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« Le manuscrit phanariote »

Certains historiens se plaisent à affirmer que l’histoire s’inscrit parmi les sciences exactes puisqu’elle parle de faits et d’événements datés pour la plupart. Pourtant, les années, les noms des protagonistes, les intrigues et les enjeux ne sont pas tout lorsqu’on évoque un événement historique. S’y ajoute l’ambiance de l’époque, les mœurs, les mentalités refaites pour la plupart dans des ouvrages littéraires d’inspiration historique. Les romans historiques jouent un rôle essentiel dans la présentation de telle ou telle période de notre passé.

« Le manuscrit phanariote »
« Le manuscrit phanariote »

, 19.10.2015, 14:09

Certains historiens se plaisent à affirmer que l’histoire s’inscrit parmi les sciences exactes puisqu’elle parle de faits et d’événements datés pour la plupart. Pourtant, les années, les noms des protagonistes, les intrigues et les enjeux ne sont pas tout lorsqu’on évoque un événement historique. S’y ajoute l’ambiance de l’époque, les mœurs, les mentalités refaites pour la plupart dans des ouvrages littéraires d’inspiration historique. Les romans historiques jouent un rôle essentiel dans la présentation de telle ou telle période de notre passé.

Selon Wikipedia, le roman historique s’efforce d’apparaître vraisemblable en regard de la vérité historique et l’auteur s’appuie généralement sur une importante documentation. C’est le cas de Doina Rusti dont le roman «Le manuscrit phanariote» enthousiasme dernièrement le public de Roumanie. Après avoir étudié des centaines de documents des années 1770 – 1830, la romancière se penche sur le destin d’un jeune venu dans la capitale pour faire fortune. Une histoire banale à première vue qui offre à son auteur l’occasion de refaire l’ambiance d’un Bucarest exotique peuplé de toute sorte de personnages parmi lesquels le prince Alexandru Moruzi qui a vécu entre 1750 et 1816.

Doina Rusti : « Moruzi m’intéressait vraiment. C’était un prince phanariote qui a mené une vie fort intéressante et qui nous a légué probablement le plus grand nombre de documents. D’origine grecque, marié à une Roumaine, Alexandru Moruzi a plusieurs fois régné en Valachie et en Moldavie. Moi, j’ai été fascinée d’apprendre qu’il dictait ses idées chaque jour, d’où le nombre impressionnant de documents qu’il a laissé derrière lui décrivant la vie à la cour des princes phanariotes. Moruzi a fini tragiquement: attrapé par les Turcs, il a été vendu comme esclave sur les galères. La figure de Moruzi domine tout mon roman. A un moment donné, j’ai abandonné un peu l’histoire du personnage principal pour me consacrer davantage à l’ombre de Moruzi qui plane sur la ville de Bucarest ».

Au début du XIXème siècle, Bucarest était une sorte de « Babel », de par le mélange de langues et de nations. Parmi les personnages du « Manuscrit phanariote » figure Delizorzo, un étranger établi au cœur de cette Babylone valaque, aux dires de Doina Rusti : « Nombre de Grecs qui sont venus ici étaient en fait Aroumains et Vlashi ou Mégléno-roumains, qui parlaient bien le roumain. Presque tous avaient des liens avec le monde roumain. D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’ils étaient venus ici. Un d’entre eux, Dositei Filiti, surnommé Delizorzo, allait remplacer le métropolite Filaret. Né d’un père grec et d’une mère albanaise, en fait mégleno-roumaine, Delizorzo était imbu de culture grecque. En ces temps-là, ce métissage était chose habituelle dans les Balkans de ces temps-là. Le surnom de Delizorzo, Dositei Filiti le doit aux Bucarestois. Je l’ai gardé tel quel dans mon roman, après moult efforts de le décrypter. C’était un nom sympa, moitié en turc, moitié en grec. En langue turque, « deli » veut dire « fou », mais dit avec sympathie : «Zorzo le folâtre». Comme « Zorzos » était un nom très répandu à travers les Balkans et que sa sonorité était tellement rigolote, les Roumains finissent par créer ce surnom. Extrêmement agité, Delizorzo était une sorte de professeur étourdi. »

Arrivé à Bucarest pour faire fortune, le jeune homme vit selon les mœurs du temps. L’écrivaine Doina Rusti a glissé dans la biographie de son héros l’expérience d’un autre personnage, contemporain de celui-ci : « Ce personnage, que j’ai trouvé dans un manuscrit, m’a étonnée par son histoire. Mégléno-roumain lui aussi, il arrive à Bucarest, la tête pleine de grands projets. Il affirme être Grec, donc étranger, mais se présente comme étant fils de Radu, un nom typiquement roumain. A cette époque-là, il était préférable de se déclarer Mégléno-roumain, plutôt que Grec, venu je ne sais d’où. Eh bien, le hasard veut qu’il devienne l’esclave du boyard Doicescu. C’est une histoire qui parle d’amour, de désespoir et d’esclavage. Dès qu’il arrive à Bucarest, Ion, le fils de Radu, est pris pour Leun, un personnage mentionné à plusieurs reprises par les documents de l’époque. Très probablement français, âgé de 17 ans, Leun était devenu valet du comte Hasatov, premier consul russe à Bucarest. Ce Léon que même Moruzi appelle Leun et qui avait pris la fuite en pleine nuit, était recherché par la police. Comme le prince lui-même avait ordonné de mettre la main sur « ce sale Leun », on peut se demander qui il était et pour quelle raison les policiers étaient sur ses traces. On savait qu’il était vêtu d’habits verts et assez indécents, à en juger d’après ses pantalons serrés, à l’allemande et ses cheveux attachés en queue de cheval. Finalement, je suis tombée sur un document où l’on expliquait les faits. Même Moruzi avait dit qu’une fois attrapé, Leun devait se présenter chez un grand commerçant dont la fille l’attendait pour l’épouser. Difficile à comprendre pourquoi un domestique se serait enfui et aurait refusé une proposition si honorable. Bref, tout le monde recherchait Leun pour ce mariage arrangé. Moi, je me suis inspirée de tous ces document réels pour imaginer l’histoire de mon personnage, Ion, le fils de Radu. Lequel vient à Bucarest pour faire fortune, car, à ses 17 ans, il n’avait guère envie de rejoindre l’armée du général Lambros, libératrice de la Grèce. Il voulait tout simplement profiter de sa jeunesse. »

Il arrive que les documents historiques soient tout aussi confus que la réalité dont ils parlent. Même cas de figure pour les écrits littéraires, qui racontent des histoires, sujettes à interprétation et bien des fois fictives. (Trad. Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)

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