Tests épigénétiques, la clé de l’avenir
Une discipline qui étudie comment nos gènes s’activent ou se taisent sous l’influence de facteurs extérieurs, l’espérance de vie n’est plus une loterie.
Corina Cristea, 03.10.2025, 11:00
S’il y avait une chose de sûre, c’est bien celle-là : Avec l’âge, la fonction physiologique décline et la vulnérabilité aux maladies liées au vieillissement augmente. Pourtant, l’âge inscrit sur notre carte d’identité ne correspond pas toujours à l’âge biologique. Certains paraissent et se sentent plus jeunes, alors qu’ils sont déjà âgés, d’autres se sentent vieux dès la trentaine ou la quarantaine. Pourquoi cela ? La réponse vient de l’épigénétique, ce domaine où la génétique rencontre le mode de vie. En effet, grâce à cette discipline qui étudie comment nos gènes s’activent ou se taisent sous l’influence de facteurs extérieurs, l’espérance de vie n’est plus une loterie. Environnement, alimentation, sommeil, stress, pollution, relations sociales : tous ces éléments influencent l’activation ou la mise en veille de nos gènes. Une personne de 45 ans qui mène une vie saine peut avoir un âge biologique de 38 ans. À l’inverse, un individu de 30 ans soumis au stress chronique, à une alimentation déséquilibrée et au manque de sommeil peut « vieillir » biologiquement jusqu’à 40 ans. Dans cette équation, les tests épigénétiques deviennent une boussole pour la santé et la longévité. Les recherches montrent que les facteurs épigénétiques influencent l’espérance de vie davantage que les gènes eux-mêmes. « La médecine de la longévité est une science à part entière, avec ses multiples branches. Elle s’intéresse à tout ce qui permet aux spécialistes d’anticiper, de prévenir, et de proposer des solutions à court, moyen et long terme, pour ceux qui veulent vieillir en bonne santé, de manière indépendante et active », explique la professeure Luiza Spiru, spécialiste en gériatrie et gérontologie à l’Université de Médecine Carol Davila de Bucarest. Ecoutons-la :
« La période la plus longue de notre vie, c’est après 45-50 ans. C’est alors que surgissent les problèmes familiaux multiples : nos parents commencent à souffrir, nos enfants grandissent, et nous devons assumer les responsabilités qu’avaient nos parents avant nous. Il y a une grande différence entre vieillir, vivre longtemps, et vivre activement et de façon autonome. La différence se fait par l’éducation individuelle. Si nous n’apprenons pas à temps à prévenir les maladies chroniques et à identifier nos propres facteurs de risque, nous ne pourrons pas atteindre cet objectif ».
L’épigénétique : un levier puissant pour comprendre son organisme
Si notre génome est une partition musicale, l’épigénétique en est le chef d’orchestre. Les gènes ne changent pas, mais la manière dont ils sont activés, oui. L’épigénétique montre que nous ne sommes pas prisonniers de notre code génétique : chacun a son mot à dire dans la façon dont ses gènes travaillent pour ou contre lui. Cette découverte bouleverse notre regard sur la santé. Les tests épigénétiques comptent parmi les outils les plus spectaculaires de ces dernières années. Contrairement aux tests ADN classiques qui analysent la structure fixe du génome, les tests épigénétiques mesurent les modifications chimiques de l’ADN pour révéler l’état biologique d’une personne. A nouveau, la professeure Luiza Spiru, également présidente de la fondation Ana Aslan International, pionnière de la recherche sur le vieillissement cérébral. :
« Aujourd’hui, nous avons la chance de disposer de ces informations épigénétiques et génétiques, ainsi que d’analyses de salive ou d’urine qui renseignent sur l’équilibre cortical et mental. Ce sont des biomarqueurs. Je peux savoir si j’ai une carence en minéraux, acides aminés, vitamines, même à partir de la pulpe d’un cheveu. Ce sont des analyses moléculaires qui me disent sur quels leviers agir pour aider la personne ».
Ces tests sont précieux : ils indiquent les risques de maladies cardiovasculaires, métaboliques ou neurodégénératives et révèlent les changements de mode de vie bénéfiques. L’épigénétique démontre que l’héritage génétique compte, mais seulement pour 20 à 30 % de la durée de vie. Le reste dépend en grande partie de nos choix quotidiens : alimentation, activité physique, sommeil, gestion du stress. En clair, les tests épigénétiques ouvrent la voie à la médecine du futur : personnalisée, préventive et prédictive, centrée sur la manière dont le mode de vie imprime sa marque sur le génome.
(Trad. Ionut Jugureanu)