Apprendre à reconnaître les « Fake news »
Face à la multiplication des infox, les
médias responsables sont devenus de plus en plus actifs dans leurs efforts
d’éduquer le public afin de lui apprendre à se protéger de la désinformation.
Un premier pas à faire: définir correctement les termes. Tandis que les infox
ou les fake news sont des informations mensongères qui déforment la réalité, la
désinformation, elle, cache l’intention d’un média de manipuler à travers des
infos volontairement truquées ou hors du contexte. C’est ce que soutient
Cristina Lupu, chargée des programmes mis en place par le Centre pour un
Journalisme indépendant qui depuis 2017, propose des cours d’éducation aux médias.
Ces ateliers s’adressent notamment aux professeurs de lycée censés, par la
suite, à transmettre toutes ces informations en classe. Une grande partie des
infox se retrouvent sur les réseaux sociaux, les lieux de socialisation de la
plupart des jeunes.
Christine Leșcu, 28.12.2022, 00:58
Face à la multiplication des infox, les
médias responsables sont devenus de plus en plus actifs dans leurs efforts
d’éduquer le public afin de lui apprendre à se protéger de la désinformation.
Un premier pas à faire: définir correctement les termes. Tandis que les infox
ou les fake news sont des informations mensongères qui déforment la réalité, la
désinformation, elle, cache l’intention d’un média de manipuler à travers des
infos volontairement truquées ou hors du contexte. C’est ce que soutient
Cristina Lupu, chargée des programmes mis en place par le Centre pour un
Journalisme indépendant qui depuis 2017, propose des cours d’éducation aux médias.
Ces ateliers s’adressent notamment aux professeurs de lycée censés, par la
suite, à transmettre toutes ces informations en classe. Une grande partie des
infox se retrouvent sur les réseaux sociaux, les lieux de socialisation de la
plupart des jeunes.
Cristina Lupu explique:
La
plupart d’entre nous pensent que les jeunes d’aujourd’hui sont mieux préparés
que les adultes puisqu’ils ont Internet à la portée de la main depuis la
naissance. Or, il suffit de les regarder de plus près pour constater qu’ils
sont tout aussi perdus que nous, car la navigation en ligne en toute sécurité
est devenue dernièrement particulièrement difficile. On a du mal à lutter
contre cette avalanche d’informations, quel que soit notre âge. D’habitude, les ados ne s’intéressent pas aux mêmes
informations que nous, les adultes. »
Même si en théorie les adultes s’intéressent aux informations plus
sérieuses, il leur arrive souvent d’être victimes de la désinformation, soit
parce qu’ils ne vérifient pas les sources, soit parce qu’ils manquent d’esprit critique. Cristina Lupu, responsable
de programmes auprès du Centre pour un Journalisme indépendant affirme :
« Aux jeunes qui participent
à nos cours, on leur apprend que lorsqu’on s’intéresse aux médias on le fait
pour renforcer nos points de vue, nous sentir plus intelligents que d’autres et
développer nos propres opinions sur le monde. Voilà donc que les raisons qui
nous poussent vers les informations. Même si les ados s’intéressent notamment
aux films, à la musique, à différents comédiens, ils cherchent aussi d’autres
informations, comme nous le disent les lycéens en Terminale ou en Première avec
lesquels on travaille. Ils se posent toute sorte de questions auxquelles ils
cherchent à avoir des réponses : qu’en-est-il de l’avenir de
l’éducation ? Quels sont les métiers de l’avenir ? Quel impact la
pandémie aura-t-elle sur la société ? Il faudrait avoir davantage d’information concoctée d’une
manière intéressante avant de déplorer la totale indifférence des jeunes envers
les infos ».
Parmi ses objectifs de base, le Centre pour un
journalisme indépendant se fait une priorité du développement de l’esprit
critique chez les élèves, à travers des informations correctes offertes
pendant les heures de langue et de littérature roumaine, de l’école.
Cristina
Lupu:
Pour nous, il
n’est pas intéressant que les adolescents apprennent à écrire des infos. En
revanche, à force de le faire, ils finissent par apprendre les éléments d’une
information bien rédigée. Voilà pourquoi, à partir du moment où ils
commenceront à lire des infos, ils seront capables d’observer les points
faibles ou encore les pédales sur lesquelles l’auteur veut appuyer pour
déclencher une réaction émotionnelle très forte. Prenons, par exemple, le cas
de la pièce de théâtre Une lettre perdue de Caragiale. L’éducation aux médias
s’avère très importante pour le professeur afin qu’il arrive à bien expliquer
en classe ce chef d’oeuvre de la dramaturgie roumaine. Car, une telle éducation
lui permettrait de discuter avec ses élèves de l’indépendance éditoriale, de la
liberté de la presse, de l’utilisation des médias à des fins personnelles,
comme c’est le cas dans cette pièce.
Une autre démarche éducationnelle mise en place pour lutter plus
efficacement contre les infox est la plate-forme virtuelle Antifake. Réalisées
par des étudiants et des jeunes professeurs aux facultés du Journalisme et des Sciences de la
communication, cet outil se propose d’offrir des informations réelles et de
démonter celles fausses. Les Internautes se voient mettre à leur disposition
une section entièrement consacrée aux infox sur la guerre en Ukraine, mais pas
que, témoigne Florin Zeru, chercheur et coordinateur de la plate-forme
Antifake :
Récemment, on a
lancé une nouvelle section, Green Anti-Fake qui comporte la synthèse des
informations écologiques les plus importantes sur le climat, les inovations
technologiques ou encore les solutions adoptées par les pays ou les
entreprises. Bien évidemment, on a aussi une analyse rapide des informations
erronées que l’on trouve sur les sites occidentaux, y compris en Roumanie.
Comment cette analyse fonctionne-t-elle? Florin Zeru nous
explique:
C’est une
démarche qui repose sur des
contenus des plus divers, des articles parus sur les réseaux sociaux, des vidéos,
des informations publiées sur des sites, sur des blogs. La sélection de ces
contenus se fait en fonction de leur risque potentiel de devenir viraux et de
semer la confusion ou la panique. Notre processus de vérification se fait en
plusieurs étapes. On commence par une révision des analyses de vérification des
faits réalisées par d’autres organisations, surtout dans le cas des infox ayant
circulé au niveau international. Ensuite, on fait des recherches dans l’espace
virtuel et dans les données de base disponibles pour trouver les sources qui
ont provoqué ce contenu trompeur. Après, on s’adresse à des experts afin de
demander leur avis et parfois, on demande des éclaircissements aux autorités.
Nous consultons aussi des publications, des études ou des enquêtes disponibles.
Chaque conclusion s’accompagne de liens vers la source qui nous a fourni les
déclarations ou les preuves. Tous nos propos sont accompagnés de tels liens ».
Aux dires de Florin Zeru, il n’y a pas de meilleure formation pour ceux qui
souhaitent s’informer correctement que de participer à de tels processus de
vérification de faits.