainsi directement en question le principe de défense collective de l’Alliance. Il a également accusé à plusieurs reprises les pays européens de ne pas contribuer équitablement aux besoins de défense de l’Alliance, tandis que son administration, qui supporte le poids principal, doit réorienter sa stratégie de l’Europe vers la région indopacifique. »
Un objectif commun d’augmentation des dépenses
Nous pouvons anticiper, selon le professeur universitaire Claudiu Degeratu, expert en sécurité militaire, un consensus croissant pour un objectif commun d’augmentation des dépenses, mais cela ne sera pas facile :
« Cela implique un engagement supplémentaire de dix ans, déjà pris en 2014, avec des aspects positifs et d’autres qui le sont moins. Cet engagement pour les dix prochaines années suppose non seulement un effort budgétaire en rapport avec les objectifs, mais surtout une orientation prioritaire vers la dissuasion, le renforcement du nouveau modèle de forces de l’OTAN, adopté l’an dernier, pour une présence renforcée. Bien sûr, certains aspects restent moins clairs, notamment l’implication de l’Alliance dans la manière dont le conflit en Ukraine devrait être réglé. Et il ne sera pas facile d’obtenir le consensus budgétaire dans la mesure où le message de l’administration Trump aux alliés européens concernant les intentions américaines vis-à-vis de la Russie n’est pas très clair. »
Pendant le sommet, deux événements majeurs ont eu lieu, révélant les priorités de ce rendez-vous : le Forum de l’industrie de défense de l’OTAN, sur le lieu même du sommet, ainsi qu’un événement emblématique de diplomatie publique, le Forum public de l’OTAN, où plusieurs chefs d’État et de gouvernement, ministres et experts de haut niveau en politique de sécurité internationale ont pris la parole. (Trad Ionut Jugureanu)