Les déchets organiques, un trésor négligé dans la lutte contre la pollution et pour l’économie verte
Les déchets organiques — restes alimentaires, résidus végétaux, matières biodégradables — constituent une proportion significative des déchets produits quotidiennement. Leur valorisation permet non seulement de réduire ces émissions, mais aussi de produire de précieuses ressources.

Daniel Onea, 12.06.2025, 10:18
Les déchets organiques — restes alimentaires, résidus végétaux, matières biodégradables — constituent une proportion significative des déchets produits quotidiennement. Leur gestion inadéquate, notamment par leur accumulation dans des décharges, engendre de puissants gaz à effet de serre comme le méthane, dont le potentiel de réchauffement est 25 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone. À l’inverse, leur valorisation permet non seulement de réduire ces émissions, mais aussi de produire de précieuses ressources. Le compostage transforme ces résidus en engrais naturel, limitant le recours aux fertilisants chimiques, tandis que la digestion anaérobie permet la production de biogaz — une énergie renouvelable — et de biofertilisants.
Une ressource encore sous-exploitée en Roumanie
Selon Adrian Martău, professeur assistant et chercheur à la Faculté des sciences et technologies alimentaires de l’Université des sciences agricoles et de la médecine vétérinaire de Cluj-Napoca, la question des déchets organiques est encore trop peu présente dans les débats publics en Roumanie.
« Depuis la mise en place de la collecte sélective, il devient crucial d’intégrer aussi la fraction organique dans cette logique. Dans le meilleur des cas, elle est utilisée pour produire du biogaz. Elle englobe tous les sous-produits biodégradables — fruits, légumes, restes alimentaires — avec un potentiel énergétique élevé. Si on les transforme en énergie, c’est idéal. Mais il est essentiel qu’ils ne soient pas abandonnés dans la nature, car leur décomposition peut générer des micro-organismes produisant des toxines. »
Adrian Martău mène notamment des recherches sur la production d’acide lactique à partir de ces déchets:
« L’acide lactique est omniprésent, bien au-delà des produits laitiers auxquels on l’associe. On le retrouve dans les crèmes pour les mains, comme conservateur dans l’agroalimentaire, ou encore comme additif. Ce terme d’additif ne doit pas inquiéter : il s’agit d’un produit biotechnologique, biocompatible, issu de la fermentation par des micro-organismes, donc parfaitement naturel. »
Vers une économie circulaire plus dynamique
Au-delà de l’impact environnemental, la valorisation des déchets organiques constitue un levier essentiel de l’économie circulaire. Elle favorise la création d’emplois dans les secteurs de la collecte, du traitement et de la distribution de compost ou de biogaz, tout en allégeant les coûts liés à la gestion des déchets et en réduisant les volumes envoyés en décharge. Dans une perspective de durabilité, exploiter pleinement le potentiel des biodéchets s’impose non plus comme une simple alternative, mais comme une nécessité stratégique pour bâtir un avenir plus propre, plus résilient et énergétiquement responsable. (trad. Charlotte Fromenteaud)