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La Révolution de 1821

Déroulée durant
la première partie de l’année 1821 (de février à mai) la Révolution dirigée par
Tudpor Vladimirescu a mené à la fin des règnes phanariotes en Valachie et en
Moldavie et plus tard à la transformation en mythe de son leader. Présent dans
tous les manuels d’histoire, immortalisé par des statues et des tableaux, présent
même sur des billets de banque, Tudor Vladimirescu est en réalité un personnage
moins connu du grand public mais extrêmement intéressant et même assez
controversé. La révolution qu’il a dirigée en Valachie s’est combinée à celle
grecque de libération de l’Empire Ottoman. Et ses liens avec la « Filiki Eteria »,
« la Société des amis » ou encore la « Hétairie des amis » une
société secrète qui a commencé la révolution grecque, a finalement mené à son
assassinat. « Eteria » était la plus importante des sociétés secrètes
nées de la diffusion des idées de la Révolution américaine et de la Révolution
française dans la société roumaine, serbe et surtout grecque des Balkans sous
occupation ottomane. Né d’une famille de paysans libres du département de Gorj,
Tudor Vladimirescu est devenu par ses habilités de s’adapter aux différentes
situations administrateur de domaines agricoles, marchand, mais aussi officier
dans l’armée des Tsars, alors que cette-ci occupait le pays, soit de 1806 à
1812. Parmi les raisons qui l’ont mené à déclencher la révolution figuraient
des ambitions personnelles, mais aussi le besoin de changements politiques. Ses
actions dépendaient tant de la collaboration avec la « Hétairie » que
de l’espoir d’une aide russe, jamais promise mais attendue aussi par les Grecs.
Quel était le caractère de cette personne ? Comment est-elle arrivée à
collaborer avec les membres de la société « Eteria » menées par
Alexandru Ipsilanti ? Quels étaient les objectifs qui l’ont poussé à
déclencher la révolte ? C’est l’historien Tudor Dinu qui tente de répondre
à toutes ces questions dans son ouvrage le plus récent appelé « La
révolution grecque de 1821 sur le territoire de la Moldavie et de la
Valachie ».

La Révolution de 1821
La Révolution de 1821

, 25.09.2022, 12:20

Déroulée durant
la première partie de l’année 1821 (de février à mai) la Révolution dirigée par
Tudpor Vladimirescu a mené à la fin des règnes phanariotes en Valachie et en
Moldavie et plus tard à la transformation en mythe de son leader. Présent dans
tous les manuels d’histoire, immortalisé par des statues et des tableaux, présent
même sur des billets de banque, Tudor Vladimirescu est en réalité un personnage
moins connu du grand public mais extrêmement intéressant et même assez
controversé. La révolution qu’il a dirigée en Valachie s’est combinée à celle
grecque de libération de l’Empire Ottoman. Et ses liens avec la « Filiki Eteria »,
« la Société des amis » ou encore la « Hétairie des amis » une
société secrète qui a commencé la révolution grecque, a finalement mené à son
assassinat. « Eteria » était la plus importante des sociétés secrètes
nées de la diffusion des idées de la Révolution américaine et de la Révolution
française dans la société roumaine, serbe et surtout grecque des Balkans sous
occupation ottomane. Né d’une famille de paysans libres du département de Gorj,
Tudor Vladimirescu est devenu par ses habilités de s’adapter aux différentes
situations administrateur de domaines agricoles, marchand, mais aussi officier
dans l’armée des Tsars, alors que cette-ci occupait le pays, soit de 1806 à
1812. Parmi les raisons qui l’ont mené à déclencher la révolution figuraient
des ambitions personnelles, mais aussi le besoin de changements politiques. Ses
actions dépendaient tant de la collaboration avec la « Hétairie » que
de l’espoir d’une aide russe, jamais promise mais attendue aussi par les Grecs.
Quel était le caractère de cette personne ? Comment est-elle arrivée à
collaborer avec les membres de la société « Eteria » menées par
Alexandru Ipsilanti ? Quels étaient les objectifs qui l’ont poussé à
déclencher la révolte ? C’est l’historien Tudor Dinu qui tente de répondre
à toutes ces questions dans son ouvrage le plus récent appelé « La
révolution grecque de 1821 sur le territoire de la Moldavie et de la
Valachie ».


Ecoutons Tudor
Dinu :

« Tudor joue
un rôle clé dans les plans des révolutionnaires d’Eteria. Dès 1820, lorsque les
membres de cette société se rencontrent dans la ville d’Ismail pour élaborer le
plan général de la Révolution, ils affirment qu’en Valachie celle-ci serait
déclenchée par un certain Tudor Vladimirescu, qu’ils appellent « le
commandant des hommes armés de Craiova ». Les révolutionnaires ont
sponsorisé Tudor Vladimirescu, croyant qu’il serait un pion facile à utiliser. Mais
ils ont eu tort sur toute la ligne, tout comme les grands boyards qui ont voulu
se servir de lui. A mon avis, il est, peut-être, l’exemple le plus
impressionnant de « self-made man » de notre histoire : un homme
simple, qui croit dans sa chance et souhaite dépasser sa condition et qui fait
tout pour avoir une carrière et s’approcher des boyards. Il commence par faire
du commerce à succès – d’abord pour les boyards, puis pour soi-même. Il fait
carrière dans l’administration, pour avoir enfin une carrière militaire. Il
entre dans l’entourage du consulat russe, puis collabore avec les groupe
révolutionnaire de « l’Hétairie des amis » et arrive à espérer à
devenir Prince dans un nouveau système à installer une fois que les Russes
aient libéré les Principautés roumaines. Les sources grecques en parlent
longuement, précisant que les révolutionnaires de la « Filiki Eteria »
avaient promis à Tudor le trône de « Décébale »».


