La « Via Transilvanica », itinéraire d’intérêt national
La Via Transilvanica traverse la Roumanie sur quelque 1 600 kilomètres, partant de la Bucovine, dans le nord du pays, jusqu’au Danube dans le sud-ouest. Ce projet d’envergure a été initié par l’organisation non-gouvernementale Tășuleasa Social et réalisé avec l’aide de ses bénévoles. Il appartient à la société civile et est le résultat du désir d’illustrer une autre image de la Roumanie.
Daniel Onea, 02.10.2025, 11:19
Nous partons aujourd’hui à la découverte de la Roumanie à pied suivant un sentier qui deviendra sans nul doute mythique : la Via Transylvanica, une sorte de chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle roumain. Les randonneurs qui souhaitent le parcourir auront l’occasion de faire des incursions tant dans l’histoire de la Roumanie que dans la réalité moderne. En effet, les voyageurs arrivent à explorer la nature environnante depuis les collines de la Bucovine, dans les Monts Calimani et jusqu’aux dépressions qui mènent aux ports du Danube. Et cet exploit sera désormais officiellement reconnu puisque le gouvernement roumain vient d’adopter les normes d’application des sentiers de grande randonnée.
Concrètement, la Via Transilvanica traverse la Roumanie sur quelque 1 600 kilomètres, partant de la Bucovine, dans le nord du pays, jusqu’au Danube dans le sud-ouest. Ce projet d’envergure a été initié par l’organisation non-gouvernementale Tășuleasa Social et réalisé avec l’aide de ses bénévoles. Il appartient à la société civile et est le résultat du désir d’illustrer une autre image de la Roumanie. Alin Ușeriu, président de l’association Tășuleasa Social, affirme que le sentier n’a pas été imaginé comme un simple projet touristique, mais en tant qu’exemple d’unité nationale, un cadeau fait à la Roumanie à l’occasion du centenaire de la Grande Union. Il explique la motivation derrière cette idée :
« Le 12 juin, nous avons célébré les sept ans depuis l’inauguration de la Via Transilvanica. Un projet qui a révélé la maturité de notre organisation et d’ailleurs, nous souhaitions depuis longtemps mettre sur pied un projet qui n’exploite pas ce qui nous rassemble le plus souvent, c’est-à-dire la peur, mais qui met à profit nos valeurs. C’était aussi le centenaire de la Grande Union et c’est pourquoi nous avons posé cette question : sommes-nous un peuple uni ? Pouvons-nous faire quelque chose d’imposant ? Pouvons-nous faire quelque chose de pertinent ? Et voilà que Via Transilvanica vient de fêter son septième anniversaire et j’ai l’impression que le résultat a été largement à la hauteur. »
Un itinéraire au cœur du patrimoine naturel et culturel
L’itinéraire est marqué à chaque kilomètre par des bornes taillées en andésite par des centaines de bénévoles, qui sont de véritables œuvres d’art. Le sentier traverse une dizaine de départements et porte les touristes à travers une diversité étonnante de reliefs et de cultures : collines paisibles, villages oubliés, montagnes imposantes et villes remplies d’histoire. Mais la Via Transilvanica est plus qu’un enchainement de paysages époustouflants. C’est une découverte des communautés, une incursion dans la vie des familles des lieux, une découverte de la cuisine du terroir et une occasion d’écouter des histoires jamais racontées auparavant. Bref, une immersion profonde dans la Roumanie authentique. Tibi Ușeriu, coureur d’ultra-marathon et un des principaux ambassadeurs du projet décrit parfaitement cette expérience.
