Le courrier des auditeurs de RRI du 19.09.2025

Alex répond à vos questions et messages...

Alex Diaconescu, 19.09.2025, 15:54

Bonjour à toutes et à tous et soyez les bienvenus à une nouvelle édition du Courrier des auditeurs de RRI que je suis très heureux d’animer à nouveau. Comment allez-vous ? Comment vivez-vous l’automne chez vous ? En Roumanie, le temps a été assez doux jusqu’ici, avec des températures toujours estivales le jour, un peu plus basses durant la nuit. A l’exception de quelques jours pluvieux, ce mois de septembre a été un quatrième mois de l’été. Malheureusement, les vacances d’été sont terminées et les Roumains – grands et petits – sont revenus au travail et respectivement à l’école. Les sujets d’actualité s’accumulent aussi. Chaque jour, il y a en un qui provoque plein de débats et de commentaires. L’incursion d’un drone russe en Dobroudja, l’adoption des mesures d’austérité, suivie par les protestations des enseignants et des fonctionnaires, un incident raciste et la poursuite en Justice de l’ancien candidat aux élections présidentielles roumaines, Calin Georgescu, pour des faits très graves – autant de sujets qui ont dominé l’actualité roumaine en ce début d’automne. Et les débats se poursuivront sans nul doute dans les semaines à venir, puisqu’en Roumanie l’actualité est très compliquée.

QSL des mois mars et avril

Et je commence ce Courrier des auditeurs en vous présentant un des nouveaux QSLs électroniques que nous proposons cette année. Pour les mois de mars et d’avril nous continuons notre incursion dans le Géoparc des Dinosaures de la contrée de Hațeg, pour vous faire découvrir les œufs de dinosaures fossilisés, une des attractions les plus précieuses et les plus spectaculaires. Ces fossiles sont le fruit de recherches paléontologiques menées dans la région depuis plus d’un siècle et offrent aux visiteurs un lien direct avec la vie d’il y a environ 70 millions d’années, au Crétacé supérieur. Les œufs fossilisés sont exposés dans la Maison du Géoparc de Hațeg, ainsi que dans les maisons thématiques du réseau des Géoparcs. Les expositions sont accompagnées de panneaux explicatifs, de reconstitutions en 3D et de supports multimédias interactifs. Les visiteurs peuvent y admirer des œufs individuels et des nids fossilisés entiers, qui illustrent le comportement de nidification des dinosaures. Cette partie de l’exposition met en lumière le caractère unique des dinosaures nains de Hațeg, qui se sont adaptés aux conditions de vie sur l’ancienne île de Hațeg. Les œufs fossilisés constituent non seulement une preuve scientifique, mais aussi des outils pédagogiques qui fascinent petits et grands.  Vous allez les découvrir si vous suivez nos programmes aux mois de mars et d’avril sur la carte QSL qui récompensera vos rapports pour ces deux mois.

Christian Ghibaudo – rentrée scolaire, impact de la guerre en Ukraine, mesures d’austérité et mécontentement

Et je commence à répondre à vos messages et questions par le mail que nous a envoyé notre ami auditeur Christian Ghibaudo de France que je salue à cette occasion. Je vais citer quelques fragments de votre mail. « Le temps passe très vite, nous sommes arrivés à la rentrée scolaire et bientôt l’automne sera là. La rentrée scolaire s’est elle bien passée, avez vous comme en France, des postes d’enseignants qui n’ont pas été pourvus, faute de candidats ? Ici les médias disent qu’il manque 5000 enseignants, donc des élèves n’auront pas certains cours. Vous nous dites, que la Roumanie a eu une croissance assez modeste pendant ces 6 mois de 2025.  Il faut espérer que les mesures économiques de ces derniers mois, n’entraineront pas une récession. En France, la colère monte parmi une partie de la population, déstabilisant l’ordre public. La Guerre en Ukraine a fortement impacté les économies de certains pays européens, pas tous, certains s’en sortent mieux grâce à cette guerre.  Mais la Roumanie qui a accueilli beaucoup de réfugiés est impactée. » M Ghibaudo, je vous remercie pour ce message et pour votre fidélité. En réaction à votre mail, je souligne une fois de plus que la Roumanie est un pays assez compliqué et que le problème qui nous donne du fil à retordre aujourd’hui peut s’avérer un simple détail demain, lorsque d’autres problèmes encore plus graves pourraient intervenir. Rien qu’un exemple : le manque d’enseignants dans le système d’enseignement. Selon un récent rapport de l’Organisation de coopération et développement économique, cité par la presse roumaine, la Roumanie manque plus de 3 800 enseignants, surtout dans le cycle secondaire, donc au collège. Ce sont notamment les matières scientifiques qui sont confrontées à ce déficit d’enseignants : mathématiques, physique, technologies de l’information. Et pourtant, parmi les mesures de redressement budgétaire adoptées cet été par le gouvernement de Bucarest figure l’introduction de deux heures de cours supplémentaires au programme hebdomadaire des professeurs. Selon les syndicalistes, cette mesure aura comme effet l’élimination de quelque 15 000 postes d’enseignants. Entre temps, le ministre de l’Education nationale, Daniel David affirme que même avec ces deux heures de cours supplémentaires, le programme des professeurs roumains s’inscrit toujours dans la moyenne européenne. Par ailleurs, l’impact de la guerre en Ukraine sur la Roumanie fait également l’objet de débats dans la société roumaine. D’abord, notons que la Roumanie a accueilli très peu de réfugiés ukrainiens – leur nombre a toujours tourné autour des 100 000, puisque la vaste majorité des Ukrainiens ayant fui la guerre a seulement transité notre pays. Et les aides accordées aux réfugiés ont également été assurées par l’Union européenne. En chiffres nets, l’aide militaire et humanitaire que la Roumanie a offerte à l’Ukraine depuis le déclenchement de la guerre s’est chiffrée à 1,12 milliards d’euros, soit 0,42 % de son PIB. Certes, sur toile de fond de la guerre, la crise énergétique n’a fait qu’empirer, menant à la majoration des tarifs. Pourtant, cette même guerre a également été une opportunité pour la Roumanie, qui a commencé ainsi à revigorer son industrie de l’armement et ses infrastructures portuaires. Et puis, au sujet de l’utilisation des ondes courtes, M Ghibaudo, vous constatez correctement que RRI « est l’une des dernières stations européennes à continuer à émettre en ondes courtes, pour toutes ses émissions. » Vous poursuivez : « En continuant les ondes courtes, RRI contribue à financer une partie des activités de RadioCom, la société propriétaire des émetteurs.  En cas d’arrêt complet, qui financera l’entretien des émetteurs et que deviendront les salariés ? Sans parler, qu’avec ses propres émetteurs, RRI s’assure de son indépendance. S’il y a une coupure d’Internet, RRI pourra toujours être en ondes, au moins pour un lien avec la diaspora. Mais, il faudrait savoir, qui écoute encore les ondes courtes, j’imagine que maintenant la totalité des messages que vous recevez, est par courrier électronique ? Donc ces personnes sont en capacité de vous écouter sur Internet. Dans un prochain avenir, si la situation économique ne s’arrange pas, si on demande encore des économies à RRI. Il faudra seulement conserver une seule diffusion en ondes courtes, vers l’Afrique et une en DRM. Car l’essentiel, n’est pas d’émettre en ondes courtes, mais d’avoir une émission quotidienne en français. Personnellement c’est ça qui m’intéresse. » Pour l’instant, M Ghidaudo la diffusion sur les ondes n’a pas été périclitée par les mesures d’austérité du gouvernement. Et comme vous l’avez compris, le maintien des ondes courtes est une décision stratégique qui échappe pour l’instant aux contraintes économiques. Et d’ailleurs, la radio publique roumaine maintient un nombre important de fréquences radio justement pour pouvoir émettre en cas de crise et de coupure d’Internet.