Effectivement,
Tudor Vladimirescu et son armée ont réussi à déstabiliser l’ordre phanariote de
Valachie, à bénéficier du soutien d’une partie importante des boyards locaux et
à s’installer à la cour royale de Bucarest. Entre temps, les révolutionnaires
de « la Société des amis » dirigés par Alexandru Ipsilanti sont
entrés en Moldavie pour y former une armée à l’aide des habitants des lieux
dans l’espoir d’une révolte générale de la population des Principautés
roumaines contre les Ottomans. Mais à
part les changements politiques, envisageaient-ils aussi des changements
sociaux ? L’historien Tudor Dinu répond :


« C’est Alexandru Ipsilanti qui était
le plus radical d’un point de vue social et politique. Dans son programme politique,
il propose par exemple non seulement d’avoir des princes roumains, mais aussi
une sorte de monarchie constitutionnelle dans laquelle les revenus des princes
soient contrôlés par un premier Parlement des Principautés roumaines. Tudor
Vladimirescu a fait lui aussi des propositions importantes dans le domaine
social, censées améliorer la vie des gens simples, mais elles n’étaient pas si
radicales que nous l’imaginions. Par exemple, il propose le retour de certains
impôts. Il a aussi des initiatives très intéressantes. La plus importante pour
le développement du commerce est la suppression de la douane interne à cause de laquelle les
produits apportés d’autres villes étaient extrêmement chers. Il propose aussi
de réduire le profit des boulangers et des bouchers, pour rendre le pain et la
viande plus accessibles. Et la proposition la plus radicale, voire impossible à
mettre en place : nommer les autorités selon le critère du mérite, ce qui
était impossible. En fait, le système de la corruption ne pouvait pas
disparaître dans le contexte où Tudor lui-même plaidait pour la diminution des
revenus des hauts fonctionnaires de l’Etat. »


Malgré les
intentions sur le long terme, la situation sur le terrain n’a pas été des
meilleures. Le passage de l’armée des révolutionnaires de l’Hétairie par les
territoires roumains s’est traduit par le chaos, le pillage et la révolte de la
population locale. Plus encore, l’imminente invasion ottomane risquait de
transformer les principautés en un théâtre d’opérations militaires, alors que
l’aide russe se laissait attendre. Dans ce contexte, Tudor Vladimirescu a lancé
une action diplomatique qui n’était pas sans risque afin de protéger son pays,
mais aussi ses réussites. Il a donc commencé à négocier avec la Sublime Porte
d’Istanbul. Dès qu’Alexandru Ipsilanti l’a appris il l’a qualifié de
« traitre ». Tudor Dinu poursuit :


« Peut-être l’acte d’accusation le plus important est une lettre envoyé
par Tudor qui arrive dans les mains du sultan. Dans cette lettre, il propose de
lancer une guerre contre le « traitre Ipsilanti » si la Sublime Porte
accepte de l’aider. Mais cela n’était pas possible, vu que le Sultan ne pouvait
pas offrir une aide militaire à un chrétien révolté. Il est possible que Tudor
ait été très habile pour tenter de garder toujours de bonnes relations avec les
Turcs et en même temps de ne pas attaquer Ipsilanti. Et puis, Tudor a gardé
jusqu’au dernier moment l’espoir d’une intervention de l’armée russe. On l’en
avait assuré par de nombreuses voies, c’est pourquoi il tardait à agir. Mais du
point de vue des membres de la « société des amis », c’était une
trahison »


Accusé de
trahison, Tudor Vladimirescu a été jugé selon le Code pénal de l’Hétairie et
condamné pour avoir agi contre la patrie de celle-ci, la Grèce, bien que ce fut
évident que la patrie de Tudor était la Valachie. C’est pourquoi son procès et
son exécution sont considérés comme une injustice aujourd’hui encore par
l’historiographie et par l’opinion publique roumaine. Pour les Principautés
roumaines, la révolution de 1821 allait s’achever par la mort de Tudor
Vladimirescu, le 28 mai. Mais les membres de la « Filiki Eteria »
continueront de lutter contre les Ottomans jusqu’à la défaite de Drăgășani,
début juin.


Avant de
terminer, Tudor Dinu nous parle des effets de l’année révolutionnaire 1821 en
Valachie et Moldavie :


« Pour les principautés roumaines, la
Révolution grecque a été un désastre, parce que par la suite les principautés
ont été dévastées d’un bout à l’autre. Le sacrifice des Roumains sert toujours
d’exemple. Il a fallu une ou deux décennies pour que les Principautés roumaines
se remettent sur pieds. En suivit une guerre russo-turque. Par ailleurs, le
rôle de la Révolution de 1821 a été fondamental parce qu’il a marqué l’entrée
définitive des principautés roumaines sur la voie de l’occidentalisation, bien
que ce phénomène ait déjà commencé en 1812. Ce mouvement se concrétise au
niveau des élites, mais pas au niveau des paysans roumains, qui continuent de vivre d’après des rythmes ancestraux
au beau milieu du 19e siècle. Ce fut un sacrifice nécessaire pour
que la Roumanie trouve sa place sur la carte de l’Europe, et non pas sur celle
de l’Empire ottoman ».


De nos jours
encore, les historiens trouvent des interprétations inédites sur le rôle et les
conséquences des actions de Tudor Vladimirescu, des interprétations qui peu à
peu mettent de la lumière sur cette personnalité qui a accédé durant
différentes périodes au statut de mythe national.



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