La semaine du 08 au 14 septembre 2025
L’Exécutif de Bucarest a « survécu » à 4 motions de censure. / Une rentrée scolaire marquée par les protestations / Un taux d’inflation à la hausse/ Bucarest est solidaire avec la Pologne/ Une affaire d’espionnage
Roxana Vasile, 14.09.2025, 10:38
L’Exécutif de Bucarest a « survécu » à 4 motions de censure
Dimanche dernier, le gouvernement de coalition de Bucarest a survécu en une seule journée, sans trop de soucis, à pas moins de quatre motions de censure déposées à son encontre par l’opposition ultra-nationaliste. Cela lui permet de décider de nouvelles mesures d’économies au budget de l’Etat, telles que les majorations de taxes ou les réductions des dépenses publiques. Selon l’Exécutif, (formé des membres du Parti Social-Démocrate, du Parti National Libéral, de l’Union Sauvez la Roumanie et de l’Union Démocrate Magyare de Roumanie), c’est la seule manière de réduire le plus grand déficit de l’Union européenne qu’affiche la Roumanie et à cause duquel la note du pays pourrait se voir rétrograder à la catégorie « junk » , c’est-à-dire un pays non recommandé aux investissements, alors que Bruxelles pourrait continuer de bloquer des milliards d’euros de fonds européens. Or, c’est pour éviter cette perspective néfaste, que le gouvernement a récemment envoyé au Parlement, un deuxième train de mesures fiscales, réunissant de 5 projets de loi avec un impact budgétaires de plus de 10 milliards de lei (l’équivalent de 2 milliards d’euros). Il a accéléré leur approbation en engageant sa responsabilité devant le Parlement, une procédure par laquelle les débats prolongés sont évités, mais qui expose le Cabinet au risque d’une motion de censure et donc d’une éventuelle destitution. Étant donné que les quatre motions déposées par l’opposition n’ont pas réuni suffisamment de voix favorables, les quatre projets de loi contestés, c’est-à-dire ceux visant la santé, la fiscalité et la réorganisation des compagnies d’État, ont été considérés comme adoptés. De même, un cinquième paquet, portant, lui, sur la réforme des régimes spéciaux de retraite des magistrats, a été considéré tout de suite comme adopté car il n’a pas été attaqué par motions de censure. De son côté, le premier ministre, Ilie Bolojan, a expliqué que les réformes proposées apportaient davantage d’équité pour les citoyens de la transparence et des normes claires. Il s’est dit confiant qu’à partir de la moitié de l’année prochaine, la Roumanie reviendrait sur une trajectoire de croissance économique. « Vous ne faites que jouer à la réforme ! Vous ne coupez pas les privilèges, mais vous attaquez l’homme lambda, celui qui travaille, alors que les sinécures sont maintenues ! » ce fut le reproche de George Simion, leader de l’Alliance pour l’Union des Roumains, dans l’opposition souverainiste. Avant d’être mises en œuvre, les cinq projets de loi mentionnés doivent encore passer par la Cour Constitutionnelle de Roumanie.
Une rentrée scolaire marquée par les protestations
Autre défi à relever par le gouvernement de Bucarest : les vifs mécontentements des salariés du secteur public. Parmi eux, ce sont les enseignants qui ont tenté de faire entendre leur voix cette semaine, suite à l’entrée en vigueur du premier train de mesures d’austérité, adopté en juin dernier, qui comprend une hausse des horaires hebdomadaires de travail des enseignants, une réduction de leurs tarifs de paiement horaire, et une augmentation du nombre d’enfants par classe, suite à la fusion des établissements scolaires ayant moins de 500 élèves. En signe de mécontentement, lundi dernier, le jour de la rentrée des classes en Roumanie, des dizaines de milliers d’enseignants ont protesté à Bucarest et à travers le pays, dénonçant une crise sans précédent ces 35 dernières années au sein de l’éducation nationale roumaine.
