Le Pacte vert, l’UE revoit ses ambitions à la baisse
L'Union européenne renonce à son ambitieux projet de ne vendre plus que des véhicules électriques à partir de 2035.
Daniela Budu, 17.12.2025, 12:21
L’Union européenne a décidé d’assouplir son objectif initial d’interdire totalement la vente de voitures neuves à moteur essence ou diesel à partir de 2035. Selon la Commission européenne, les constructeurs automobiles pourront continuer à commercialiser un volume limité de ces véhicules après cette échéance, sous réserve du respect de plusieurs conditions strictes. Bruxelles a présenté à cet effet le « paquet automobile », un ensemble de mesures offrant une certaine flexibilité de production, avec pour ambition affichée de concilier les impératifs de l’industrie automobile traditionnelle et la nécessité de stimuler l’innovation et la compétitivité dans le secteur des véhicules électriques. Cette proposition, qui doit encore être validée par les gouvernements des États membres et par le Parlement européen, intervient, selon les acteurs du secteur, dans un contexte de fortes pressions exercées par les grands constructeurs européens, confrontés à la concurrence accrue de Tesla et des fabricants chinois spécialisés dans l’électrique.
Flexibilité réglementaire et nouvelles règles d’émissions
Dans le cadre de ce dispositif, à partir de 2035, les voitures neuves vendues en Europe devront afficher une réduction de 90 % des émissions de dioxyde de carbone liées à leur moteur. Les 10 % restants pourront être compensés par l’utilisation de matériaux à faibles émissions ou de carburants alternatifs. La Commission précise que les véhicules hybrides ainsi que certains moteurs thermiques jugés efficaces pourront donc rester sur le marché, à condition que ces critères soient respectés. Le texte prévoit également un mécanisme d’incitation : pour chaque voiture électrique vendue, le constructeur bénéficiera d’un bonus supplémentaire dans le calcul global de ses émissions de CO₂, ce qui lui permettra de maintenir, dans certaines limites, une production de moteurs thermiques.
Investissements massifs dans les batteries et nouveaux véhicules électriques
Parallèlement, Bruxelles a annoncé une enveloppe de 1,8 milliard d’euros destinée à accélérer le développement d’une chaîne de valeur complète pour les batteries produites au sein de l’Union européenne. Sur ce montant, 1,5 milliard d’euros seront consacrés au soutien des fabricants européens de cellules de batteries, via des prêts sans intérêt. Selon la Commission, ces mesures politiques ciblées visent à encourager les investissements, à structurer une véritable filière européenne des batteries et à renforcer l’innovation ainsi que la coordination entre les États membres. Elles devraient également améliorer la compétitivité en termes de coûts, sécuriser les chaînes d’approvisionnement en amont et favoriser une production durable et résiliente dans l’UE. En outre, l’Union entend soutenir, par différents instruments, le développement d’une nouvelle catégorie de véhicules électriques d’une longueur maximale de 4,2 mètres. Bruxelles estime que cette orientation permettra aux États membres et aux collectivités locales de mettre en place des dispositifs incitatifs spécifiques, afin de stimuler la demande pour de petits véhicules électriques fabriqués en Europe. L’AFP souligne que l’ensemble de ces décisions constitue le recul le plus significatif du bloc communautaire par rapport aux politiques écologiques adoptées au cours des cinq dernières années.