Ingo Tegge (Allemagne)
Ingo Tegge, originaire de la ville
allemande de Brême, diplômé de la Free University de Berlin, spécialisé en
management culturel, avait été à la tête du Centre culturel allemand de la
ville de Cluj pendant 6 années, après avoir dirigé l’Institut Goethe de
Johannesburg en Afrique du Sud.
Hildegard Ignătescu, 23.08.2023, 11:21
Ingo Tegge, originaire de la ville
allemande de Brême, diplômé de la Free University de Berlin, spécialisé en
management culturel, avait été à la tête du Centre culturel allemand de la
ville de Cluj pendant 6 années, après avoir dirigé l’Institut Goethe de
Johannesburg en Afrique du Sud.
Arrivé à la fin de son mandat en Roumanie, Ingo
Tegge s’apprête à rejoindre la ville de Zurich. Mais qu’en est-il de son
expérience roumaine ?
« Merci déjà pour m’avoir invité perler sur vos
ondes. La Roumanie, je l’avais pris un peu comme une aventure, un défi au
départ. En fait, j’adore voyager, aller à la rencontre d’autres cultures, d’autres pays. J’étais
précédemment allé en Afrique, en Afrique du Sud, au Nigéria et dans d’autres Etats
africains, avant de m’établir dans le sud de l’Allemagne, à Stuttgart, pendant
près de 6 années. Et pour moi cette partie de l’Allemagne est pour ainsi dire
un peu ennuyeuse. J’étais donc impatient de repartir en mission à l’étranger. J’ai
donc posé ma candidature pour la ville de Cluj, située en Transylvanie. Vous
savez, pour nous autres Allemands, la Transylvanie a cette connotation de terre
mystérieuse, romantique, attrayante. Et je me suis donc lancé à l’aventure. Mais
une fois sur place, j’ai un peu déchanté, car la Transylvanie réelle est moins
surprenante qu’on a tendance à le croire. C’est un endroit où les gens sont
aimables, posés, l’infrastructure est au top, peut-être un peu moins en ce qui
concerne la présence des autoroutes. Mais l’aventure a pris d’autres
significations pour moi, plus personnelles, en épousant une Roumaine. On a deux
enfants, et on est heureux ensemble. »
Ingo Tegge a été fasciné par
la langue roumaine, par certaines de ses expressions, par la tournure de ses
phrases. Il a même lancé un blog intitulé Things I learned about Romania où il recense toutes les expressions
saugrenues qu’il a pu rencontrer dans cette langue. Des
exemples, Monsieur Tegge ?
« Vous savez, pour moi le roumain est une langue
difficile, car faisant partie de la famille des langues latines. Certes, il m’a
été plus facile de l’apprivoiser que le français, par exemple. Et puis, une
fois appris, j’ai commencé à mieux l’apprécier, et j’ai adoré me plonger dans
ses subtilités, dans la manière dont l’on emploie cette langue au quotidien. Et
puis aussi, j’avais relevé dans mon blog des éléments amusants, un peu
ironiques. Voyez-vous, par exemple lorsqu’n plombier arrive chez soi, la
première chose qu’il dira en faignant s’étonner, c’est : « Mais qui
diable vous a fait ce travail ? ». On retrouve ce genre d’approche en
Allemagne aussi, mais pas aussi souvent. Mais mon blog contient plus que des anecdotes
dans ce genre. Je parle de la manière dont on dit les choses. Vous savez, en Allemagne,
on dit les choses de manière très directe, il s’agit de ce que j’appellerais une
communication de bas contexte. Si quelque chose ne va pas, les Allemands diront
juste « non ». Ce n’est pas le cas en Roumanie, l’on n’emploie pas la
langue de la même manière. On contextualise davantage, la communication est
moins directe. »
Mais quelles sont les choses
qu’Ingo Tegge prendra avec lui, après 6 années passées en Roumanie ?
« Je prendrai avec moi beaucoup, énormément de
choses. Ce que j’avais surtout gagné de mon expérience roumaine relève de mon
épanouissement personnel. Je pense être devenu plus flexible, plus spontané
dans mon approche à l’égard des autres. Et je crois que cela me servira en
Suisse. Les Suisses ont cette réputation, à l’instar des Allemands, d’être des
gens inflexibles. Et je crois qu’une approche plus amène serve dans ce
contexte. Et puis, j’emporterai avec moi la cuisine roumaine. Le caviar d’aubergines,
par exemple, dont j’en raffole. Et je ne suis pas le seul, car je n’en connais
pas un seul expat qui ne soit pas devenu tout bonnement dépendant de ce plat.
Enfin, je ne suis pas sûr de pouvoir le reproduire à l’identique en Suisse, car
le goût des aubergines n’est pas le même. Mais j’espère que les parents de mon
épouse auront la gentillesse de nous remettre lors de notre départ un bon bocal
de caviar d’aubergines pour pas que l’on se sente trop dépaysé en quittant la
Roumanie. »
(Trad.
Ionut Jugureanu)