Les musées de Transylvanie à l’honneur, grâce au projet « Muzet »
L’Est de la Transylvanie, un lieu de confluences ethniques et d'histoire vivante, est mis en lumière pour le public national et international grâce au projet « Musées de l’est de la Transylvanie », appelé « Muzet ».
Daniel Onea, 13.11.2025, 10:06
Aujourd’hui on parle d’une région de Roumanie injustement restée dans l’ombre et qui révèle sa richesse culturelle grâce à une initiative moderne et accessible. L’Est de la Transylvanie, un lieu de confluences ethniques et d’histoire vivante, est mis en lumière pour le public national et international grâce au projet « Musées de l’est de la Transylvanie », appelé « Muzet ».
Nous avons discuté avec Alexandru Mihăilă, président de l’association Provil, afin de comprendre la philosophie et l’impact de cette initiative. Son association a pour but la mise en œuvre de projets culturels et la promotion touristique du patrimoine local. Le projet « Muzet » se concrétise par une plateforme numérique complète, comprenant le site web muzet.ro, une page Facebook, une chaîne YouTube et des applications mobiles dédiées pour Android et iOS. Pour mieux comprendre la mission de ce projet, Alexandru Mihăilă nous explique la vision de l’association quant au rôle des musées dans la société actuelle et la genèse de ce projet.
« Nous croyons que les musées sont un pont entre les générations, permettant la transmission des traditions, des coutumes et de divers éléments du passé au présent. Nous pensons également qu’il est de notre devoir de perpétuer ces éléments. Nous avons profité des appels à projets ouverts du gouvernement roumain pour soumettre ce projet. Plus précisément, nous avons déposé deux candidatures : une première fois lors de la première édition, ciblant cinq musées des régions de Harghita et de Covasna, puis une seconde fois, lors de la seconde, en ajoutant cinq autres musées d’une zone géographique voisine, plus précisément de Brașov et de Mureș. »
Le projet, développé en deux phases, concerne dix musées importants, répartis dans quatre départements. L’objectif n’est pas seulement d’attirer les touristes étrangers, mais aussi, et surtout, de reconnecter le public local à son propre patrimoine, un patrimoine que, souvent, les habitants de la région peuvent ignorer.
« L’objectif déclaré était de mettre en lumière le patrimoine culturel et historique de l’est de la Transylvanie et de le rendre accessible au public local. Je dis cela car, souvent, nous avons la tendance de ne pas apprécier ce qui nous entoure. Nous souhaitions que ce projet soit un atout pour les acteurs locaux ainsi que pour les touristes roumains et étrangers. C’est pourquoi nous avons tout traduit en anglais. Tous les éléments du site sont bilingues (roumain-anglais) afin que les touristes de tout le pays, et notamment d’Europe, puissent accéder à ces informations. »
Un musée inédit: le Musée des Chapeaux de Paille à Crișeni
La Transylvanie se révèle être une agréable surprise, notamment grâce à l’originalité de chaque musée. Nous avons demandé à notre invité, Alexandru Mihăilă, président de l’Association Provil, de nous recommander un lieu qui l’avait particulièrement marqué. Bien qu’il ait souligné le charme propre à chaque musée, il a insisté sur un point précis : le Musée des Chapeaux de Paille à Crișeni.
« Tout d’abord, la maison paysanne qui abrite le musée est impressionnante ; elle a plus de 130 ans. J’y ai remarqué, une chose inédite, une entrée séparée pour le chat. Ensuite, j’ai été touché par la chaleur de l’accueil et par le cadre naturel du musée, un lieu qui semble hors du temps, où l’on a l’impression d’avoir remonté le temps. J’ai également été agréablement surpris par l’immense chapeau de paille. Mesurant 2 mètres de diamètre et pesant plus de 2 kilos, il a nécessité plus de 12 jours de travail et environ 500 mètres de matière première, soit environ 22 000 à 23 000 brins de paille et 1 700 à 1 800 mètres de fil. »
Un musée remarquable: le musée d’histoire de Sighișoara
Les recommandations se poursuivent avec un autre point d’intérêt : le musée d’histoire de Sighișoara.
« C’est une destination remarquable et, si je le sais bien, le seul musée de Roumanie organisé verticalement. Bien entendu, le musée fait partie intégrante du patrimoine mondial de l’UNESCO, tout comme l’ensemble du centre de la citadelle de Sighișoara. Ici aussi, les visiteurs découvrent des éléments très intéressants. Je me souviens par exemple d’un autel-foyer de l’âge du bronze, qui servait de calendrier solaire. On y trouve également une maquette très belle et détaillée représentant Sighișoara en 1735. Le musée accueille de précieuses expositions ethnographiques, ainsi que des céramiques saxonnes typiques de la région. Côté mobilier, on peut admirer des pièces exceptionnelles, comme des tables de style rococo ou une commode Biedermeier. Les guildes médiévales qui rythmaient la vie de la citadelle y sont également représentées. A l’avant-dernier étage, on peut voir le mécanisme de l’horloge de la tour, un mécanisme toujours fonctionnel datant de 1906. Enfin, autre fait unique, une petite exposition est consacrée à Hermann Oberth, pionnier de l’astronautique.Il y a donc des éléments extrêmement divers, condensés dans un espace relativement restreint.»
Le Musée des Chapeaux de Paille et le Musée d’Histoire de Sighișoara démontrent que le projet n’est pas qu’un simple catalogue numérique, mais une plateforme vivante qui génère déjà des liens internationaux et de précieux retours d’information. Pour AlexandruMihăilă, le succès se mesure à l’interaction réelle que la plateforme facilite.
« J’ai été agréablement surpris par le succès du projet. Bien sûr, le succès est relatif, chacun le perçoit différemment. Pour ma part, je suis ravi d’être constamment contacté par des personnes de Roumanie et de l’étranger, désireuses d’en savoir plus. Par exemple, une étudiante tchèque, spécialisée en restauration, travaillait sur des chaussures féminines du XVIIIe siècle. Elle a découvert sur notre site web une paire de chaussures presque identique à celle qu’elle étudiait et m’a demandé des détails. Je l’ai mise en relation avec des représentants du Musée d’Histoire de Sighișoara afin de lui fournir les informations nécessaires et de lui permettre de poursuivre ses recherches. »
Cet exemple illustre comment une plateforme numérique bien conçue peut faciliter les échanges et constituer une ressource précieuse pour les études et le tourisme. Le projet « Muzet » invite à découvrir un trésor culturel, fruit d’un mélange unique de traditions roumaines, saxonnes et hongroises, un patrimoine accessible sur le site muzet.ro. (trad. Andra Junganaru)