Giuseppe Tateo d’Italie
Giuseppe Tateo
est né en Italie, à Bari. Il a étudié la littérature et la philosophie à l`Université
de Turin, où il a fait un master en anthropologie culturelle et ethnologie.
Ensuite, il a fait un doctorat en anthropologie sociale à l’Institut Max Plank
en Allemagne. Il a mené une riche activité de recherche auprès de grandes universités
européennes, en Lettonie, en République Tchèque et en Allemagne ; il a bénéficié
d’une bourse de recherche postdoctorale à New Europe College de Bucarest et il
est membre de la Société des Etudes Roumaines.
Hildegard Ignătescu, 27.10.2022, 13:10
Giuseppe Tateo
est né en Italie, à Bari. Il a étudié la littérature et la philosophie à l`Université
de Turin, où il a fait un master en anthropologie culturelle et ethnologie.
Ensuite, il a fait un doctorat en anthropologie sociale à l’Institut Max Plank
en Allemagne. Il a mené une riche activité de recherche auprès de grandes universités
européennes, en Lettonie, en République Tchèque et en Allemagne ; il a bénéficié
d’une bourse de recherche postdoctorale à New Europe College de Bucarest et il
est membre de la Société des Etudes Roumaines.
Comme
l’anthropologie l’exige, il a effectué 16 mois de travail de terrain à
Bucarest, Chisinau, en République de Moldavie et à Sighetu Marmatiei, une
localité qu’il a visitée à plusieurs reprises entre 2011 et 2019. Il nous
explique d’où vient son intérêt pour la Roumanie :
« Bonjour et je vous remercie beaucoup pour
cette présentation. Mon intérêt est venu, disons, d’une manière naturelle et
inattendue, à l’époque où j’étais en Roumanie pour la première fois, pour faire
du bénévolat à Sighetu Marmatiei. J’étais avec un groupe de jésuites italiens qui
avaient mis en place une maison familiale à Maramures il y a 20 ans. Quand je
suis arrivé, j’étais assez jeune, j’avais 17 ans et j’ai appris votre langue assez
vite. L’endroit où j’ai eu la chance de
faire du bénévolat m’a accueilli avec beaucoup de chaleur et j’ai développé beaucoup
de relations d’amitié avec les habitants. J’y suis revenu à plusieurs reprises,
presque chaque été pour plusieurs années, jusqu’au moment où j’ai vraiment commencé
à m’intéresser à l’anthropologie. C’est comme ça que j’ai décidé d’effectuer
mon travail de terrain en Roumanie et Moldavie, deux pays sur lesquels j’ai
fini par écrire mes mémoires de licence et de master. Voilà comment mon intérêt
pour la recherche s’est mêlé à celui pour la langue et la culture roumaine. C’est
comme ça que j’ai vécu deux ans à Bucarest et que la Roumanie est devenue une
partie importante de ma vie.
Giuseppe Tateo
parle très bien le roumain et nous avons voulu savoir à quel point il est
difficile pour un Italien d’apprendre le roumain, en sachant que ces deux langues sont proches :
« C’était plutôt simple. Mon premier
contact avec la langue roumaine date de l’époque où j’étais à Sighetu
Marmatiei. A ce moment-là, j’ai commencé à parler avec les gens des lieux, non seulement
avec les Roumains, mais aussi avec les Magyars qui y vivent. Ces deux langues,
le roumain et le hongrois, complètement nouvelles pour moi, m’ont paru extrêmement
intéressantes. Evidemment, apprendre le roumain ne demande pas autant d’effort
comme c’est le cas de l’apprentissage du hongrois, que je n’ai même pas commencé
à apprendre, tellement c’est compliqué. Ce qui m’a fasciné ce fut la langue
liturgique, utilisée par l’église lors de ses rituels et que j’ai connue grâce
aux recherches que j’ai menées sur l’orthodoxie. Ce langage est proche du
slavon et non pas du latin. A présent, je me force de temps en temps de lire des
livres en roumain ou d’écouter les infos en roumain pour rafraichir mes
connaissances. »
Même s’il a
quitté la Roumanie depuis deux ans déjà, Giuseppe Tateo n’a pas perdu le
contact avec la langue et la culture roumaine et il reste un grand amateur de littérature
et de poésie roumaines. Quels sont ses auteurs préférés ?
