Escale culturelle à Deseşti, dans le département de Maramureş
Protégée par le sommet Creasta Cocoșului (la Crête du coq) des monts Gutâi, la commune est riche en attractions touristiques, traditions et maîtres artisans.
Eugen Cojocariu et Ana-Maria Cononovici, 03.10.2025, 13:17
Située à environ 42 km de la ville de Baia Mare et à 23 km de la ville de Sighetu Marmației, au nord de la Roumanie, la commune de Desești est traversée par deux rivières – Mara et Râușor. Protégée par le sommet Creasta Cocoșului (la Crête du coq) des monts Gutâi, la commune est riche en attractions touristiques, traditions et maîtres artisans.
Églises et patrimoine mondial de l’UNESCO
L’église de la commune est un des huit lieux de culte du Maramureş inscrits sur la liste du patrimoine de l’UNESCO, comme le raconte Ioan Ardelean, le prêtre de la paroisse de Deseşti:
« Nous nous ventons constamment du fait que notre église est la plus belle des huit! À vrai dire, toutes ces églises sont belles, le Maramureş étant béni de détenir un tel héritage, que nous ouvrons au monde. L’église de Deseşti a été bâtie en 1770 et peinte en 1780 ; sa peinture, qui est probablement la mieux conservée, est réalisée en style post-byzantin, mais à l’aspect rustique, avec un caractère identitaire affirmé, car, si vous regardez les bandes de peinture horizontales qui séparent les différents registres, vous y verrez des motifs floraux, visibles aussi sur les blouses traditionnelles des femmes du Maramureş des voïvodes. »
Valeurs historiques et culturelles
C’est une Chapelle Sixtine du Maramureş, s’enorgueillit le prêtre Ioan Ardelean, qui ajoute:
« Une église naît toujours de la foi d’une communauté de gens. Les villageois ont fait cet effort à une époque, le XVIIIème siècle, marquée d’énormes difficultés ; ils ont ensuite décoré l’église d’une peinture raffinée, et d’icônes précieuses – les vieillards du village racontent qu’une seule en valait une paire de bœufs. Ici se rencontrent, dans un dialogue artistique, Radu Munteanu, le peintre artisan originaire du village d’Ungureni, de la zone de Lăpuş, et Alexandru Ponehalschi, un autre peintre qui porte un nom à la sonorité polonaise et qui avait épousé une femme de la région du Maramureş. »
La candidature de l’église à intégrer le patrimoine de l’UNESCO a imposé d’amples travaux de restauration, explique le prêtre Ioan Ardelean:
« En 1999, l’église a été inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Entre 1996 et 1998, pendant la mise au point du dossier de candidature, il a fallu dérouler des travaux de restauration en profondeur. La peinture en est ressortie pleine de vie, chaleureuse, sublimée par des couleurs-pastel. Les icônes ont suivi le même chemin ; elles sont quatorze, dont quelques-unes ont été récupérées dans l’ancienne église, mise à feu en 1717, lors de la dernière invasion tatare. Nous avons trois icônes de l’ancienne église, la plus ancienne date de 1650, et les deux autres de 1690. »
Événements culturels à Deseşti
A Deseşti, l’on organise également, à l’initiative du prêtre Ioan Ardelean, la Colonie d’art et de solidarité « Le village de l’enfance/Satul copilăriei », où l’art joue un rôle thérapeutique. S’y ajoute une autre, très connue, colonie de création artistique, en l’occurrence de peinture à laquelle ont participé de grands peintres de Roumanie, à travers les années. Et c’est également la commune de Deseşti qui accueille depuis quatre décennies les très connues « Soirées de poésie de Deseşti», re-nommées « Les Soirées de poésie Nichita Stănescu», en hommage au grand poète roumain qui avait lui-même participé à plusieurs éditions. (Trad. Ileana Ţăroi)