La semaine du 15 au 21 décembre 2025
Le président roumain Nicusor Dan a participé à plusieurs réunions européennes / Décisions finales de la coalition du gouvernement / La motion de censure à l’encontre du gouvernement de Bucarest a été rejetée / Commémoration de la Révolution roumaine de 1989 qui a éclaté à Timisoara
Leyla Cheamil, 21.12.2025, 11:09
Le président de la Roumanie, Nicusor Dan, présent aux réunions européennes
Présent à Bruxelles pour le Conseil européen, le président roumain Nicușor Dan a indiqué que la priorité absolue des discussions, du point de vue de la Roumanie, portait sur le Cadre financier pluriannuel 2028-2034. Il a précisé que les premiers échanges sur ce dossier avaient débuté jeudi et que le sujet figurerait également à l’agenda des dirigeants européens en 2026. Parmi les autres thèmes abordés lors de la réunion figuraient les débats stratégiques consacrés à l’Ukraine. À cette occasion, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne se sont accordés sur l’octroi à Kiev d’une aide de 90 milliards d’euros, sous la forme d’un prêt dont les intérêts seront pris en charge par le budget européen, afin de permettre à l’Ukraine de financer son effort de guerre face à la Russie. Le remboursement interviendra lorsque Moscou s’acquittera des réparations de guerre. Cette formule représente une solution de compromis destinée à répondre aux besoins financiers urgents de Kiev, dans un contexte marqué par l’absence d’un accord sur l’utilisation des avoirs russes gelés en Europe pour soutenir l’Ukraine. Mercredi, toujours à Bruxelles, Nicușor Dan a également participé à la réunion des dirigeants des États membres de l’Union européenne et des Balkans occidentaux, rencontre qui a souligné l’importance de la relation politique et économique entre les deux parties dans le contexte géopolitique actuel. Les mardi et mercredi précédents, le président roumain s’était rendu à Londres, où il a été reçu par le roi Charles III au palais de Buckingham. Il y a également rencontré des membres de la communauté roumaine du Royaume-Uni ainsi que des représentants des milieux d’affaires roumains et britanniques. À cette occasion, Nicușor Dan a affirmé qu’il encouragerait les investissements susceptibles d’apporter en Roumanie des technologies de pointe, de créer des emplois qualifiés et bien rémunérés et de contribuer, par l’augmentation de la production nationale, à la réduction du déficit commercial. Avant son déplacement à Londres, le chef de l’État roumain avait fait escale à Helsinki, où il a pris part au sommet des États de l’Union européenne du flanc Est. Les discussions ont porté sur les moyens concrets de renforcer le niveau de préparation dans le domaine de la défense, sur les mécanismes de protection des populations civiles et sur les stratégies de dissuasion face à toute intention agressive de la part de la Russie.
Décisions finales au sein de la coalition gouvernementale
La coalition gouvernementale PSD-PNL-USR-UDMR a décidé, mercredi, de relever le salaire minimum dans l’économie roumaine à compter du 1er juillet de l’année prochaine. Celui-ci devrait ainsi atteindre 4 325 lei, soit environ 865 euros. Cette annonce, censée répondre aux pressions sociales, a toutefois suscité des réactions critiques tant du côté des syndicats que des employeurs. Les représentants des salariés réclament une application de la mesure dès le 1er janvier, estimant que le report de six mois pénalise les travailleurs les plus vulnérables, tandis que les milieux d’affaires jugent au contraire cette hausse inopportune en 2026, au regard de la conjoncture économique et des incertitudes pesant sur la croissance. Dans ce contexte de tensions sociales, plusieurs milliers de membres des quatre grandes confédérations syndicales nationales ont manifesté jeudi à Bucarest. Ils ont appelé le président de la République, Nicuşor Dan, à jouer un rôle de médiateur dans le différend qui les oppose au gouvernement. Le mécontentement syndical ne se limite pas au seul niveau du salaire minimum, mais englobe également un ensemble de décisions récentes ou annoncées pour l’année à venir, perçues comme affectant le pouvoir d’achat et les conditions de travail. Parallèlement à la hausse programmée du salaire minimum, la coalition au pouvoir a arrêté une série de mesures d’austérité visant à contenir les dépenses publiques. Parmi celles-ci figurent une réduction de 10 % des dépenses de l’administration centrale, sans toucher aux salaires de base, une baisse équivalente du montant forfaitaire alloué aux sénateurs et aux députés, ainsi qu’une diminution du niveau des subventions accordées aux partis politiques. Autant de décisions qui, mises bout à bout, alimentent un climat social tendu et ouvrent une séquence de négociations délicates entre le gouvernement, les partenaires sociaux et le monde économique.
