Cinq régions spectaculaires de la Roumanie authentique
Nous partons aujourd’hui à la découverte des cinq régions les plus naturelles et spectaculaires de la Roumanie authentique.
Daniel Onea, 16.10.2025, 09:49
Notre guide, Dan Dinu, est le fondateur de l’Organisation des photographes de nature de Roumanie. Son regard n’est pas celui d’un simple visiteur, mais celui d’un explorateur à la recherche de l’essence sauvage et authentique des lieux qu’il parcourt depuis des années. Notre voyage débute dans un endroit où la force de l’eau rencontre la puissance des montagnes : le parc naturel des Portes de Fer. Ici, dans les Gorges du Danube, le paysage prend des proportions monumentales. L’ascension d’environ 40 minutes vers le belvédère de Ciucarul Mare est récompensée par un panorama à couper le souffle. Dan Dinu nous décrit avec passion ce spectacle géologique comparable, selon lui, à celui des célèbres fjords norvégiens.
« Ce que l’on observe là-bas, aux Portes de Fer, est tout simplement magique. C’est l’endroit où le Danube rencontre les Carpates. Nous savons tous que ce fleuve majestueux prend sa source dans les montagnes de la Forêt-Noire. Mais ce que l’on sait peut-être moins, c’est qu’il rencontre une première fois les Carpates quelque part non loin de Vienne, en Autriche. Ici, en Roumanie, ces deux forces de la nature forment ensemble un paysage absolument fabuleux. Et, en même temps, un paysage quelque peu atypique pour notre pays. Cet endroit est presque comparable à certains fjords norvégiens. C’est vraiment un site spectaculaire. Et je pense que tous ceux qui s’y rendent en sortent émus et transformés. »
Le voyage se poursuit au cœur des montagnes rocheuses des Apuseni, dans la région de Padiș, un territoire dominé par les plus vastes phénomènes karstiques du sud-est de l’Europe. Ici, l’on découvre l’une des attractions principales, le complexe des Citadelles de Ponor, un ensemble de dolines géantes, qui semblent provenir d’un autre monde. Le photographe Dan Dinu se dit fasciné par la dynamique de l’eau dans cet univers souterrain, un circuit presque magique où les sources apparaissent et disparaissent, modelant sans cesse la roche :
« Le parc naturel des monts Apuseni est intéressant, car c’est la plus grande zone karstique du sud-est de l’Europe. Ce phénomène est particulièrement remarquable dans la région des forteresses de Ponor. Il s’agit d’énormes dolines qui se sont formées à la suite de l’effondrement de grottes. Elles forment un paysage absolument fascinant du point de vue karstique. Pratiquement, dans la région de Padiș, l’eau entre et sort très, très souvent du sous-sol, au niveau de la région d’Izbucul Ponor. Elle arrive ensuite à Poiana Ponor, où elle disparaît à nouveau dans le sous-sol. Elle réapparaît ensuite quelque part dans les collines de Cetățile Ponorului, s’enfonce à nouveau dans le sous-sol et ressort du côté des gorges de la rivière Galbena. Et ce n’est qu’en suivant ce périple souterrain de l’eau que l’on se rend compte à quel point la nature peut être fascinante. Et à quel point elle incarne une force constructrice. Même si cet effet n’est visible qu’après des dizaines de milliers d’années. »
Le massif de Piatra Craiului, un site unique et ravissant
Direction ensuite le parc national de Piatra Craiului. Ici, sur les crêtes calcaires, on peut admirer les edelweiss, mais aussi rencontrer des troupeaux de chamois typiques de la région. Le photographe Dan Dinu souligne l’accessibilité de ce spectacle naturel, et nous recommande un itinéraire qui part de la localité de Plaiul Foii vers la zone appelée Marele Grohotiș, qui offre une vue imprenable sur la grandeur du massif, un point accessible à tous, car l’expérience n’est pas nécessaire pour parcourir ce chemin de crête. Le charme de l’endroit réside surtout dans sa faune et sa flore uniques, explique Dan Dinu qui ajoute :