« C’est une expérience tout à fait singulière. Ce que l’on peut découvrir en parcourant Via Transilvanica c’est le village authentique roumain. Et je crois que pour connaitre vraiment son pays, il faut le parcourir à pied, rencontrer les habitants, écouter les histoires locales, goûter à la cuisine du terroir pour se rendre compte qu’il existe des dizaines de soupes et de potages. Par exemple, la préparation des sarmale, ces rouleaux de choux farcis de viande et de riz, varie d’une région à une autre. Et alors, pour vivre d’une manière authentique et découvrir vraiment d’où nous venons et ce qu’est la Roumanie, cela vaut la peine de parcourir Via Transilvanica parce que je crois que c’est une différence majeure entre visiter une ville et découvrir un pays en profondeur. »
Chaque voyageur aura la possibilité d’identifier sur ce sentier son segment préféré. Il s’agira peut-être des charmants villages des monts Cernei ou bien du paysage lunaire de Fundătura Ponorului, des lieux d’une rare beauté. Ce ne sont que quelques-uns des trésors à découvrir loin de l’agitation des grandes villes. Tibi Ușeriu dévoile quelle est la région qu’il aime le plus :
« En arrivant en Bucovine, dans le nord de la Roumanie, j’ai été étonnée parce qu’elle était un peu différente de l’idée que j’en avais. J’ai aimé le plus la région des localités d’Inelet, de la Vallée de Cerna, dans le sud-ouest, près du Danube. J’ai rencontré des gens très hospitaliers et aimables et j’ai découvert des paysages à couper le souffle, que je ne croyais pas exister en Roumanie. Donc, Fundătura Ponorului, la vallée de Cerna. »
Un projet avant tout social
Via Transilvanica est pourtant plus qu’un projet sur le passé et les traditions. C’est un moteur de développement pour les communautés rurales, une chance donnée à la renaissance de certaines communautés en détresse. Les randonneurs qui sillonnent cet itinéraire sont plus que de simples touristes, ils font partie d’un circuit social vivant, qui génère l’admiration et le soutien économique dans des régions où la vie est souvent un véritable combat. En acquérant des produits locaux ou en passant des nuits dans le gîte rural d’un habitant, les touristes contribuent directement à la survie d’un univers fragile. Alin Ușeriu explique cette dimension sociale essentielle :
« Via Transilvanica n’est pas une marque touristique. Elle est perçue de cette manière et je suis très heureuse qu’elle le soit, mais elle est d’abord un circuit social, qui cherche des solutions, et qui en a déjà identifié quelques unes, qui offre quelque chose qui n’a plus été offert depuis longtemps dans l’espace rural : l’admiration. L’espace rural risque de disparaître. Cette hémorragie d’habitants a laissé cet espace dépeuplé et c’est très dangereux, parce que le cœur de l’ADN roumain étaient en fait la petite ferme rurale et de montagne. Ces unités, qui ne sont plus utilisées, sont une radiographie de la société actuelle, chacun doit s’assoir à la même table et se lancer sur un autre chemin ».
Plus qu’une randonnée, une quête de soi
Alors, pourquoi choisir de parcourir, ne serait-ce que pour quelques jours, cet itinéraire ? Parce que c’est un défi, une aventure et une opportunité unique de vous reconnecter à la nature de manière profonde. C’est un voyage qui ne se mesure pas uniquement en kilomètres, mais en expériences, en nombre d’amitiés nouées sur la route et surtout en découvertes. Pour Alin Ușeriu le voyage est une véritable mission :
« Via Transilvanica » devrait être vécue comme une mission. La meilleure façon de se découvrir c’est de marcher à pied. Je l’ai découvert moi-même. J’ai déjà fait trois grands itinéraires, un en Espagne, en France et au Portugal, un autre au Japon et j’ai déjà parcouru une fois la Via Transilvanica. C’est la deuxième fois que je le fais. C’est le deuxième investissement que je fais en moi-même. Cette Via Transilvanica devrait être abordée telle quelle et il faudrait la parcourir le cœur ouvert afin de la découvrir. Et c’est en fin de compte mon conseil pour tous ceux qui nous écoutent : parcourez Via Transilvanica et vous allez vous découvrir vous-mêmes, ce qui est probablement ce que l’on a de plus précieux et ce qui est le plus recherché de nos jours».
Il ne vous reste plus qu’à taper viatransilvanica.com, afin de choisir un segment d’itinéraire et en route !