Le recensement des cigognes blanches en Roumanie
Du 10 juin au 15 juillet 2025 aura lieu la deuxième phase du Recensement International des cigognes blanches en Roumanie. Cette initiative est coordonnée par la Société Ornithologique roumaine, dans le cadre d’une démarche européenne qui a lieu tous les dix ans. Si les bénévoles ont recensé plus de 3.300 nids en 2024, la phase actuelle vise à compléter les données de terrain.

Daniel Onea, 27.06.2025, 10:26
Un recensement international
Du 10 juin au 15 juillet 2025 aura lieu la deuxième phase du Recensement International des cigognes blanches en Roumanie. Cette initiative est coordonnée par la Société Ornithologique roumaine, dans le cadre d’une démarche européenne qui a lieu tous les dix ans. Si les bénévoles ont recensé plus de 3.300 nids en 2024, la phase actuelle vise à compléter les données de terrain.
Alida Barbu, biologiste à la Société Ornithologique roumaine, explique que le recensement implique non seulement la collecte de données sur le terrain, mais aussi leur traitement numérique, la cartographie des nids sur des cartes interactives et l’analyse en temps réel des résultats. La plateforme en ligne dédiée au projet offre des informations mises à jour, favorisant la collaboration entre spécialistes et grand public.
Alida Barbu : « Le Recensement international des cigognes blanches se déroule une fois tous les dix ans dans tous les pays où cette espèce niche, afin de disposer d’une vue globale de la population de cette espèce et de pouvoir comparer les informations collectées pour évaluer l’évolution de l’espèce dans la durée. Dans des pays comme la Roumanie ou la Pologne, qui ont de vastes territoires et de nombreux nids de cigognes blanches mais un nombre limité de bénévoles, le recensement international se déroule sur une période de deux ans afin de couvrir le plus grand nombre de territoires possible et d’enregistrer un maximum de nids. »
Comment se déroule sur le terrain ce recensement ?
Alida Barbu : « Pour que les données soient comparables, nous recommandons aux bénévoles de jeter leur dévolu sur le territoire d’une localité, d’une commune. Ils parcourent à pied, rue par rue, le territoire choisi, afin de repérer autant que possible tous les nids de cigognes blanches. Lorsqu’un nid est trouvé, le bénévole doit se rapprocher du support sur lequel le nid est installé, le plus souvent un poteau électrique, et marquer la position du nid, les coordonnées GPS, dans l’application « Uite Barza ! », « Voilà la cigogne ! ». Ensuite, il doit ajouter des informations sur le type de support, le nombre de petits, s’éloigner un peu et prendre une photo du nid. »
Encourager la participation des élèves
Le recensement des cigognes blanches comprend également une composante éducative. Les organisateurs encouragent la participation des élèves, des enseignants et des familles, intégrant l’action dans des programmes d’éducation à l’écologie. Les participants apprennent ainsi à observer la nature, à identifier les espèces et à comprendre les processus écologiques, tout en contribuant à un effort scientifique réel. Cette initiative est un exemple de collaboration efficace entre la société civile, le milieu académique et le secteur privé, parvenant à mobiliser des ressources humaines et technologiques au service de la conservation de la biodiversité. Chaque année, des milliers de personnes contribuent bénévolement à cette recherche, renforçant le réseau national d’observateurs des cigognes.
Devenir bénévole
Nous avons demandé à Alida Barbu comment peut-on devenir bénévole du recensement des cigognes blanches :
« Tous ceux qui désirent prendre part au recensement peuvent s’inscrire sur notre site, sor.ro. Nous avons un formulaire qui vous permettra de choisir la localité dans laquelle vous désirez vous engager dans cette action. Il faudra installer ensuite l’application susmentionnée et voilà, vous êtes prêt à partir sur le terrain. C’est aussi simple que cela. L’année dernière, nos bénévoles ont identifié 3.301 nids de cigognes blanches. Mais, selon nos estimations, il y aurait en Roumanie entre 7.000 à 7.500 couples reproducteurs, donc des nids actifs. Cela signifie qu’il reste encore environ 4.000 nids à identifier, à trouver et à localiser avec précision. »
Bilan du recensement précédent
Le recensement précédent des cigognes blanches a apporté son lot de défis, testant la capacité des organisateurs, des bénévoles et de l’ensemble du système de surveillance à fonctionner efficacement dans des conditions en rapide évolution. L’un des plus grands obstacles a été la météo instable. Les mois de juin et juillet ont été marqués par des épisodes de pluies torrentielles, des tempêtes locales et des températures fluctuantes. Aussi, plusieurs sorties sur le terrain ont dû être reportées ou effectuées dans des conditions difficiles, limitant le temps disponible pour observer les nids. Dans certaines régions, l’accès a été compliqué par des routes impraticables ou des inondations locales, en particulier dans le sud de la Moldavie et à l’est de la Transylvanie.
Quelques difficultés
Une autre difficulté majeure est liée à la dynamique des habitats. Dans de nombreuses régions, les transformations agricoles rapides, telles que le passage des pâturages aux cultures intensives, ont modifié le paysage. Les zones humides, les fossés et les marais, sources de nourriture essentielles pour les cigognes, ont été partiellement asséchées ou remplacées par des terres cultivées. De plus, un nombre croissant de nids abandonnés ou non occupés a été signalé, en particulier dans les départements du centre et de l’ouest du pays. Les causes ne sont pas entièrement clarifiées, mais les hypothèses ne manquent pas : une migration échouée, le manque de nourriture, la pression humaine et les changements dans l’infrastructure locale en font partie. Ces constats ont soulevé des questions sur l’avenir de l’espèce dans certaines zones.
En 2025, de nouveaux défis sont à prévoir, comme nous l’explique Alida Barbu, biologiste à la Société Ornithologique Roumaine :
« Un défi est que notre application ne fonctionne pas sur les dernières versions d’Android, mais mes collègues ont trouvé une solution de contournement. Si un bénévole ne peut pas installer l’application ou ne sait pas l’utiliser correctement, il doit nous écrire et nous vous fournirons les informations qui vous permettrons de résoudre le problème. Un autre défi est de traverser ces territoires d’un bout à l’autre, de rechercher soigneusement tous les nids de cigognes blanches. Bien que la plupart d’entre elles fassent leur nid sur des poteaux électriques, généralement au bord des routes, il arrive que les cigognes nichent sur des maisons ou leurs annexes, voire dans des arbres. Nous recommandons aux bénévoles de parler avec les habitants, car ils savent souvent où se trouvent les nids de cigognes blanches et peuvent ainsi fournir des informations précieuses. »
Tout cela fait que le recensement des cigognes blanches constitue une initiative complexe, comprenant à la fois une vocation scientifique, mais aussi éducative et civique. La cigogne blanche est une espèce protégée par la loi et un symbole de la biodiversité rurale. Le recensement contribue à la surveillance des changements climatiques, de l’état de santé des habitats agricoles et de l’impact de l’homme sur la faune. Aussi, les informations collectées aident à prendre les meilleures décisions en matière de conservation, d’aménagement du territoire et d’éducation écologique. (Trad Ionut Jugureanu)