« Le plus simple, pas nécessairement en tant qu’itinéraire touristique, mais en tant qu’accès au monde fascinant des crêtes montagneuses, est sans aucun doute de se rendre au parc national de Piatra Craiului. Là-bas, la chasse est interdite, car c’est un parc national. Les touristes sont davantage sensibilisés au respect de la nature. Les chamois sont habitués à la présence humaine et ils sont donc assez faciles à approcher. Ils s’approchent assez près des touristes et n’ont pas peur. Il est donc assez aisé d’observer leur comportement. Et, outre les edelweiss que l’on trouve également là-bas, on trouve aussi d’autres fleurs rares. On y trouve aussi des coquelicots jaunes des montagnes, qui ne poussent que sur les éboulis, ou encore des œillets des champs, une espèce tout à fait unique. On ne la trouve que dans ce massif montagneux. »
La Transylvanie
On change maintenant de paysage pour se rendre vers les Collines de la Transylvanie. Dans la région du Plateau Hârtibaciului on retrouve une zone culturelle d’une valeur exceptionnelle. Et pourtant, ce qui semble être un tableau pastoral habituel est, en fait, un des habitats du continent les plus menacés, un trésor que la Roumanie garde encore, grâce à ses pratiques agricoles traditionnelles. Le photographe Dan Dinu nous explique la valeur de ces endroits :
« Ces prairies semblent presque banales, car nous les voyons relativement souvent, surtout dans ces endroits, et donc nous les connaissons bien. Pourtant, ils sont peu nombreux ceux qui savent qu’elles font partie des paysages les plus menacés d’Europe en ce qui concerne la nature en général et la flore plus particulièrement. Même si elles existaient auparavant dans plusieurs pays, elles ont disparu au fur et à mesure que les villages ont été construits et que l’agriculture a été mise en place. On en trouve encore en Roumanie, parce que l’agriculture traditionnelle y est toujours pratiquée. En fait, c’est intéressant que ces prairies soient apparues et qu’elles étaient maintenues grâce à l’intervention des hommes. La condition est de faucher l’herbe de ces prairies avec des instruments manuels ou bien des instruments motorisés de petites dimensions. C’est la manière dont nous permettons à ces prairies à avoir une diversité florale ».
Notre périple finit dans une zone de forêts vierges, au Maramures, dans le nord, plus précisément à Strâmbu-Băiuț. La Roumanie détient environ 65 % des forêts vierges de l’Union européenne. C’est tout un écosystème complexe, comme nous l’explique notre invité :
« J’ai vu une des forêts vierges les plus spectaculaires que j’aie jamais rencontrées en Roumanie. Ici tout nous choque, mais dans le bon sens du terme. Il y a des arbres séculaires qui grandissent aux côtés des jeunes pousses. On y sent de l’odeur de l’humidité, des champignons, de la terre, tout en admirant l’ensemble du paysage. C’est là que l’on peut remarquer cette diversité spectaculaire d’arbres. Il y a des hêtres et des sapins séculaires au même endroit, ce qui est très intéressant. Tous les éléments communiquent dans cette forêt, surtout par le mycélium, c’est-à-dire par les racines des champignons qui poussent dans le sol. Il y a un proverbe intéressant qui dit : « bois mort, forêt vivante ». En effet, sans ce bois mort on ne peut pas avoir de forêt vivante. Parce que le bois mort repose à la base de la chaine trophique dans une telle forêt. »
Chaque endroit immortalisé par le photographe Dan Dinu offre aux touristes des expériences profondes et uniques. De la géologie spectaculaire des Chaudrons du Danube, à l’hydrographie mystérieuse des Monts Apuseni, en passant par les symboles alpins des monts Piatra Craiului ou bien par la culture pastorale de la Transylvanie et jusqu’aux écosystèmes sauvages de Maramures, chaque endroit raconte une histoire unique