Le Musée d’art populaire Nicolae Minovici
Construite en 1905 par l'architecte Cristofi Cerchez et ouverte au public en 1914, la villa abrite la première collection d'art ethnographique roumain de Bucarest.
Ion Puican, 14.12.2025, 10:09
Connue sous le nom de « La Villa aux clochettes », le Musée d’art populaire Professeur docteur Nicolae Minovici est l’un des édifices les plus représentatifs du style néo-roumain de Bucarest. Construite en 1905 par l’architecte Cristofi Cerchez et ouverte au public en 1914, la villa abrite la première collection d’art ethnographique roumain de Bucarest, ayant appartenu au professeur Nicolae Minovici.
Médecin légiste, Nicolae Minovici a été un grand amateur d’art traditionnel.
Nicolae Minovici (1868-1941) reste de nos jours encore l’une des figures marquantes de la médecine roumaine et un des grands esprits visionnaires de la science et de la culture. Médecin légiste formé à Bucarest et à Berlin, Nicolae Minovici a fondé en 1906 la première société caritative dite du Salut et, plus tard, le premier hôpital doté d’un service des urgences permanent de Roumanie. Le docteur Minovici a été un grand amateur d’art traditionnel. Sans surprise, il a transformé sa villa, initialement conçue comme un lieu de détente, en un véritable musée ethnographique qu’il a offert en 1936 à l’Etat roumain, avec l’ensemble des collections. Construite dans un style mélangeant l’architecture urbaine spécifique au début du XXème siècle aux caractéristiques des maisons traditionnelles roumaines, la Villa aux clochettes marquait jadis le point final de la promenade que le beau monde faisait en fiacre les jours de fête.
L’édifice a été construit en style néo-roumain
La muséographe Mădălina Manolache nous en dit davantage: „L’architecte Cristofi Cerchez a construit à la demande de son ami, le docteur Nicolae Minovici, une villa censée abriter les objets d’art traditionnel que le médecin légiste avait commencé à collectionner. L’édifice a été construit en style néo-roumain et il s’est inspiré aussi des caractéristiques de la maison fortifiée traditionnelle appelée «cula», spécifique à la Roumanie rurale. Les décorations sculptées appartiennent au sculpteur de la Maison Royale de l’époque, Emil von Becker.
Le docteur Minovici était particulièrement passionné par la céramique moderne
Mădălina Manolache nous raconte comment le Musée d’Art Traditionnel a vu le jour, du vivant du professeur Nicolae Minovici : « Même à l’époque du docteur Nicolae Minovici, sa villa a commencé à acquérir le statut de musée. Il s’agissait toutefois d’un musée privé appelé « le Musée d’art national », contrairement au nom qu’il porte aujourd’hui, qui lui a été attribué pendant le régime communiste. Minovici n’a pas imaginé un musée fondé sur des bases scientifiques, mais a essayé de montrer, à travers son activité de collectionneur, toute la beauté de l’art roumain, de l’art populaire à l’art moderne. Le docteur Minovici était particulièrement passionné par la céramique moderne, qu’il collectionnait en très grand nombre. Il a été d’ailleurs un des promoteurs du style national, non seulement en architecture, puisqu’il a choisi un style néo-roumain pour la construction de sa villa, mais aussi dans les arts décoratifs, un aspect moins courant aujourd’hui. Comme je l’ai déjà dit, même du vivant de Minovici, la villa fonctionnait déjà comme une institution privée à circuit fermé, les visiteurs étant principalement des scientifiques venus en Roumanie à l’occasion des congrès organisés par les trois frères Minovici- Nicolae, Mina et Ștefan, les deux premiers docteurs légistes et le troisième, chimiste. Les visiteurs étaient toujours impressionnés par ce musée, unique à l’époque, à Bucarest et en Roumanie, devançant même le projet d’Alexandru Tzigara-Samurcaș, qui tentait de créer un musée ethnographique”
Un modèle d’exposition permettant le mélange de la tradition et de la modernité
L’actuelle exposition du musée arrive à recréer l’atmosphère originale, chaque pièce étant un espace qui reflète la vision de son fondateur. Mădălina Manolache, muséographe, nous retrace l’histoire du musée depuis son ouverture et jusqu’à aujourd’hui : « Il convient de mentionner que le musée a été ouvert au public pendant l’entre-deux-guerres, avant que son propriétaire en fait don, en 1936, à la municipalité de Bucarest. Dans les années 1990 et jusqu’en 2018, le musée a été fermé pour des travaux de consolidation et de restauration. Aujourd’hui, le visiteur qui franchit le seuil de la Villa Minovici, peut admirer d’abord l’exposition permanente intitulée « Restitutio II», dont le titre suggère notre tentative de conserver l’exposition telle que l’avait imaginée Nicolae Minovici. Le docteur a tenté de mettre en place un modèle d’exposition permettant le mélange de la tradition et de la modernité. Outre l’exposition permanente, le visiteur pourra également découvrir une salle de conférence qui présente différents espaces d’exposition, souvent sur des thèmes issus de l’univers des arts contemporains.”
A l’heure où l’on parle, le musée Minovici reste un repère de l’identité culturelle bucarestoise et un lieu où la tradition est présentée sous une forme vivante, accessible et élégante.