La Roumanie face à la guerre hybride
La Roumanie a été la « cible préférée » des campagnes de désinformation et de guerre hybride, met en garde le Procureur général de la Roumanie.

Mihai Pelin, 17.09.2025, 12:38
En 2024, lorsque tous les quatre types d’élections ont eu lieu en Roumanie, y compris les présidentielles, le pays a été « la cible préférée des campagnes de désinformation et de guerre hybride. Sur cette toile de fond des acteurs hostiles ont essayé de manipuler l’opinion publique et d’influencer le résultat du scrutin ». Ce sont les conclusions de l’enquête du Parquet général, présentées par le chef de l’institution, Alex Florenţa. Selon lui, sur le territoire roumain, cette campagne s’est manifestée par des cyberattaques, des mesures de déstabilisation de l’ordre public, de la désinformation et de tentatives d’influencer l’électorat. Le bénéficiaire de cette vaste guerre hybride, orchestrée par la Russie, était l’ancien candidat indépendant à la présidentielle, Călin Georgescu.
La Roumanie doit continuer à faire face à une agression hybride, menée notamment avec l’aide de l’intelligence artificielle, a ajouté le Procureur général Alex Florenţa. Et de montrer que l’enquête a identifié des entreprises ayant des liens évidents avec la Russie, qui ont mené des activités d’information malveillantes, tant auparavant, que juste avant les élections de 2024.
Atteinte à l’ordre constitutionnelle
Călin Georgescu, quant à lui, est désormais poursuivi en justice pour complicité à tentative d’atteinte à l’ordre constitutionnel et de diffusion de fausses informations. Les procureurs soulignent que le plan qu’il avait conçu avec le mercenaire Horaţiu Potra, ancien soldat de la Légion étrangère française, co-inculpé aux côtés d’une vingtaine d’autres personnes dans le même dossier, visait à modifier l’ordre constitutionnel ou à rendre plus difficile, voire à empêcher, l’exercice du pouvoir d’Etat. A cette fin, ils ont utilisé toute une série de tactiques dont l’influence émotionnelle et comportementale, doublée d’une manipulation des émotions collectives, dans un contexte de tension sociale maximale. S’y ajoutait une manipulation méthodique de l’information, initiée il y a des années, visant à altérer la perception du public et à saper la confiance dans l’ordre démocratique.
Le procureur général de la Roumanie, Alex Florenţa explique :
« A commencer par novembre 2024, au sein des communautés extrémistes, on a remarqué une intensification des discours et des messages incitant à la haine et à la violence, associés à la campagne de promotion d’un candidat indépendant. Cela a créé un climat de panique au sein de la société. La hausse du volume de contenus incitant à la violence a été initiée dès le premier tour des élections, mais l’évolution s’est faite de manière systématique, par la promotion de contenus de haine générésà l’aide de l’intelligence artificielle. Ce type de discours et la manière de créer du contenu en ligne correspondent au modèle d’action de la Russie, également observé dans d’autres Etats, tels que la Moldova ou la Géorgie. »
Selon Alex Florenţa, la guerre hybride actuelle est beaucoup plus insidieuse, beaucoup plus perfide et avec des conséquences bien plus larges sur la vie socio-économique d’un Etat, par rapport à la guerre traditionnelle. Et d’ajouter que Moscou a mené une campagne de microciblage en Roumanie, basée sur quatre modèles identifiés, à savoir : l’identité nostalgique, l’identité conspirationniste, l’identité religieuse et la médecine alternative. Cette action aurait débuté en 2019, mais le Parquet n’en avait pas été mis au courant ce moment-là.