Elvis Tala : du Nigeria à la Roumanie, un parcours de cœur et de résilience
Arrivé en Roumanie à 19 ans, Elvis Tala a depuis visité de nombreuses villes roumaines – Brașov, Ploiești, Cluj, Iași, Timișoara, Miercurea Ciuc – et certaines expériences l’ont surpris.
Hildegard Ignătescu, 27.08.2025, 10:21
Originaire du Nigeria, Elvis Tala est arrivé en Roumanie en 2013. Il y a étudié le transport maritime et l’ingénierie navale à Constanţa, et c’est toujours à Constanta qu’il a également poursuivi un master dans le même domaine. Titulaire également d’un diplôme de coiffeur, il travaille aujourd’hui comme commercial pour une entreprise multinationale à Bucarest. Elvis Tala :
« En réalité, ce n’est pas moi qui ai choisi la Roumanie, c’est la Roumanie qui m’a choisi. J’ai bénéficié d’une bourse au Nigeria, dans le cadre d’un programme d’études, et je suis arrivé ici en décembre 2013. J’ai étudié pendant quatre ans à l’Université Maritime de Constanța, puis j’ai poursuivi avec un master. J’ai ensuite décidé de m’installer à Bucarest à la recherche un emploi, parce que la marine, je me suis rendu compte que ce n’était pas pour moi. Je veux fonder une famille et je ne veux pas être loin des miens. Alors j’ai changé de voie. J’ai travaillé dans un salon de coiffure à Bucarest pendant deux ou trois ans, après la pandémie. Puis j’ai passé un entretien dans l’entreprise où je travaille actuellement. J’ai commencé progressivement, d’abord en tant que responsable d’acquisitions depuis l’Union européenne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Sud, puis j’ai changé de poste et je m’occupe désormais des acquisitions à l’échelle mondiale. »
Il avait 19 ans à son arrivée en Roumanie. À l’origine, il pensait partir aux Philippines, mais ses plans ont changé :
« C’est pour ça que je dis que la Roumanie m’a choisi. Ce fut un choc culturel, surtout avec la neige, je n’en avais jamais vu avant ! C’était très intéressant. La langue aussi a été difficile, et elle l’est encore un peu, mais je l’ai apprise en parlant aux chauffeurs de taxi, à mes amis, à l’université. Aujourd’hui, je trouve la Roumanie un pays fascinant. Elle l’est devenue au fur et à mesure que j’ai appris des choses sur elle, sur son histoire, sur les gens. J’ai découvert aussi que les Roumains sont très amicaux et accueillants. J’ai voyagé en Bulgarie, aux États-Unis, mais je peux dire qu’ici les gens ont la main sur le cœur. Ils se soucient des autres. Pendant la pandémie, j’ai été très touché par la solidarité des gens. Ensuite, quand la guerre en Ukraine a éclaté, j’ai vu une grande générosité et une ouverture extraordinaire envers les Ukrainiens. Cela m’a profondément impressionné. Je trouve que la Roumanie est vraiment un pays accueillant. »
Parmi ses découvertes les plus marquantes, Elvis cite les sarmale (un plat de choux farcis, cuisiné a à la roumaine, et servi souvent à Noel), la découverte de la Roumanie profonde, de ses paysages, des gens, des fêtes traditionnelles…
« J’adore les sarmale ! J’aime visiter le pays, sortir dans le centre-ville, là où les gens font la fête. En Roumanie, faire la fête, c’est quelque chose de sérieux. La première fois que j’ai assisté à un mariage, je ne savais pas qu’il durait toute la nuit. Je suis arrivé, j’ai dansé pendant trois ou quatre heures, puis j’ai demandé : « C’est bientôt fini ? ». Et on m’a répondu : « Personne ne t’a dit ? Ça dure jusqu’à six heures du matin ! ». J’étais interloqué. Mais j’ai dansé, mangé, bu, et c’était formidable. »
Elvis Tala a depuis visité de nombreuses villes roumaines – Brașov, Ploiești, Cluj, Iași, Timișoara, Miercurea Ciuc – et certaines expériences l’ont surpris :
« À Miercurea Ciuc, j’ai vu des drapeaux hongrois partout. Je croyais avoir quitté la Roumanie. Mais mon ami m’a rassuré : « Non, on est encore en Roumanie. » J’ai trouvé ça curieux, mais j’ai aimé. »
Y a-t-il des choses qu’il changerait en Roumanie ?
« Ce qui pourrait s’améliorer, c’est la façon dont les Roumains interagissent entre eux. Moi, en tant qu’étranger, je sens que les gens sont très ouverts et chaleureux avec moi. Et c’est super ! Mais j’aimerais qu’ils soient aussi ouverts les uns envers les autres. »
Depuis son arrivée, Elvis n’est retourné qu’une seule fois dans son pays natal, au Nigeria :
« J’y suis allé une fois pour voir ma mère, mes frères et sœurs. Mon frère m’a rejoint ici, en Roumanie, il y a deux ans. J’aimerais repartir avec lui en décembre prochain, pour passer du temps en famille, puis revenir ici. »
Qu’est-ce qui lui manque du Nigeria ? Et que rapporterait-il depuis son pays en Roumanie ?
« La nourriture. Et ma mère. Mais pour le reste, ici, c’est chez moi. Je me sens bien, j’aime la culture roumaine, le mode de vie, et c’est comme si j’étais chez moi, vraiment. Ce que j’admire ici, c’est l’intérêt des gens pour la politique, leur volonté de comprendre ce qui se passe dans le pays. Chez moi, ce n’est pas pareil, c’est beaucoup plus compliqué. Je sais que c’est difficile dans tous les pays, mais ici, les citoyens sont impliqués, ils se servent des outils démocratiques dont ils disposent, ils veulent savoir ce que font leurs dirigeants. Et ça, c’est une très bonne chose. Si c’était comme ça au Nigeria, les choses iraient beaucoup mieux. » (trad Ionut Jugureanu)