Les châteaux de Roumanie
Aujourd’hui nous passons la porte des châteaux moyenâgeux les plus imposants de Roumanie, qui ne sont pas uniquement de simples bâtisses en pierre, mais de véritables témoignages d’une autre époque.
Daniel Onea, 11.12.2025, 09:34
Les chateaux de Peles et Pelisor, à Sinaia
Nous commençons par une incursion dans la Valée de la Prahova, dans sud de la Roumanie pour visiter le domaine royal de Peles, une série de bâtiments d’une valeur architecturale inestimable. Le château de Peles, bâti au style de la Renaissance allemande, a été la résidence d’été du Roi Carol Ier (prince régnant du 10 mai 1866 au 10 mai 1881, et roi du 10 mai 1881 au 10 octobre 1914). Une visite à Peles ne se limite pas uniquement aux salons fastueux, mais elle inclut aussi des salles qui ont été fermées au public.
Paul Popa, directeur du Centre national d’information et de promotion touristique de Sinaia, présente le circuit de visite du palais de Peles:
« Ceux qui aimeraient découvrir toute l’histoire du château peuvent le visiter du rez-de-chaussée au grenier. Celui-ci a été fermé ces 47 dernières années pour différentes raisons et n’a jamais été ouvert au grand public. Vous aurez l’occasion de voir des objets uniques, un lieu un peu différent du reste du château, un peu plus intime dans lequel les filles et les dames d’honneur des reines de Roumanie passaient leur temps. Enfant, le roi Michel y a également possédé un appartement. La salle de dessin existe encore. Elle accueillait les cours de dessin du roi, de la reine et de leurs amis proches. »
Sur le même domaine, les visiteurs peuvent aussi admirer le Château Pelișor, un édifice plus petit, mais d’une beauté à part, une résidence des princes héritiers Ferdinand et Marie. C’est une transition stylistique surprenante, une expression claire de la vision artistique de la reine Marie qui a transformé l’espace en un véritable chef d’œuvre d’Art Nouveau.
« Le château Pelișor demeure inchangé. La reine Marie a embrassé le style Art Nouveau et a mis son empreinte sur le château. Même si à l’extérieur il ressemble un peu au château de Peles, à l’intérieur c’est une toute autre histoire. C’est l’unique château Art Nouveau intégral de Roumanie. Le cœur de la reine a été déposé dans la salle qu’elle a aimée le plus et qu’elle a intégralement conçue : le salon d’or du Château de Pelisor. Elle est recouverte des drapeaux de la Roumanie et du Royaume Uni, honorant ses origines britanniques. La visite du château de Pelisor changera l’image que les visiteurs se font en voyageant de la Renaissance allemande et jusqu’à l’Art Nouveau, par une multitude de styles et d’époques. »
Au château de Bran
Notre voyage se poursuit vers le centre de la Roumanie et plus précisément au château de Bran, un des sites touristiques les plus prisés du pays. Même s’il est le plus souvent associé au mythe de Dracula, son histoire réel est beaucoup plus riche et implique chevaliers teutons, voïévodes et la reine Marie de Roumanie (née le 29 octobre 1875 à Eastwell Park, Ashford, Kent en Angleterre et décédée le 18 juillet 1938 au château de Pelisor, à Sinaia, Royaume de Roumanie). Le château a bénéficié au fil des années d’investissements pour améliorer l’expérience des visiteurs.
Alexandru Priscu, directeur marketing, explique les efforts constants déployés pour développer le domaine :
« Je ne crois pas que depuis 2009 et jusqu’à nos jours, une seule année soit passée sans démarrer des projets visant à développer le domaine de Bran. Certaines années, plusieurs projets ont même eu lieu simultanément. Certains sont ou ont été moins visibles au grand public. Je pense notamment à la restauration du toit du château. Peut-être que la rénovation de la façade sud a été un peu plus visible pour le public. D’autres ont aussi eu un impact visible, c’est le cas du « tunnel du temps » par exemple. Sans oublier le circuit touristique de l’ascenseur qui descend de la cour intérieure, soit du rez-de-chaussée du château et jusqu’au parc royal. C’est un parcours de 34 mètres taillé dans la pierre. Puis la restauration de la maison de thé et son inclusion dans le circuit touristique ainsi que la restauration de la Maison de l’administrateur. Notons aussi l’exposition « Une histoire des épouvantails de Transylvanie », qui a même été inaugurée en 2020 durant les mois de confinement de la pandémie de covid et qui a transformé le 4e étage du château en une ample exposition, dans laquelle des personnages de la mythologie roumaine sont présentés au public. Pendant de longues années, le château de Bran a été l’unique site touristique, l’unique musée ouvert sept jours sur sept, sans aucune exception. Il est ouvert aussi le jour de Noël et de la Saint Sylvestre ».
Le château des Corvin, à Hunedoara
Enfin nous nous dirigeons vers l’ouest de la Transylvanie, dans la département de Hunedoara pour admirer le château des Corvin, un des châteaux moyenâgeux les plus beaux au monde. C’est une construction imposante, avec des bastions, des tours et une cour impressionnante. C’est aussi une véritable incursion dans la vie médiévale. Les touristes peuvent explorer des structures de défense et des éléments de décor d’une très grande valeur, mais aussi des régions qui préservent la mémoire d’histoires transmises à travers les siècles.
Sorin Tincu, directeur du musée du Château des Corvin nous fournit davantage de détails :
« Les visiteurs arrivent au château par la fontaine du monument, pour y découvrir une légende très connue. Elle raconte la construction de la fontaine par trois prisonniers turcs qui ont œuvré pendant 15 ans creusant le puit dans le calcaire dolomitique pour atteindre la nappe phréatique. Mais à la fin du chantier, leur dernier désir, celui d’être mis en liberté n’a pas été respecté, et ils ont été tous exécutés. La légende raconte que l’un d’entre eux a écrit sur les murs du château : « Tu as de l’eau, mais tu n’as pas de cœur ». Depuis la fontaine, les touristes peuvent visiter le lapidaire gothique, où peut être admirée une série de pièces gothiques, enlevées des murs du château durant les travaux de restauration des 19e et 20e siècles pour arriver ensuite à la Terrasse d’artillerie ou Bastion des munitions, une autre construction du 17e siècle, ainsi que le Trou des Ours. Il s’agit d’une cour du château, qui a une légende ensanglantée selon laquelle elle accueillait jadis des ours à qui l’on jetait les prisonniers emmenés au château pour servir de nourriture aux bêtes. »
Ces fortifications ne sont pas uniquement des destinations touristiques inoubliables, mais aussi de véritables leçons d’histoire et des témoignages d’époques fascinantes, invitant à l’exploration et à la découverte. (trad. Alex Diaconescu)