La motion de censure à l’encontre du Gouvernement a été rejetée
Le gouvernement dirigé par le Premier ministre Ilie Bolojan a franchi, lundi, un nouveau test parlementaire en survivant à une motion de censure, l’opposition n’ayant pas réuni les 232 voix nécessaires pour provoquer la chute de l’exécutif. Les initiateurs de la motion ont mis en cause la gestion gouvernementale de secteurs clés tels que la justice, la santé, l’éducation et l’administration publique. Ilie Bolojan a fermement rejeté ces accusations, estimant que les réformes engagées sont indispensables et avertissant que, sans celles-ci, la Roumanie risquerait de perdre la confiance des marchés financiers. Parallèlement, une autre motion, cette fois simple, visant la ministre de l’Environnement, Diana Buzoianu (Union Sauvez la Roumanie), a été adoptée au Sénat, avec le soutien notable de parlementaires sociaux-démocrates, pourtant membres de la coalition gouvernementale. Les signataires réclamaient la démission de la ministre à la suite de coupures d’eau survenues dans plusieurs localités de deux départements du sud du pays, dans le contexte de la vidange d’un barrage de la région. Diana Buzoianu a rejeté l’ensemble des accusations formulées par l’opposition. Mercredi, les populistes de l’Alliance pour l’Union des Roumains ont à leur tour déposé au Sénat une motion simple ciblant l’activité du ministre de l’Intérieur, Cătălin Predoiu. Ils lui reprochent notamment le maintien prolongé de responsables intérimaires à la tête des inspections de police et ce qu’ils qualifient d’ingérences dans les concours pour les postes de direction. À la Chambre des députés, la même formation a également déposé une motion simple contre le ministre de la Justice, Radu Marinescu, dénonçant ce qu’elle décrit comme « un échec majeur de management » à garantir une justice efficace, prévisible et équitable. Les deux motions doivent être soumises au vote ce lundi. Dans ce climat politique tendu, les manifestations visant les ministres Cătălin Predoiu et Radu Marinescu, ainsi que le procureur général de la Direction nationale anticorruption, Marius Voineag, et la présidente de la Haute Cour, Lia Savonea, se sont poursuivies dans la rue. Les protestataires réclament une modification des lois de la justice, à la lumière des dysfonctionnements mis en évidence dans un documentaire diffusé par le média indépendant Recorder. Ils ont également critiqué la proposition du chef du gouvernement de créer un groupe de travail chargé de débattre du fonctionnement du système judiciaire roumain, estimant qu’une telle initiative ne ferait que repousser le problème au lieu d’y apporter des solutions concrètes.
Commémoration de la révolution de 1989 à Timisoara
À Timişoara (dans l’ouest), les manifestations à la mémoire des victimes de la révolution anticommuniste de 1989 et en l’honneur de ceux qui ont lutté pour la liberté il y a 36 ans ont commencé mardi. Pendant cinq jours, des actions ont été programmées pour commémorer les événements qui ont débuté dans la ville et qui ont conduit à la chute du régime communiste. Les conseillers locaux et régionaux se sont réunis lors de séances festives auxquelles ont également été invités des représentants d’associations de révolutionnaires. L’Opéra de Timişoara a accueilli des expositions, des lancements de livres, des concerts et la projection d’un film thématique, des moments de recueillement et une marche sous le slogan désormais célèbre « Les héros ne meurent jamais ». Mercredi était un jour de deuil à la mémoire des héros martyrs de la Révolution.