Le pèlerinage de Saint Démètre Basarabov
Après le pèlerinage organisé chaque année à Iasi, à l’occasion de la fête de la Saint Parascève, les chrétiens orthodoxes ont l’occasion de célébrer à nouveau une fête importante, celle du protecteur de la capitale Bucarest. Nous vous invitons donc à découvrir les origines de cette nouvelle célébration.
Andra Juganaru, 25.10.2025, 10:15
Saint Démètre le Nouveau, protecteur de Bucarest, est célébré le 27 octobre. Aussi connu sous le nom de Basarabov, son village natal situé sur les rives du Lom, un affluent du Danube, près de la ville de Russe, ce moine vécu au 13e siècle, durant l’Empire roumano-bulgare, dirigé par les frères Petru et Asan, dans le sud du Danube, sur l’actuel territoire bulgare.
Il était avant tout berger. Il est ensuite devenu moine, vivant dans une grotte près de son village natal. Suivant le modèle déjà connu à l’époque des moines, lui aussi s’est consacré au jeûne, à la prière et aux veillées. Selon les premiers récits hagiographiques qui lui ont été consacrés, son mode de vie singulier lui permit de recevoir de Dieu la grâce d’accomplir des miracles. Selon les mêmes récits, il connut à l’avance l’heure de sa mort, choisissant le lieu de son enterrement entre deux pierres recouvertes par les eaux de la rivière Lom. L’histoire fait aussi mention d’un enfant malade à qui fut révélé le lieu des reliques de Démètre : le moine pieux luiapparut en rêve en lui promettant la guérison si les parents de l’enfant sortaient son corps des eaux. L’histoire se poursuit en mentionnant un rayon de lumière qui apparut à l’endroit où les reliques avaient été découvertes, laissant croire qu’un trésor y était caché. Suivant les conseils de l’enfant, les parents fouillèrent les lieux et trouvèrent dans l’eau les reliques de Démètre couvertes de boue, scintillant comme l’or. Selon les récits, le corps, miraculeusement préservé, fut transporté au village de Basarabov.
Le périple des reliques
De 1769 à 1774, pendant la guerre opposant la Russie à l’Empire ottoman, les Russes ont occupé plusieurs villages de la Bulgarie actuelle, y compris Basarabov. Ainsi, le général russe Ivan Saltîkov eut l’intention d’envoyer les reliques en Russie. Pourtant, plusieurs Roumains firent des démarches pour les envoyer en Valachie. Un riche marchand d’origine macédonienne-roumaine, Hagi Dimitri, ainsi que le métropolite Grigori de Valachie insistèrent pour qu’elles soient offertes au peuple roumain en guise de compensation pour les souffrances endurées pendant la guerre. Les reliques ont donc été emportées avec grand respect et honneur pour être conservées dans ce qui est aujourd’hui la cathédrale patriarcale de Bucarest le 13 juillet 1774. Le général Saltîkov prit la main droite du saint et la fit envoyer à Kiev, où elle est toujours conservée à Lavra Pecerska, un complexe de monastères célèbre, fondé au cours du 11e siècle par le moine Antoine de Kiev. C’est ainsi que le métropolite Filaret II (1792-1793) proclama Saint Démètre le protecteur de la ville de Bucarest.
Pendant la première guerre mondiale, pendant la nuit de 17 février en 1918, lorsque Bucarest se trouvait sous l’occupation allemande et la Bulgarie était alliée des forces Allemandes, 20 soldats bulgares ont volé les reliques du Saint Démètre pour les emporter en Bulgarie. Le métropolite a alors demandé de l’aide à l’armée allemande. Le commandant allemand a retrouvé les reliques, qui avaient été volées à l’aide d’une automobile et ensuite transférées dans un charriot avant de passer la frontière en Bulgarie. Les reliques ont été placées dans une église de Giurgiu, gardées par des soldats pour être ensuite retournées à Bucarest.
Les processions avec les reliques
Les reliques ont été portées en plusieurs processions au cours des événements importants qui avaient lieu à Bucarest. Par exemple, durant l’épidémie de peste, qui a éclaté de 1813 à 1814 le deuxième jour du règne de Caragea, épidémie qui a décimé la moitié des habitants de Bucarest et environ 70000 personnes dans tout le pays, une première procession a eu lieu à travers la ville. Le lieutenant-colonel DimitriePapazoglu décrit l’événement, en précisant que la peste s’est achevée grâce à l’aide de Saint Démètre.
En 1827, lors d’une terrible sécheresse, le métropolite roumain, accompagné de plusieurs prêtres, a organisé une procession avec les reliques du Saint Démètre. Selon les descriptions de l’époque, ce jour-là, une pluie torrentielle s’est déclenchée, sauvant la ville de la famine. L’intercession du Saint Démètre est aussi mentionnée au sujet de l’épidémie de choléra de 1831, alors que le gouverneur de la Valachie était le général Pavel Kiseleff. Avant de clôturer notre rubrique, précisons aussi que le Synode de l’Eglise orthodoxe roumaine, par la voix du Patriarche Justinien Marina compte tenu du respect particulier accordé à saint Démètre, notamment à Bucarest, a décidé en 1950 d’étendre sa vénération partoutdans le pays et de le reconnaître comme saint patron de la capitale de la Roumanie.