« Traffic », le nouveau film de Teodora Ana Mihai
Traffic, le nouveau film de Teodora Ana Mihai écrit par Cristian Mungiu, proposition de la Roumanie pour les Oscars 2026
Corina Cristea, 20.12.2025, 10:28
Réalisé par Teodora Ana Mihai et écrit par Cristian Mungiu, le film « Jaful secolului » / « Traffic » a poursuivi son parcours international, arrivant récemment dans les salles de cinéma aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada. « Traffic » a déjà été remarqué dans de nombreux festivals internationaux. Il a remporté le Grand Prix à Varsovie en 2024, le Prix du meilleur film à Tertio Millennio, à Rome, et le Prix du public à Shanghai. À Sofia, le film a reçu le Balkan Film Award, et à Tokyo, l’actrice Anamaria Vartolomei a été récompensée par le prix de la meilleure interprétation féminine. « Traffic » la proposition de la Roumanie aux Oscars 2026 (dans la catégorie du meilleur film international), mêle thriller, film de braquage et comédie noire pour raconter l’histoire des migrants roumains en Europe. Inspiré de faits réels – le vol commis en 2012 par un groupe de Roumains dans un musée néerlandais –, le film traite de l’inégalité des chances, de l’exploitation, des complexes et des difficultés d’adaptation auxquels sont confrontés de nombreux migrants.
Une expérience riche et une alchimie unique au sein de l’équipe
Rareș Andrici et Ionuț Niculae, interprètes des rôles principaux, incarnent deux types différents de criminels : l’un est un voyou sans scrupules et sans remords, tandis que l’autre finit par enfreindre la loi principalement en raison des circonstances et de son caractère sensible. Nous avons discuté avec les deux acteurs du processus qui leur a permis de donner vie aux personnages qu’ils interprètent, Iță et Ginel. Rareș Andrici raconte :
« En ce qui concerne le rôle, je pense que c’est avant tout l’alchimie entre nous qui a compté, et c’est tout à l’honneur de ceux qui ont organisé le casting d’avoir fait ces choix. Car on ne peut pas réussir un rôle sans avoir des collègues aidant et généreux. Les miens ont été particulièrement généreux et une alchimie s’est immédiatement créée entre nous, grâce, comme je le disais, à ceux qui ont organisé le casting. Ensuite, oui, vient notre travail. La documentation, la façon dont vous vous rapportez au personnage et dont vous envisagez de l’aborder, la façon dont vous vous approchez du scénario et la précision et la qualité de son écriture. De nombreux facteurs déterminent la réussite d’un projet. Ionut, Robert Iovan et moi-même avons eu la chance de très bien nous entendre. Comme je le disais, ils sont très généreux, sinon je ne pense pas que j’aurais réussi mon rôle comme je l’ai fait, d’autant plus qu’il supposait une position de supériorité. Et pour démontrer ma supériorité, mes partenaires devaient accepter une position inférieure. »
Des personnages vibrants et complémentaires
Ionuț Niculae partage son expérience :
« Pour moi aussi, le rôle de Ginel a été un défi, mais peut-être pas autant que celui d’Iță pour Rareș. Je dis ça parce que mon personnage n’est pas un personnage de fiction, contrairement à celui interprété par Rareș, donc je n’ai pas eu besoin de chercher à l’extérieur des traits de caractère ou des expériences qui ne me correspondent pas. Tout comme Ginel, je suis moi aussi quelqu’un d’équilibré et avec du bon sens, donc le plus grand défi a été de trouver le dosage exact qui permettrait de conserver les différences entre les personnages, c’est-à-dire entre Ginel, Adrian et Iță. Il fallait éviter que les personnages se ressemblent trop, et c’est là tout le mérite de Teodora Ana Mihai, la réalisatrice du film. Il y a eu beaucoup de discussions sur le plateau avec Teodora et Cristian Mungiu pendant les répétitions. Nous avons discuté de nombreux détails, comme l’accent, les pauses entre les mots, l’importance des expressions faciales. Comme l’a dit Rareș, la chimie entre nous a aussi beaucoup aidé. Rareș et moi étions camarade de promo à l’université, nous nous connaissions donc très bien. Je ne connaissais pas Anamaria Vartolomei, mais j’ai eu la surprise de rencontrer une actrice extrêmement généreuse qui, bien qu’elle soit reconnue internationalement, s’est montrée très ouverte et à l’écoute sur le plateau. La communication était très facile et je pense que cela a beaucoup aidé le projet. »
« Dans le contexte actuel de la Roumanie et de notre relation ambiguë et trompeuse avec l’Occident, à la lumière du conflit entre souverainisme et progressisme, je pense que « Traffic » est un bon point de départ pour une discussion plus approfondie et plus sincère sur la société dont nous faisons partie », estime le scénariste Cristian Mungiu. Le deuxième long métrage de la réalisatrice Teodora Ana Mihai (qui a fait ses débuts avec le film très apprécié « La Civil ») est une coproduction Roumanie-Belgique-Pays-Bas, à laquelle ont contribué plusieurs producteurs renommés de Roumanie (Cristian Mungiu, Tudor Reu, Vlad Rădulescu) et de l’étranger (Jean Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Annemie Degryse, Jan De Clerq, Delphine Tomson, Jeroen Beker, Linda Van Der Herberg, Sean Wheelan, Kristina Börjeson).