Ils ont été rejoints par les organisations d’élèves et d’étudiants, qui ont affirmé appuyer ces actions de protestation, dénonçant à leur tour la modification du système d’octroi des bourses scolaires, qui a fait diminuer considérablement le nombre des bénéficiaires, le tout au nom de l’effort collectif que les Roumains doivent faire pour aider à réduire le déficit budgétaire du pays. En même temps, les trois fédérations syndicales de l’Education nationale ont l’intention de continuer les actions de protestation et sont en train de travailler sur le calendrier et les formes de futures manifestations.
Un taux d’inflation à la hausse
Entre-temps, le taux annuel d’inflation en Roumanie a augmenté de plus de 2 % en un seul mois, de juillet à août, pour approcher les 10 %, selon les données rendues publiques jeudi par l’Institut national de la statistique. C’est l’effet de la hausse, cet été, de la TVA et des accises sur les carburants, ainsi que du fait que les factures d’électricité des Roumains ne bénéficient plus du schéma d’aide gouvernementale, en place jusqu’ici. Parmi les hausses les plus importantes des 12 derniers mois, les statistiques placent donc en premier l’électricité, avec une croissance moyenne de presque 66 %. Suivent les fruits frais, avec une croissance des prix d’environ 42 %, les services d’hygiène et de beauté et le transport ferroviaire – tout cela avec des augmentations de tarifs allant de 18 à 20 %. Les produits de boulangerie, le café et les transports urbains ont aussi affiché des prix plus élevés. D’après des analystes économiques, le taux d’inflation restera élevé et les Roumains se verront obligés de payer les erreurs des politiques économiques du passé. Étant donné que les mesures prises pour faire baisser le déficit incluent également des majorations de taxes, tout cela est maintenant reflété dans le taux d’inflation et cette dynamique des prix de la consommation restera élevée pendant plusieurs années, selon les spécialistes.
Bucarest est solidaire avec la Pologne
Jeudi, l’ambassadeur de la Fédération de Russie à Bucarest a été convoqué au siège du ministère roumain des Affaires étrangères pour lui communiquer que la Roumanie condamnait la violation de l’espace aérien polonais par des drones russes au cours de la nuit du 9 septembre. Bucarest souligne que, par sa gravité, ses implications et son envergure, cet incident représente une escalade sans précédent et une menace à l’adresse de la sécurité des citoyens d’un État allié et partenaire stratégique de la Roumanie. Plus encore, cela témoigne une fois de plus des conséquences amples et sévères de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine sur la stabilité régionale et la sécurité européenne. C’est dans ce contexte, que la Roumanie devrait bénéficier d’un investissement d’environ 17 milliards d’euros par le biais du programme européen SAFE destiné à la relance de l’industrie européenne de la défense. Les fonds totaux du programme s’élèvent à 150 milliards d’euros, et seule la Pologne recevra une somme plus élevée que la Roumanie, à savoir plus de 43,5 milliards d’euros. « Cela nous permettra de développer des usines de techniques militaires et de devenir une partie des chaînes de valeur de l’industrie européenne de défense », a déclaré le gouvernement roumain, rappelant que les fonds issus des crédits avec des taux d’intérêt avantageux permettront de financer le développement de l’infrastructure mixte civile et militaire.
Une affaire d’espionnage
Enfin, c’est toujours cette semaine que l’ancien directeur adjoint du Service de renseignements et de sécurité de la République Moldova voisine a été placé en détention provisoire pour trahison. La décision a été prise par la Cour d’appel de Bucarest sur proposition des procureurs du Parquet anti-terrorisme et anti-mafia. Selon ceux-ci, depuis l’année dernière et jusqu’à présent, Alexandru Bălan, âgé de 47 ans, ayant la double nationalité moldave et roumaine, a mené des activités par lesquelles il a divulgué de manière non autorisée des informations d’Etats secrètes vers des officiers au sein du Comité de la sécurité d’État, KGB, de la Biélorussie, proche de la Russie, des informations de nature à mettre en danger la sécurité nationale de la Roumanie. Alexandru Bălan a été arrêté lundi à Timisoara, une ville de l’ouest de la Roumanie ; à la fin d’une opération qui s’est déroulée dans plusieurs pays, ayant pour but de démanteler un réseau biélorusse d’espionnage. (trad. Valentina Beleavski)