L’éco-tourisme pour protéger la nature
La Roumanie est un pays au patrimoine naturel impressionnant, une diversité qui l'a transformée en une destination de plus en plus convoitée aussi bien des touristes roumains qu'étrangers. Mais l’engouement touristique cache une conséquence alarmante : la destruction de l’environnement naturel. Solution : l'éco-tourisme.
Daniel Onea, 29.08.2025, 11:53
Les conséquences du tourismes sur l’environnement
La Roumanie est un pays au patrimoine naturel impressionnant : forêts vierges, paysages ruraux pittoresques, cette merveille de la nature que représente le delta du Danube, tout comme la grande variété d’espèces végétales et animales présente sur son territoire. Cette diversité a transformé le pays en une destination de plus en plus convoitée aussi bien des touristes roumains que par les étrangers.
Mais l’engouement touristique cache une conséquence alarmante : la destruction de l’environnement naturel. Aussi, l’une des formes les plus visibles de cette destruction est la déforestation, souvent motivée par la création d’infrastructures d’hébergement. Autre effet indésirable du tourisme: la pollution, souvent matérialisée dans les montagnes de déchets abandonnées par les visiteurs dans les forêts, sur les plages ou en montagne. Plastiques et restes alimentaires finissent souvent dans l’eau des rivières, menaçant la faune et la flore. Pour tenter de renverser la vapeur, de nouveaux concepts se sont imposés : tourisme écologique, tourisme vert et écotourisme.
Pratiquer un tourisme soucieux de l’environnement
Des termes différents, que Bogdan Papuc, directeur exécutif de l’Association roumaine d’Écotourisme, explicite :
« Nous avons tous les ingrédients pour devenir la destination numéro un de l’écotourisme en Europe. Après tout, ce sont des termes techniques que nous, professionnels du tourisme, utilisons. Les gens, lorsqu’ils partent en vacances et passent un bon moment, ne se soucient probablement pas de savoir dans quelle catégorie de tourisme leur séjour s’inscrit. Pourtant, pour nous, ces distinctions font sens dans notre travail quotidien. Aussi, il existe des différences importantes entre ces concepts. Et sans vouloir entrer dans les détails, il faut savoir que la distinction essentielle entre, par exemple, écotourisme et tourisme écologique réside principalement dans leurs champs d’action. Le tourisme écologique se préoccupe surtout de l’impact sur l’environnement naturel, alors que l’écotourisme va plus loin : il inclut le respect et le soutien des communautés locales, leur bien-être économique, la valorisation de la culture locale et une approche honnête du marketing. Il ne s’agit pas de promettre aux touristes des choses irréalistes ou impossibles à vivre une fois sur place. »
Le tourisme motorisé, comme les randonnées en quad ou en motoneige, cause des dégâts au sol et effraie les animaux. En montagne, ces engins laissent des traces profondes et favorisent l’érosion.
Redécouvrir la culture rurale
La circulation intense vers les lieux de villégiature constitue une autre source de pollution. En période de forte affluence, les routes qui mènent aux stations deviennent des foyers de pollution, et l’air devient irrespirable. Bogdan Papuc :
« En effet, l’écotourisme consiste à profiter de la nature tout en minimisant notre impact sur elle. Nous ne promouvons ni la chasse ni les activités motorisées hors-piste. Ce que nous encourageons, c’est la redécouverte de la culture rurale et la réappropriation d’un mode de vie. Par exemple, prenez, lorsque vous allez dans le nord de la Roumanie, dans la région du Maramureș, à mon sens un bon écotouriste ne se contente pas de cocher des attractions ou de prendre des photos des églises en bois. Il essaye de comprendre, de métaboliser une réalité, un mode de vie différent des siens. Et pour y parvenir, il peut faire appel à un guide local, une personne du coin qui peut expliquer mieux que quiconque la culture locale, la civilisation du bois, qui a été conservée d’une manière remarquable dans cette région. »
Les cartes « Découvre l’ÉcoRoumanie »
Évidemment, partir à la découverte de la nature et des communautés locales nécessite aussi des informations spécifiques et des cartes adaptées. Bogdan Papuc :
« Les cartes « Découvre l’ÉcoRoumanie » sont quelque peu atypiques. Les cartes touristiques classiques, en particulier celles des zones montagneuses, ne montrent que le relief. Elles ignorent souvent les villages situés au pied des montagnes. Ce nouveau concept cartographique réunit à la fois les villages, les services touristiques disponibles sur place et les itinéraires de randonnée ou d’observation dans les montagnes. Ainsi, les touristes peuvent séjourner dans les villages, vivre au rythme et partager le quotidine des gens du coin, tout en accédant facilement aux activités de plein air : randonnées, VTT, observation de la flore et de la faune et ainsi de suite. »
Par ailleurs, les produits écotouristiques certifiés doivent avoir été reconnus par un organisme tiers censé confirmer leur respect à l’égard d’un ensemble spécifique de critères, explique encore Bogdan Papuc :
« Il ne suffit plus qu’un gîte ou qu’une région se définisse comme des partisans de l’écotourisme. Car parfois, ce n’est tout simplement pas le cas. C’est pourquoi la certification est réalisée par des entités indépendantes, qui attestent que l’entité en question respecte un certain standard. En réalité, il s’agit d’un label, d’une reconnaissance de qualité. »
Quelle serait donc aujourd’hui la place de l’écotourisme roumain dans un monde globalisé ? Bogdan Papuc :
« Je ne voudrais pas vous faire du nombrilisme. Nous aimons croire, nous nous voyons souvent comme une destination européenne centrale en matière d’écotourisme. Et cela peut être vrai pour certains publics, dont notamment celui du Royaume-Uni, où l’image de la Roumanie a été grandement renforcée par l’intérêt soutenu du roi Charles III pour la Transylvanie, pour la richesse de la nature et de la culture traditionnelle de cette région. Mais il y a de nombreux autres marchés, prenez les pays nordiques ou les Pays-Bas, où la Roumanie est encore très méconnue. Je vous le dis d’expérience : nous participons à de nombreux salons internationaux, et nous avons été surpris de voir combien de visiteurs nous disaient qu’ils avaient voyagé partout dans le monde… sauf en Roumanie, un pays dont ils ignoraient tout. Ce n’est pas de leur faute. Malheureusement, nous avons du mal à promouvoir efficacement notre richesse et l’inédit, les particularités de cette dernière. Lorsque l’on parle de la Roumanie dans la presse étrangère, c’est souvent pour mettre en avant nos travers. Il n’y a pas de stratégie publique active ou proactive de communication pour promouvoir l’image de marque de la Roumanie. Cela devrait être la tâche du gouvernement, des ministères, des ambassades et des centres culturels. »
Il n’en est pas moins que la Roumanie possède une opportunité unique : devenir un exemple d’équilibre entre tourisme et protection de la nature. Mais pour y parvenir, faudrait-il encore dessiner et assumer une vision à long terme et, surtout, respecter, chérir et protéger l’environnement naturel et culturel que nous avons eu la chance d’hériter. (Trad Ionut Jugureanu)