L’Europe – championne du réchauffement climatique
Les températures caniculaires, telles que celles enregistrées cette année, illustrent la multiplication et l'intensification des vagues de chaleur en Europe, une conséquence directe du réchauffement climatique, selon les scientifiques. Les données montrent que les incendies ont ravagé cette année plus d'un million d'hectares de terres dans l'UE, soit la plus grande superficie depuis le début des enregistrements officiels en 2006. Clin d’œil sur l’Europe, le continent qui se réchauffe plus vite que les autres.
Corina Cristea, 19.09.2025, 10:40
Les conséquences directes du réchauffement climatique
Les incendies ont ravagé, cette année, plus d’un million d’hectares de terres dans l’Union européenne, soit la plus grande superficie enregistrée depuis le début des relevés officiels en 2006. Aussi, plus de 38 millions de tonnes de dioxyde de carbone ont été émises dans l’atmosphère, a indiqué le Système européen d’information sur les feux de forêt de l’UE. Les conditions favorables à ces incendies sont apparues, expliquent les chercheurs, en raison d’une réduction de 14 % des précipitations hivernales alors que l’incidence des températures élevées durant l’été a augmenté de 13 %.
Tout cela, avertissent les scientifiques, est la conséquence directe du réchauffement climatique. Au-delà des pertes matérielles, un rapport détaillant l’impact de la chaleur extrême à l’échelle mondiale, publié en août par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies, montre que les températures extrêmes ont causé environ 489.000 décès liés à la chaleur tous les ans entre 2000 et 2019, dont 36 % de ces décès sont dénombrés en Europe.
Les pays doivent agir plus rapidement pour s’adapter aux changements climatiques
L’Organisation météorologique mondiale prévient que les pays doivent agir plus rapidement pour s’adapter aux changements climatiques et limiter le réchauffement planétaire, conformément à l’Accord de Paris de 2015. « La chaleur extrême est parfois appelée le tueur silencieux, mais avec la science, les données et les technologies dont nous disposons aujourd’hui, le silence n’est plus une excuse. Chaque décès causé par la chaleur extrême peut être évité », a déclaré la secrétaire générale adjointe de l’OMM, Ko Barrett. Aussi, l’organisation estime-telle que l’élargissement des systèmes d’alerte sanitaire liés à la chaleur dans seulement 57 pays pourrait sauver près de 100.000 vies par an. Ce n’est pas seulement un problème climatique, c’est une urgence de santé publique, soulignent les spécialistes. Les études et organismes scientifiques s’accordent sur l’augmentation de la fréquence des épisodes caniculaires en Europe – le continent qui se réchauffe le plus rapidement dans le monde, selon l’observatoire européen Copernicus. Une étude universitaire germano-roumaine, qui passe en revue les vagues de chaleur qui ont eu lieu entre 1921 et 2021, conclut qu’il existe « une augmentation significative de la fréquence des vagues de chaleur dans la plupart des régions d’Europe, et que cela s’est accélérée surtout au cours des trois dernières décennies ».
Invitée sur les ondes de Radio Roumanie, Roxana Bojariu, climatologue à l’Administration nationale de météorologie, a évoqué l’accélération des phénomènes météorologiques extrêmes liés aux changements climatiques en Roumanie, une situation qui s’inscrit dans les grandes tendances mondiales :
« Le nombre de jours avec des vagues de chaleur en Roumanie, notamment dans le sud et l’extrême ouest du pays, augmente d’année en année. Et, de manière générale, les températures montent à un rythme soutenu, plus fortement en été, puis en hiver. Les saisons de transition connaissent aussi ces tendances, mais elles sont moins marquées qu’en été. Ainsi, les vagues de chaleur sont déjà devenues plus fréquentes, plus intenses, de plus longue durée que dans les décennies précédentes, et elles commencent aussi plus tôt. »
2024, l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre
2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, et les mesures montrent que la période de douze mois allant d’août 2024 à juillet 2025 a été plus chaude de 1,53 °C par rapport aux niveaux préindustriels, dépassant ainsi le seuil de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris dans sa lutte contre le réchauffement climatique. La principale cause du changement climatique reste l’émission de gaz à effet de serre provenant de la combustion des énergies fossiles. Les données révèlent que l’Union européenne perd, à cause des risques climatiques, 6,4 % de sa production agricole annuelle, soit l’équivalent de 28 milliards d’euros – dont 17,4 milliards pour les cultures végétales et 10,9 milliards pour l’élevage. Sécheresses, gels, grêle et précipitations excessives sont responsables de 80 % des pertes agricoles liées au climat dans l’ensemble de l’Union européenne, la sécheresse demeurant le facteur principal, à l’origine de plus de la moitié de ces pertes. Dans un scénario idéal, les précipitations devraient survenir avec une certaine fréquence et intensité, ce qui n’est plus le cas. Elles surviennent trop souvent par épisodes de trop forte intensité.
Roxana Bojariu : « Le problème, c’est que l’intensité accrue des précipitations ne recharge pas efficacement les sols en eau, car ces volumes tombent en une très brève période et n’ont pas le temps de s’infiltrer. Une grande partie ruisselle en surface, provoquant même des problèmes d’érosion des sols, car ce ruissellement emporte aussi une partie de la terre fertile – ce qui est problématique. »
Entre-temps, si les objectifs liés au réchauffement climatique restent ambitieux, la réalité présente nous montre de plus en plus une tout autre réalité. (Trad Ionut Jugureanu)