« Nichita
Stanescu a été pendant longtemps mon poète préféré, mon premier amour. J’ai même essayé
de le traduire en italien, je le fais encore quand j’ai du temps, je prends ça
comme un exercice d’entrainement pour préserver mon niveau de roumain. Récemment,
j’ai découvert Ion Muresan, mais je ne suis qu’au tout début dans la lecture de
ses oeuvres. Quand il s’agit de littérature et de prose, je pense que les
derniers livres qui m’ont beaucoup impressionné et que j’ai beaucoup aimés ont
été « Depuis deux mille ans » et « Le Journal », les deux
de Mihail Sebastian. Une fois, j’ai essayé de lire « Les Seigneurs du
Vieux Castel » de Mateiu Caragiale, mais c’était trop difficile pour moi,
trop de mots inconnus et j’ai fini par l’abandonner. »
Giuseppe Tateo a
une riche expérience en ce qui concerne la Roumanie. Ses études consacrés à la
construction des églises orthodoxes l’ont emmené partout en Roumanie et l’ont
poussé à rencontrer beaucoup de personnes. Nous pouvons dire, donc, qu’il connaît
la Roumanie profonde. Nous lui avons demandé de partager avec nous ses
impressions sur notre pays.
« La première
fois quand je suis venu en Roumanie remonte à 2007 et maintenait, 15 ans plus
tard, je sens que la société et l’économie ne sont pas forcément devenues plus équitables.
Les gouvernements qui se sont succédé au fil du temps n’ont pas agi au service des
plus vulnérables et, s’il y a un aspect qui devrait être amélioré, cela serait
bien sur plus d’égalité de chances pour les Roumains, quelle que soit leur
classe sociale ou leur ethnie. »
La Roumanie aurait
besoin d’un plus de visibilité, parce qu’elle reste méconnue même des touristes
qui lui rendent visite, et qui n’en voient qu’une petite partie de ce que le
pays pourrait leur offrir. Qu`est-ce que Giuseppe Tateo dirait-il a un étranger
qui voudrait découvrir la Roumanie ?
« Les touristes habituels qui se rendent à
Bucarest risquent de trouver la capitale plutôt moche parce qu’ils n’y restent que quelques jours et
ils ne voient que l’axe Piata Victoriei – Piata Romana – Piata Unirii, l’architecture
socialiste avec ses immeubles en béton et voilà, ça y est. C’est assez triste
parce qu’ils perdent l’occasion de découvrir l’architecture moderne, tellement
fascinante, ou encore les quartiers historiques, arménien et juif. Je pense que
l’image de Bucarest à l’étranger n’est pas assez appréciée. Je commencerais
donc à leur parler de la capitale et de ses merveilles architecturales. J’ai
beaucoup voyagé en Roumanie et des beautés et des merveilles sont partout, partout,
non pas seulement sur la côte roumaine à la Mer Noire ou dans la contrée de Maramures.
Bien sûr, j’ai également aimé les gens avec lesquels je suis entré en contact»
Nous avons demandé
à Giuseppe Tateo d’évoquer un souvenir spécial en rapport avec la Roumanie, une
histoire qui l’a impressionné.
« J’ai une petite croix orthodoxe. Personnellement
je dirais que je suis plutôt agnostique et que mon intérêt pour la religion reste
notamment scientifique et culturel. Mais, une fois, un prêtre orthodoxe m’a
offert sa propre croix, qu’il portait sur lui, même s’il savait que nos points
de vue sont différents et que parfois, j’étais assez critique vis-à-vis de l’Église. Mais il a
quand même voulu me faire ce cadeau qui pour lui, était quelque chose de très
personnel. Ça c’est passé il y a quelques années. Depuis, j’ai gardé
cette croix sur moi. C’est un véritable trésor pour l’anthropologue qui je suis
et un vrai coup de chance. D’abord, parce que j’ai la joie d’être regardé d’un
œil tellement bienveillant. Et puis, parce que j’ai eu le bonheur de rencontrer
des gens accueillants et prêts à m’aider, sans attendre quelque chose en retour.
Pour moi c’est très important. En plus, comme j’habite en Italie, j’entends le
roumain presque tous les jours. Ma famille habite à Turin où vit une grande communauté
roumaine, surtout des villes de Roman et Bacău. Et je pense que c’est très
important pour les gens de se rendre compte que même si cela fait plus de dix
ans que les Roumains représentent la minorité la plus importante d’Italie, pour
la plupart d’entre nous, la Roumanie reste plutôt méconnue. J’aimerais beaucoup
que les relations entre les Roumains d’Italie et les Italiens s’améliorent. Pour
moi, la migration est un argument important, car c’est elle qui m’a permis
finalement d’apprendre le roumain et de découvrir davantage sur la Roumanie. »
a conclu Giuseppe Tateo.