Le loup gris
Christine Leșcu, 19.07.2013, 13:37
Dès notre plus jeune âge, les contes nous apprennent que le loup est une créature effrayante et cruelle, véritable personnification du mal. En grandissant un peu, nous découvrons dans les livres d’école et dans les atlas zoologiques, d’autres traits de cette bête : son courage et son intelligence. Et nous apprenons également que c’est lui, en fait, qui est persécuté et tué. Si jadis, les forêts d’Europe étaient peuplées d’un grand nombre de loups, à présent ce grand carnassier a disparu de la majeure partie de l’ouest et du nord du continent. Les populations les plus importantes sont à retrouver dans l’Est de l’Europe, notamment en Pologne et en Roumanie, pourtant là non plus, le nombre d’exemplaires n’est pas trop grand. La Roumanie compte 2 ou 3 mille loups — selon les estimations.
Ana-Maria Diaconescu, chercheur au musée d’Histoire naturelle «Grigore Antipa » de Bucarest, nous parle de la présence du loup en Roumanie. « La Roumanie compte, en effet, le plus grand nombre de loups, pourtant on ignore le nombre exact d’exemplaires, vu que dans certaines régions ils n’ont pas été recensés. Un projet visant les grands carnassiers — le loup compris — est en déroulement dans le comté de Vrancea, à hauteur de la courbure des Carpates. 12% de la population de loups de Roumanie se trouvent dans cette région. C’est que cet animal préfère les zones boisées qui abritent également des troupeaux de biches — celles-ci constituant leur principale source de nourriture. Les loups vivent également dans les régions de montagne et ce n’est que rarement qu’ils descendent dans les plaines. En Moldavie, grande région qui couvre l’Est de la Roumanie, le loup est à retrouver dans toute la chaîne des Carpates Orientales. Et on en trouve aussi en Transylvanie, toujours dans les Carpates — Méridionales, cette fois-ci. Il y a, par exemple, des populations de loups dans les forêts situées à proximité du village de Tilişca, dans le comté de Sibiu. »
L’espèce de loup qui peuple la Roumanie est le « loup gris » ou commun. C’est un animal impressionnant, dont la longueur est comprise entre 105 et 160 cm. Sa hauteur au garrot varie de 75 à 85 cm. Il pèse 40 kilos en moyenne, mais il y a des loups gris qui peuvent atteindre 45 à 50 kilos. En hiver, sa fourrure est épaisse et duveteuse, le protégeant très bien du froid. En été, la couleur de sa fourrure est plus foncée, en hiver elle plus claire. Les loups se nourrissent de lièvres et d’autres animaux rongeurs et même de petits carnivores — tels le martre et le putois. Il attaque parfois les bergeries et les petites fermes isolées.
Ana-Maria Diaconescu. « C’est une des raisons pour lesquelles leur nombre a tellement diminué : ils attaquent les troupeaux de moutons, ainsi que le bétail et les volailles des maisons isolées situées à proximité des forêts. Dans leur tentative de protéger leurs bêtes, les gens ont chassé et tué les loups. C’est pourquoi leur nombre a baissé de manière dramatique. S’y ajoute le braconnage, qui n’a pas été endigué et qui met en danger toutes les espèces, pas seulement le loup. Il faut distinguer donc entre la chasse par laquelle les gens tâchent de se protéger et le braconnage, qui est une activité illégale, pourtant les deux sont une menace pour cette espèce. »
Les défrichages incontrôlés ont également contribué à la disparition des loups, qui ont ainsi perdu leurs habitats. Alors ils ont commencé à migrer vers d’autres zones propices, descendant un peu plus vers les plaines. Pourtant, le loup gris, on ne le rencontre jamais à une très grande altitude. Les loups solitaires sont plutôt rares. Ils vivent en meutes organisées de manière très intelligente.
Ana-Maria Diaconescu explique. « Dans une meute de loups, il y a tout d’abord le couple alpha, constitué des mâle et femelle Alpha. Ils sont les chefs et les seuls à avoir le droit de se reproduire. Les autres femelles de la meute prennent soin les louveteaux de la femelle Alpha. Arrivent ensuite les loups Bêta, qui sont les exécutants du couple Alpha. Ils sont eux aussi très puissants, mais pas assez pour écarter le mâle Alpha ; ce sont eux qui le provoquent au combat. S’il arrive que le mâle ou la femelle Alpha meure, le survivant choisit son ou sa partenaire parmi les loups beta. Les loups qui constituent une meute proviennent de la même famille, il sont en fait des générations différentes de descendants du couple Alpha. Lorsqu’ils ont atteint l’âge mûr, les mâles sont d’habitude chassés de la meute, pour aller organiser leur propre meute, justement pour éviter la consanguinité. »
En Roumanie, comme dans toute l’UE, le loup est une espèce protégée. Il est interdit de le chasser — à l’exception de certaines années, lorsque leur nombre dépasse l’optimum écologique établi par les autorités environnementales. (Aut.: Christine Leşcu; Trad.: Dominique)