Sulina
Il s’agit du point le plus à l’est sur la carte de la Roumanie. La petite ville portuaire de Sulina, située sur les rives de la mer Noire et du Danube, accueillait en 1904 pas moins de 18 ethnies, selon les documents de l’époque. Decouvrons ensemble aujourd’hui tout ce que cette petite bourgade a à offrir aux touristes !
Ana-Maria Cononovici, 31.07.2025, 13:25
C’est une ville qui vaut le détour en toute saison, car elle est sise aux portes du delta du Danube, nous assure Ștefan Ivanov, président de l’Association des opérateurs des bateaux de loisir :
« Effectivement, le delta du Danube peut être visité à n’importe quelle saison. Mais c’est surtout l’été que l’on entend parler de Sulina, même si elle est tout aussi belle au printemps, en automne et en hiver. Les passionnés de nature viennent découvrir le delta aussi lorsqu’il revet ses habits d’hiver. Et à chaque saison nous avons plein de choses à leur faire découvrir. Sulina est la ville parfaite pour profiter de la mer et des plages de sable fin, de randonnées en kayak, bref – pour pratiquer ce que nous appelons « le tourisme lent ». On propose aussi aux touristes de visiter la forêt de Letea aves ses influences subtropicales et ses dunes de sable. S’y ajoutent la forêt de Caraorman et les grands lacs : Puiu, Roșu et Roșuleț. Bref, impossibles de s’ennuyer ici, car on peut imaginer un large programme pour toute une semaine ».
Autant d’attractions touristiques à découvrir en douceur dans les alentours de Sulina, dans le delta du Danube notamment. Mais si le tourisme actif est plutôt votre tasse de thé, alors le Canal des amoureux vous attend pour un itinéraire de 4 km à parcourir en kayak, à la rencontre des canards et des aigrettes. Parfois, les pélicans sont aussi au rendez-vous. Calin Ene, guide dans le delta sauvage, nous en dit davantage :
« En fait, ce canal n’a pas de nom. Certains l’appellent le Canal aux saules, d’autres – le Canal des Amoureux ou encore le Canal de Mila 3. Bien qu’il soit très porche de Sulina, c’est quand même un canal sauvage. Il rappelle le delta d’autrefois, non aménagé, où il fallait faire des efforts pour avancer. Donc, on a la nature sauvage aux portes de la ville et c’est ce que j’aime le plus. Au printemps, toutes les fleurs n’ont pas encore éclot, mais il y a des nénufars et plein d’oiseaux – la mésange de Pologne, le guêpier d’Europe, le héron cendré etc. Ce canal est vraiment spectaculaire ! Si l’on veut découvrir le delta sauvage et que l’on ne veut pas passer la nuit à la belle étoile sous la tente, alors c’est exactement où il faut se rendre ! Et si au printemps il vous charme avec seulement 30-40 % de son potentiel, imaginez à quel point il est beau en mai, juin et juillet ! »
A la beauté unique de la nature viennent s’ajouter l’histoire ancienne des lieux et la gastronomie locale, ajoute Dragoş Ioniţă, propriétaire d’une pension touristique de Sulina, qui précise :
« Sulina est l’endroit où le Danube se jette dans la mer. On a le delta, l’histoire, les traditions, du silence et on peut profiter pleinement de la nature. Quant à la cuisine, nous sommes fiers de notre turbot au four, il est fabuleux. Sans doute, tout ce qui tient de la gastronomie spécifique du delta est délicieux, tous des plats à base de poisson : carpe sur choucroute, carpe enfournée aux légumes, carassin ou anchois frits, et j’en passe. Nous avons aussi innové en la matière, en proposant des brusquetas à base de poisson et autres plats. »
« Bienvenue dans la collection La Sulina d’autrefois, que nous avons choisi d’intituler « Pierduți în calea uitării » (Perdus dans l’oubli). Elle contient, entre autres, un tableau du peintre Octav Postolache, qui était aussi le directeur du Centre culturel de Sighetu Mărmației. On y retrouve aussi des objets originaux que j’ai récupéré au fil du temps, achetés à des habitants de la région et à des héritiers, ou encore sur internet, par exemple, comme ces cartes postales. J’ai fait don d’une partie de la collection au Musée du vieux phare de Sulina, afin que la ville reste dans les mémoires. Voici une page de journal de l’époque, datant de 1861, sur laquelle l’histoire de Sulina commence. »
Cartes postales, photographies de différentes époques, de personnalités ou de simples habitants, briques estampillées du logo du fabricant, témoignages en grec, la langue la plus parlée autrefois à Sulina, ou encore des reliques de l’époque de la « Commission européenne du Danube », lorsque la langue de communication était le français, et que les femmes du villages s’habillaient à la mode française, inspirée des magazines Marie Claire, et les messieurs à selon la mode anglaise, ce qui explique que l’on trouve également des magazines de mode du début du 19e siècle, ou des carnets du 18e siècle.
Au-delà de la nature environnante exceptionnelle, le vieux phare peut être admiré à Sulina, à proximité de la baie de Musura et du déversement du Danube dans la mer Noire. Construit au début du XIXe siècle par les autorités ottomanes, administré de 1897 à 1939 par la Commission européenne du Danube et transformé en musée en 2003, ce monument est situé dans la 2e rue du village. L’exposition présente, à travers des documents et des photographies, l’histoire de Sulina pendant la période de la Commission européenne du Danube et la vie de deux personnalités importantes de la ville : le chef d’orchestre George Georgescu et l’écrivain Jean Bart. Le cimetière multiconfessionnel est aussi une attraction touristique qui mérite le détour. Sulina accueille également des événements d’envergure, comme la 8e édition du Parastas des pirates sans nom, qui a lieu chaque année à la mi-mai.