Plusieurs dates de fêter le Noël
Bien que la plupart du monde fête Noël le 25 décembre, il y a aussi des régions où cette célébration est fêtée en Janvier. Nous passons en revue les différentes dates de célébration de cette fête à travers le monde.
Andra Juganaru, 23.12.2025, 10:41
Bien que la plupart du monde fête Noël le 25 décembre, il y a aussi des régions où cette célébration est fêtée en Janvier. Dans les minutes suivantes, nous vous invitons à connaître les différentes dates de célébration de cette fête à travers le monde.
Les débuts de la célébration dans l’Empire romain
L’Empire romain utilisait un calendrier lunaire, basé sur les phases de la lune. En théorie, ce calendrier était synchronisé avec les saisons grâce à l’ajout d’un mois intercalaire à distance de quelques années.
Cette décision revenait au Pontifex maximus, le grand prêtre de Rome. Pourtant, ce système suscitait des mécontentements, car l’introduction du mois intercalaire pouvait être subjective. D’ailleurs, comme l’année lunaire déterminait la durée du mandat du Pontifex maximus, il n’était pas rare qu’un grand prêtre puisse ajouter un tel mois pour des raisons personnelles.
C’est Jules César qui a chargé l’astronome Sosigène de concevoir un calendrier solaire, basé sur le fait que la Terre a besoin de 365 jours et un quart pour faire le tour du Soleil. Ce calendrier a introduit les 12 mois que nous connaissons aujourd’hui, chacun comptant 30 ou 31 jours, à l’exception de février qui en compte 28 (ou 29 les années bissextiles, qui survenaient automatiquement tous les quatre ans). Ce calendrier est entré en vigueur en 45 avant J.-C.
Au IVè siècle, lorsque le christianisme est devenu reconnu dans l’Empire romain, la fête de Noël a commencé à être célébrée publiquement. L’un des objectifs les plus importants des chrétiens était d’éliminer les traces du paganisme, ou de les transformer et de les christianiser. Par exemple, La célébration de la naissance du Soleil Invincible (natalis solis invicti), instaurée par l’empereur Aurélien en 274, était célébrée à Rome le 25 décembre. Comme ces festivités étaient très appréciées par les chrétiens, l’Eglise a décidé de célébrer la naissance de Jésus le 25 décembre et l’Epiphanie le 6 janvier. Cette pratique était facile à justifier par les enseignements de la Bible, car le Sauveur Jésus-Christ y est appelé « le soleil de la paix et de la justice ». Ainsi, à partir de 336, les chrétiens ont-ils adopté cette nouvelle tradition venue de Rome et ont commencé à célébrer Noël le 25 décembre.
C’est une date qui existait d’ailleurs dans quelques communautés chrétiennes, car le manuscrit le plus ancien qui l’atteste est le Chronicon, écrit vers 235 par Hippolyte de Rome.
Quant au calendrier utilisé, en fait Sosigène, l’astronome de Jules César, avait surestimé la durée de l’année de plus de 11 minutes, ce qui explique qu’au Moyen Âge, le calendrier n’était plus aligné sur les saisons.
La réforme du calendrier – le Calendrier grégorien
Ce ne fut qu’au XVIe siècle que l’Eglise catholique a décidé de réviser le calendrier et c’est le pape Grégoire XIII qui en a supervisé la réforme lors du concile de Trente (1545-1563). Dans les pays catholiques, le nouveau calendrier est entré en vigueur en 1582, lorsque le jeudi 4 octobre a été suivi du vendredi 15 octobre. Par conséquent, ceux qui suivaient le calendrier grégorien, réformé, ont commencé à célébrer Noël à des dates différentes de ceux qui ont conservé le calendrier julien.
Bien que plus précis, le calendrier grégorien a été adopté avec prudence en dehors du monde catholique. D’autres pays européens l’ont introduit progressivement. Par exemple, la Grande-Bretagne ne l’a adopté qu’en septembre 1752, tandis que la Grèce a attendu l’an 1923.
De nombreuses Eglises ont continué d’utiliser le calendrier julien jusqu’à aujourd’hui ou jusqu’à très récemment. Par exemple, l’Eglise gréco-catholique ukrainienne a poursuivi l’utilisation du calendrier julien, même après son entrée en pleine communion avec le pape à la fin du XVIe siècle. C’est à peine en 2023 qu’elle a adopté le calendrier grégorien, pendant la guerre entre l’Ukraine et la Russie, probablement pour se séparer de l’Eglise orthodoxe russe, qui utilise toujours le calendrier julien.
