Şurdeşti
Aujourd'hui nous nous rendons à Şurdeşti, un lieu où la beauté de la nature n’a d’autre rival qu'une monumentale église en bois.
Ana-Maria Cononovici et Eugen Cojocariu, 10.10.2025, 09:41
Au Maramures, à l’endroit précis, dominé par les monts Gutâi, où se croisent les routes menant aux villes de Baia Sprie et de Cavnic, un joli village surprend le regard du voyageur avec ses maisons éparpillées sur les collines entourées de montagnes. Şurdeşti est un lieu où la beauté de la nature n’a d’autre rival que la monumentale église en bois qui se dresse en toute splendeur dans cette dépression.
La plus haute église en bois du monde
L’édifice impressionne par les dimensions de son clocher, haut de 54 mètres, et les quatre petites tours, érigés pour souligner ainsi l’importance de la communauté à l’époque de la construction. Ce lieu de culte a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO en 1999.
Carmen Tomoş, qui est la guide de l’église en bois de Şurdeşti, présente ce monument classé:
« Elle est la plus haute de toutes les églises en bois du monde! Construite en 1721, elle a été ainsi certifiée par l’UNESCO lorsqu’elle a intégré le patrimoine mondial en 1999. Il n’y a jamais eu de restauration de l’intérieur de l’église, la peinture étant celle d’origine, de l’année 1783, réalisée par le peintre-artisan Ştefan de Şişeşti, originaire de ces lieux, puisqu’il habitait à deux villages de là. Haute de 72 mètres, avec un clocher de 54 mètres, notre église, comme toutes les autres en bois du Maramureş, est traditionnellement divisée en trois zones: le pronaos dans la zone de l’entrée, réservée aux femmes, le naos qui est la zone médiane réservée aux hommes, et l’autel (le chœur), la zone du sacré, donc du prêtre. »
Carmen Tomoş explique les raisons de l’inclusion de l’église de Şurdeşti au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO:
« Le critère d’inscription le plus important a été l’originalité, c’est-à-dire la préservation de la plus grande partie possible de l’église initiale, sans aucune modernisation. L’absence de constructions modernes à proximité de l’église était le deuxième critère le plus important. »
Influences artistiques
Notre interlocutrice raconte également que l’église de Şurdeşti avait en fait été construite sur les fondations d’une, antérieure, incendiée et détruite lors de l’invasion tatare. Cela expliquerait le choix d’ériger un clocher tellement haut, qui permettait de mieux surveiller toute la zone. Carmen Tomoş, la guide de l’église, a ajouté les détails suivants:
« Aussi bien l’iconostase que la peinture intérieure montrent une influence baroque, qui n’est pas due au fait que, dès le début, ce fut un lieu de culte grec-catholique. C’est plutôt l’effet combiné des préférences artistiques du peintre et de l’époque, car l’édifice a été érigé un peu plus tardivement que les autres, ce qui a produit cette iconostase ressemblant à une dentelle en bois, sculptée et peinte manuellement ; et c’est ce qui rend cette église plus spéciale ou plus différente des autres du Maramureş, où les peintures ont plutôt été réalisées dans le style naïf. »
Un cordon horizontal sculpté en forme de corde resserre complètement le monument classé, tandis que l’entrée du pronaos bénéficie d’un portail orné du même motif de la corde, mais aussi de plusieurs symboles solaires. Le naos contient un autre élément architectonique inattendu: il s’agit de deux colonnes en pierre, sur lesquelles s’appuie le chœur.
L’église de Șurdești compte parmi les huit églises en bois du département de Maramureș, au nord de la Roumanie, inscrites au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO en 1999: Budești Josani, Desești, Bârsana, Poienile Izei, Ieud Deal, Șurdești, Plopiș et Rogoz. (Trad. Ileana Ţăroi)