Les dimensions du terrorisme en 2019
Les attentats perpétrés à New York le 11 septembre 2001 ont représenté un point d’inflexion dans les relations internationales. A ce moment-là, presque 3 000 personnes, dont des Roumains, ont péri en l’espace de quelques minutes, suite au détournement par les 19 terroristes du réseau Al-Qaïda de 4 avions et à l’attaque qui s’est ensuivie contre les Tours jumelles et le Pentagone. Considérés comme les plus sanglants de l’histoire, ces attentats ont changé la face du monde. Invité sur les ondes de Radio Roumanie, le général Decebal Ilina explique les circonstances qui ont mené aux attentats: « L’efficacité d’une attaque terroriste tient à l’élément surprise. C’est pourquoi la première ligne de défense contre le terrorisme, ce sont les services de renseignement. A l’époque, toutefois, et en dépit des infos dont ils disposaient, ces services n’ont pas su prévenir le pire. Car ils disposaient déjà d’un certain nombre d’indices qui auraient pu leur mettre la puce à l’oreille. En dépit de cela, peut-être à cause de leur naïveté, ils n’ont pas agi à temps. Toutefois, ces attentats ont mené à la création d’une coalition internationale des services de renseignement, censée combattre le terrorisme. Par conséquent, un volume important d’informations est actuellement échangé en permanence entre les alliés, chose essentielle pour mieux combattre le défi terroriste. Pour ma part, si je doute de la capacité pédagogique de l’histoire, cela ne veut pas dire qu’elle ne se venge pas, qu’elle ne punit pas ceux qui ignorent ses leçons. Avoir ignoré les signes avant-coureurs a été une erreur monumentale ».
Corina Cristea, 04.10.2019, 14:13
Le terrorisme ambitionne de produire un effet de panique et d’intimidation générale, un effet qui se voit décuplé par l’utilisation à mauvais escient des médias, dans le but d’atteindre un objectif difficilement réalisable par des moyens démocratiques ou conventionnels. Decebal Ilina pense que l’on est encore loin d’avoir trouvé une parade efficace devant la menace terroriste, et cela en dépit des efforts internationaux menés par les Etats-Unis. Ecoutons-le: « Le terrorisme existe depuis l’Antiquité. Pourtant, l’on s’entête à combattre les effets et d’en ignorer les causes. Parce que, vous savez, les enfants ne naissent pas terroristes, il ne s’agit pas d’une maladie génétique. Ces hommes deviennent des terroristes à cause de l’environnement dans lequel ils baignent. Je pense que le monde serait meilleur si l’on pouvait remplacer ces voies belliqueuses, donc les guerres, par la voie diplomatique. Je pense que le président Trump agit d’une manière autrement plus réaliste, essayant de dialoguer, essayant de retirer ses troupes de la plupart des conflits initiés par ses prédécesseurs. »
Les statistiques montraient il y a quelques années que le nombre d’attentats terroristes était à la hausse, la plupart des attaques étant perpétrées en Asie du Sud-Est, au Proche et au Moyen Orient, en Afrique du Nord et en Europe de l’Ouest, en France et en Belgique notamment. L’Institut pour l’Economie et la Paix de Sidney, par exemple, avait travaillé sur la base des données disponibles en 2014. Leur étude fait état de 32 mille personnes ayant perdu la vie pendant ces attentats, soit une augmentation de 80% du nombre de victimes en l’espace d’un an. Les pays les plus affectés par le terrorisme en 2014 ont été l’Afghanistan, l’Irak, le Nigeria, le Pakistan et la Syrie. Plus de la moitié sont tombés victimes des deux organisations terroristes : l’Etat Islamique et Boko Haram, cette dernière une organisation terroriste africaine qui agit en grande partie au Nigeria. Al-Qaïda restait encore une menace. Par contre, l’année 2018 verra diminuer considérablement le nombre de victimes des attentats.
Dans une interview accordée à la Deutsche Welle, l’expert en terrorisme Matthew Henman en explique les causes, mais aussi pourquoi il faut se méfier de sabler le champagne. En 2016 et 2017, le nombre d’attentats terroristes a augmenté de façon exponentielle, à cause notamment des combats menés contre le groupe terroriste Etat Islamique pour la reprise du contrôle des territoires d’Irak et de Syrie, dans les villes de Mossoul et à Raqqa, mais aussi dans d’autres régions. En 2018 l’intensité de ces combats a diminué, rappelle Matthew Henman, qui estime que la baisse du nombre d’attentats en Syrie et en Irak a été le facteur déterminant pour voir baisser le nombre d’actes de terrorisme au niveau mondial. Cette évolution s’explique en premier lieu par l’affaiblissement de l’Etat Islamique. Par contre, croire que l’Etat Islamique soit hors jeu serait une grande erreur. Le danger persiste, les terroristes sont toujours actifs, non seulement en Syrie et en Irak, mais aussi en Afghanistan, en Afrique de l’Ouest, au Yémen, en Somalie et en Asie du Sud-Est.
Seul le danger taliban approche en dangerosité celui représenté par l’Etat islamique. Et, en effet, l’année 2018 voit doubler le nombre de victimes des talibans par rapport à l’année précédente, notamment au sein des forces de l’ordre d’Afghanistan. Enfin, depuis le début de cette année, l’on compte déjà 200 victimes tuées et 900 blessées suite à des attentats terroristes, dans la seule ville de Kaboul.(Trad. Ionut Jugureanu)