Révision du calendrier julien
Mais revenons au calendrier julien, pour vous dire qu’au début des années 1920, le mathématicien et astronome serbe Milutin Milanković a proposé de réviser le système afin d’introduire un autre plus précis et de corriger l’écart entre les calendriers julien et grégorien. Une commission mixte, composée de membres du gouvernement grec et de l’Eglise orthodoxe grecque, a examiné la proposition lors d’une réunion sur la réforme du calendrier. C’est dans ce contexte que l’Etat grec a finalement opté pour le calendrier julien révisé, qui coïncidait désormais au calendrier grégorien.
Aujourd’hui, la plupart des Eglises orthodoxes, y compris l’Eglise roumaine, utilisent le calendrier julien révisé, qui sera identique au calendrier grégorien jusqu’à l’an 2800. Seules six Eglises orthodoxes conservent l’ancien calendrier julien : il s’agit des Eglises géorgienne, macédonienne, polonaise, russe, serbe et le Patriarcat orthodoxe grec de Jérusalem. Même si au Moyen-Age le décalage entre les deux calendriers était de 10 jours, maintenant cette différence a augmenté à 13 jours. D’où ce décalage entre le 25 décembre et le 7 janvier pour la fête de Noël chez les différents orthodoxes.
Les Eglises orthodoxes non-chalcédoniennes
Les systèmes expliqués jusqu’ici ne sont pas les seuls à être utilisés à travers le monde pour calculer la date de Noël. Et pour cause.
En 451, au Concile de Chalcédoine, certaines Eglises se sont séparées du reste du christianisme. Cette rupture a été causée par des divergences philosophiques et théologiques concernant la divinité et l’humanité de Jésus : les deux camps le reconnaissaient comme pleinement homme et pleinement Dieu, mais exprimaient ce mystère dans des manières différentes, en utilisant des argumentations différentes.
Par conséquent, l’Eglise copte suit l’ancien calendrier copte, qui comprend 13 mois : 12 mois de 30 jours suivis d’un mois de cinq jours, ce dernier passant à six jours lors des années bissextiles coptes. Les années bissextiles surviennent automatiquement tous les quatre ans, comme dans le calendrier julien. Quant aux Eglises éthiopiennes et érythréennes Tewahedo, elles utilisent essentiellement le même calendrier. C’est pourquoi Noël est ici célébré toujours le 25 décembre du calendrier julien, soit le 7 janvier du calendrier grégorien.
L’Eglise arménienne
Mais il faut dire aussi que le 25 décembre et le 7 janvier ne sont pas les seules dates de célébration de la fête de Noël. Les Arméniens marquent la naissance de Jésus le 6 janvier. Voici pourquoi.
Les théologiens de l’Eglise arménienne ont commencé par la prémisse qu’il est impossible de fixer une date précise pour la naissance de Jésus, car la Bible ne la mentionne pas. Qui plus est, chez les Arméniens la tradition était dès le début de célébrer sa naissance et son baptême le même jour, à savoir le 6 janvier. La raison : le premier témoignage écrit concernant la date de célébration de la naissance de Jésus a été marqué par saint Clément d’Alexandrie, théologien du IIIè siècle.
Un siècle plus tard, la même tradition était remarquée dans le Journal de voyage de l’aristocrate Egérie de Bordeaux, datant de 386, contenant des récits de cérémonies qu’elle avait observées lors de son pèlerinage en Israël. Selon ses récits, les chrétiens se rendaient à Bethléem avant l’aube pour célébrer la naissance de Jésus et se déplaçaient vers le Jourdain pour célébrer son baptême le même soir. Autre preuve à l’appui : toujours au IVe siècle, le pape Sirice affirmait également que le 6 janvier était la naissance de Jésus.
Comme l’Arménie ne se situait pas à l’intérieur des frontières de l’Empire romain, elle n’observait la tradition de fêter le Soleil invincible. C’est la raison pour laquelle même après l’invention de l’alphabet arménien en 405, la tradition liturgique, les cérémonies et le calendrier liturgique avaient toujours marqué la fête de la Nativité de Jésus le 6 janvier.
Voilà, donc, pourquoi le monde chrétien célèbre la Nativité de Jésus le 25 décembre, le 6 janvier et le 7 janvier.