Philippe Marsan – mouvements sociaux 

Et si je viens de mentionner les mesures d’austérité du gouvernement je cite le message que nous a envoyé notre auditeur Philippe Marsan de France. A la fin d’un rapport d’écoute très détaillé, pour lequel nous vous remercions, vous écrivez : «  Une question : Mesures d’austérité, inflation, coupes budgétaires, voilà ce qui nous attend en France dès ce mois de septembre. Des mouvements sociaux sont annoncés, grèves, manifestations, protestations dès le 10 septembre. Qu’en est-il en Roumanie où les mesures prises ne semblent pas populaires non plus ? Y aura t il des mouvements de protestation ? du mécontentement ? des manifestations ? Les roumains sont ils en colère ? Merci pour la réponse. » Eh bien, comme nous l’avons expliqué dans nos émissions d’informations, le gouvernement de la coalition qui rassemble quatre partis et le groupe des minorités nationales a adopté, par le mécanisme de l’engagement de sa responsabilité devant au Législatif, deux paquets de mesures dites « de redressement » visant d’un côté à augmenter les recettes budgétaires et de l’autre à baisser les dépenses. Et je ne crois pas qu’il existe une société démocratique contemporaine où des mesures d’austérité pourraient être appliquées sans provoquer le mécontentement de la population. Nous avons passé en revue en grande partie les mesures d’austérité récemment introduites et la réaction des syndicats qui ont protesté périodiquement à Bucarest, devant les sièges du Gouvernement et du Parlement. Des manifs ont été organisées cet été par les salariés des secteurs les plus impactés : l’administration publique et les enseignants. D’ailleurs une protestation inédite a eu lieu le 8 septembre, le jour de la rentrée scolaire, lorsque dans bon nombre d’établissements scolaires, aucune festivité relative à la rentrée des classes n’a été organisée. En échange, beaucoup d’enseignants ont choisi de participer à des protestations. Pourtant, ces deux groupes de salariés de l’Etat n’ont pas bénéficié d’un ample soutien de la part de la population. Ceux qui travaillent dans le secteur privé, les entrepreneurs et freelance, tous frappés par le passé par l’augmentation des taxes et impôts, considéraient déjà que les travailleurs  secteur public devraient eux-aussi partager le fardeau de la réduction du déficit budgétaire. L’introduction de deux heures supplémentaires au programme hebdomadaire des enseignants, donc deux heures non-rémunérées, a certes causé le mécontentement des enseignants, mais beaucoup de Roumains considèrent que c’est un effort nécessaire par ces temps de difficultés économiques. Entre temps, les étudiants annoncent aussi des protestations à travers le pays, le 29 septembre, juste avant la rentrée universitaire, pour dénoncer à leur tour les mesures d’austérité dont ils font l’objet, c’est-à-dire la réduction du fonds alloué aux bourses d’étude et la suppression du rabais de 90 % au transport ferroviaire pour les étudiants. Et les différents autres syndicats menacent de poursuivre les manifestations et cette fin d’année. Pourtant,  en Roumanie, ce genre de protestations de rue n’aura jamais l’ampleur de grèves et des manifs organisées par les syndicats en France par exemple.

Et c’est sur ce sujet que je termine ce courrier des auditeurs de RRI. Merci de l’avoir suivi. A très bientôt !