Pollution et éducation à l’environnent
Les citoyens ressentent l’air toxique de leur ville particulièrement aux heures de pointe et, bien évidemment, certains endroits sont beaucoup plus pollués que les autres. Récemment, dans une analyse de la qualité de l’air faite en 2021 et 2022, l’ONG environnementale Ecopolis a confirmé ce que les habitants de Bucarest sentaient depuis longtemps déjà. L’étude a été fondée sur des données provenant de deux sources. D’une part, il s’agit de la plateforme Aerlive.ro, qui réunit plus de 50 senseurs indépendants disposés à travers Bucarest et dans le département d’Ilfov. D’autre part, Ecopolis a utilisé les rapports mis à sa disposition par le Réseau National de Surveillance de la Qualité de l’Air (partie du Ministère de l’Environnement).Oana Neneciu, coordinatrice de la plateforme aerlive.ro, explique que c’est autour des écoles que la pollution est la plus accentuée : « Plus de 27 écoles ont été surveillées durant plus d’un an. On a enregistré dans la proximité de toutes les institutions des valeurs inquiétantes des particules polluantes en suspension PM10 et PM2,5. Il y a eu des écoles où on a enregistré même des valeurs 5 fois plus élevées que celles maximales admises pour la protection de la santé humaine. C’est à cause de cette situation qu’on surveille les écoles avec davantage d’attention. Les enfants sont les plus vulnérables face à la qualité de l’air. Ils inhalent la plus grande quantité de poussière, car ils sont les plus proches du sol, étant plus petits. Donc ils sont les premiers qui inspirent la poussière se levant du sol. Leurs poumons se développent jusqu’à l’âge de 8-9 ans. Alors, cet air, plein de particules fines de poussière, arrive dans leurs poumons, où les particules restent et compromettent leur développement physiologique. Les enfants sont affectés par la pollution et pas seulement d’un point de vue neurologique. Par exemple, on peut observer chez les enfants de nombreux cas d’asthme ou d’allergies, ce qui nous inquiète particulièrement ».
Christine Leșcu, 07.12.2022, 14:06
La situation des écoles situées dans les régions les plus pollués en est la plus grave. Outre le niveau de contamination généralement haut, au cours des dernières années, quelques quartiers périphériques se confrontent avec le phénomène d’incinération des déchets dans les régions rurales qui entourent Bucarest. Oana Neneciu nous offre plus de détails : « Les régions généralement très affectées par la pollution de l’air sont celles les plus affectées par l’incinération des déchets à l’extérieur de la Capitale, notamment les quartiers de Rahova, Ferentari ou Giulești du 5e arrondissement, ou bien la région nord-ouest. On pense que la région sud de la Capitale, notamment la zone de Popești-Leordeni, qui est très polluée, est aussi affectée par ces feux. De plus, le centre de Bucarest est une zone contaminée principalement à cause du trafic. Il faut ajouter qu’à l’intérieur de la ville les sources de poussière sont un peu différentes. Il s’agit d’une salubrité défectueuse et des chantiers en travaux qui ne respectent pas les normes de construction. Ainsi, on enregistre de grandes quantités de poussière dans le centre-ville ».
Cette poussière est aussi une conséquence des services précaires de salubrité en ville. Peut-être l’esprit civique devrait-il dénoncer cet état de choses, mais il s’avère souvent trop faible ou bien la coopération avec les autorités s’avère souvent difficile. Parmi les voix qui essaient quand même de se faire entendre, on a remarqué l’association « Grow up, Romania », qui a mis sur pied un projet en partenariat avec la mairie de la capitale. Leur destinataire : les élèves. Leur objectif : donner aux enfants les instruments civiques nécessaires pour pouvoir mieux protéger l’environnement. Les enseignants sont eux aussi invités à participer, surtout que la pollution est plus accentuée autour des écoles. Tout cela, afin d’éveiller les consciences et faire diminuer la pollution, affirme Dana Ostacie, représentante de l’association « Grow up, Romania », qui nous présente plus en détail ce projet : « Il s’agit d’une trousse d’exploration urbaine et d’éducation civique. Nous l’avons intitulée « Je prends soin de ma ville ». Concrètement, c’est une boîte contenant 30 cartes avec des informations et des activités ciblées sur la nature, la communauté, le quartier ou encore les normes de circulation routière. Nous tentons de survoler autant de sujets que possible, des sujets qui intéressent les enfants et qui les aideront à mieux comprendre leur ville, à l’aimer et aussi à apprendre dès le plus jeune âge les normes d’une vie au sein d’une communauté, le tout – par le jeu. C’est pourquoi, chaque carte a sur le recto une petite info introductive sur un certain sujet et sur le verso – une activité à faire soit en compagnie des parents, soit en classe, soit entre amis, soit en ville en explorant son quartier. Nous les encourageons ainsi à se balader dans les rues en leur proposant des jeux amusants. Nous leurs montrons comment il faut se comporter dans les espaces publics, sur les aires de jeux, dans les salles d’attente. En quelque sorte, nous essayons de reprendre les conseils des enseignants et des partent, mais d’une manière ludique. »
Grace au financement offert par la Municipalité de Bucarest, 1500 telles trousses ont été distribuées dans les 24 écoles de la capitale dans le cadre de ce projet pilote. En classe, les enfants ont discuté des manières de mieux protéger l’environnement : recycler, ne pas jeter des ordures dans la rue, faire le tri sélectif etc. Ils ont dessiné leur rue ou construit leur cartier en carton. Pour les petits, les parents et les enseignants en égale mesure, ce fut une excellente occasion d’explorer leur quartier et de stimuler leur esprit civique et communautaire, se félicite Dana Ostacie : « Au moment où l’on se sent appartenir à un endroit et que cet endroit est son chez soi, on veut d’autant plus en prendre soin. Alors, nous voulons élargir la notion de « chez soi » à son quartier. Nous visons les enfants âgés de 4 à 10 ans et implicitement les adultes qui les accompagnent, justement parce que nous les encourageons à faire ces activités ensemble. C’est aussi une bonne occasion de se connecter les uns aux autres ou tout simplement avoir des choses à faire lorsque l’on sort se promener en ville. Toutes les idées sont réunies sur notre site growupromania.ro et sur notre page Facebook. Puis, la trousse leur offrira aussi un formulaire pour nous donner un retour sur les activités, pour savoir comment ils ont utilisé nos cartes de jeu, ce qu’ils aimeraient améliorer ou comment on peut rendre ce jeu encore plus utile. »
Le projet-pilote dont l’initiative « Je prends soin de ma ville » est maintenant terminée. Mais l’association « Grow up, Romania » a l’intention de le continuer espérant qu’à l’avenir, les enfants de Bucarest grandiront dans une capitale moins polluée et où l’esprit civique est plus fort. (Trad. Andra Juganaru, Valentina Beleavski)