Nous allons aujourd'hui dans le nord-ouest du pays, à Oradea, ville art-nouveau que nous avons déjà visitée et qui vient de recevoir le trophée « La Pomme d'or », accordé par la Fédération internationale des journalistes et écrivains du tourisme. Le prix a été remis au mois de juin de cette année au cours d'une cérémonie déroulée dans la citadelle médiévale de la ville, dans la Salle des griffons. Allons, nous aussi, à l'intérieur de la citadelle, édifice emblématique d'Oradea, vieux de près d'un millénaire, où plusieurs musées attendent leurs visiteurs.
Angela Lupşa, directrice du Musée de la ville d'Oradea, qui nous en parle : « Nous les attendons, il y a des évènements presque chaque weekend. Le musée compte plus de vingt expositions temporaires, mais aussi une autre, permanente, qui, pour nous, est la plus importante et que nous voudrions que tout le monde visite. Elle est dédiée au général Traian Moşoiu, qui a libéré la ville le 20 avril 1919, et que nous avons mise en place 100 ans après. C'est une expo inédite, interactive, qui montre tant l'histoire faite par le général Traian Moşoiu, que des scènes de front de la Première Guerre mondiale ou une cuisine de campagne. C'est toujours 100 ans après la visite de la famille royale de Roumanie à Oradea, le 23 mai 1919, que nous avons eu l'honneur d'inaugurer une exposition à cet événement en présence du Prince Radu, et aussi une autre exposition qui présente des objets de collection de la Reine Marie. L'histoire est présentée d'une manière inédite dans plusieurs expositions de la citadelle d'Oradea. »
Côté architecture, la citadelle d'Oradea comprend douze bâtiments et cinq bastions, chacun avec une histoire et un nom différents :
- Le bastion Aurit (Doré), construit en 1572, a été fortement endommagé par les attaques turques ottomanes. Le siège autrichien de 1692 a également détérioré la face nord du bastion, qui a eu besoin d'importants travaux de rénovation par la suite.
- Le bastion Bethlen a été finalisé en 1618. Il a été renforcé avec de la terre et des rameaux d'osier pendant des décennies, gagnant ainsi le nom de « bastion de terre ». Il doit son nom actuel au prince Gabriel Bethlen.
- La construction du bastion Ciunt (Boiteux) a commencé sous le règne du prince Ioan Sigismund, mais elle n'a pas été achevée pendant un bon moment, d'où le nom. La seule date précise liée à ce bastion est l'année de sa rénovation, 1599.
- Le bastion Crăișorul (le Petit prince) a été fini en 1570 et c'est l'architecte italien Giulio Cesare Baldigare à qui on le doit. Recouvert d'un revêtement en pierre façonnée, il reste inachevé sur le côté est, permettant ainsi de voir la « farce » de la construction : galets de rivière, morceaux d'ardoise, briques, divers fragments provenant d'autres bâtiments médiévaux.
- Le bastion Roșu (Rouge) a été érigé en plusieurs étapes, étalées sur près de deux décennies - entre 1580 et 1598. En 1660, pendant le siège ottoman de la ville, l'on a fait exploser l'orillon est du bastion. La reconstruction a donné un mur de défense renforcé, de près d'un mètre plus large que le mur initial.
Aujourd'hui, la citadelle d'Oradea, après avoir traversé les étapes romane, gothique et renaissance-baroque, est fraîchement rénovée. En plus, elle n'est jamais à court de propositions pour ses visiteurs.
Angela Lupşa, directrice du Musée de la ville d'Oradea : «Le Musée de la ville a plusieurs sections. Parmi les plus importantes, ouvertes récemment, on compte celle dédiée à l'histoire des Juifs d'Oradea et du département de Bihor, la maison Darvas - La Roche, le Musée de la Sécession et suivra, en 2020, le Musée de la franc-maçonnerie.»
Les voyageurs peuvent aussi apaiser leur faim et se désaltérer à l'intérieur de la citadelle, grâce à bon nombre de restaurateurs qui proposent une cuisine internationale ou traditionnelle. La richesse ethnique de la région d'Oradea se reflète tant dans sa culture, que dans sa gastronomie. (Trad. Elena Diaconu)