L’écotourisme en Roumanie
La Roumanie est connue pour ses immenses forêts vierges et ses régions dans lesquelles l'artisanat et les traditions locales ancestrales ont été préservées.
Daniel Onea, 29.06.2023, 06:54
La Roumanie est connue pour ses immenses forêts vierges et ses régions dans
lesquelles l’artisanat et les traditions locales ancestrales ont été
préservées. Dans ce contexte, il existe de nombreuses associations qui tentent
de préserver au mieux ce patrimoine naturel et culturel en sensibilisant les
habitants et les voyageurs au tourisme durable et responsable.
Notre invitée du
jour, Loredana Pană experte en lobbying et coordinatrice du projet Asociația
Mai Mult Verde (Pour davantage de vert), nous explique en quoi consiste
aujourd’hui l’écotourisme :
« On fait en fait ici référence aux
activités que l’on peut effectuer en vacances, des activités dont l’impact sur
notre environnement est moindre. De manière générale, le tourisme peut faire de
gros dégâts sur notre environnement. Les flux importants de touristes, les
trajets en avion, ce que l’on consomme lorsque l’on part en vacances, tout ça
laisse une empreinte sur nos destinations de vacances. Faire de l’écotourisme,
ou du slow-tourisme comme on l’appelle aussi parfois, c’est partir en gardant
bien en tête notre impact sur l’environnement. Par exemple en n’utilisant pas
de moyen de transport motorisé, en passant plus de temps au même endroit, ou
bien en consommant des produits locaux. Il s’agit en fait de réfléchir à notre
impact sur les communautés locales et à ce que nous laissons derrière nous. Les
itinéraires écotouristiques peuvent être parcourus à pied, à vélo, à cheval,
bref, sans engin motorisé. »
Heureusement, de nombreuses régions roumaines restent encore peu
développées, ce qui les préserve et leur permet de conserver un environnement
naturel propice à l’écotourisme. Toutefois explique Loredana Pană,
l’écotourisme doit être développé dans un cadre légal robuste :
« Malheureusement,
je crains qu’il n’existe pas de cadre légal ou national venant soutenir ces
destinations écotouristiques, et je pense qu’il serait possible de le mettre en
place, car nous n’en sommes qu’aux balbutiements, mais nous devrions en faire
beaucoup plus pour que les choses avancent dans cette direction ! »
Le concept de « destination écotouristique » a été initié en 2012
par les autorités publiques du tourisme, en partenariat avec des institutions
et organisations représentées au niveau national. A cette époque, la Roumanie
était le seul pays d’Europe à proposer un autre système permettant de
reconnaître les destinations écotouristiques. A l’heure actuelle, on dénombre
en Roumanie 7 destinations officiellement reconnues comme écotouristiques.
Cependant, Loredana Pană, experte en lobbying et coordinatrice du projet
Asociația Mai Mult Verde nous encourage à partir à la découverte d’une région
qui n’a pas encore été officiellement reconnue comme telle, mais qui n’en
demeure pas moins idéale pour les amateurs de tourisme durable :
« Je vous
recommande les régions longeant le Danube. Nous avons de nombreux projets dans
ces zones ainsi que dans le delta. Ce dernier est un lieu vraiment magnifique,
classé au patrimoine de l’UNESCO, qui regorge de paysages splendides et uniques
au monde, là où le fleuve se jette dans la mer Noire. On y trouve de nombreux
villages qui ne sont pas encore touristiques. Je recommande chaudement à vos
auditeurs de prendre quelques jours pour se promener sur les eaux tranquilles
du delta, dans un petit canot, et de passer du temps avec les habitants de ces
villages. A l’inverse je ne vous encourage pas à vous rendre dans les hôtels
resort qui restent à l’écart de ces communautés. Le delta du Danube est unique
du point de vue de la multiculturalité. En effet, près de 12 ethnies
différentes vivent dans le delta et la région de la Dobroudja, dans le sud du
pays. Elles incarnent le parfait exemple du respect des traditions locales et cohabitent
depuis très longtemps ! »
D’ailleurs, le plus récent projet de
l’Association « Mai verde » est l’Itinéraire écotouristique du Danube.
Loredana Pană nous en parle :
« C’est une idée que nous souhaitons
développer davantage. Il s’agit d’un itinéraire de 44 km à parcourir par voie
de l’eau et par voie terrestre, qui comprend la ville de Giurgiu et 4 communes
avoisinantes. On peut le parcourir à vélo, à pied, à cheval ou en barque. Il
est important de ne pas utiliser de moyens de transport motorisés pour ces
activités proposées en plein air, mais de profiter de la tranquillité de la
nature et de l’air frais. Nous avons proposé cet itinéraire longeant le Danube
justement parque nous avons besoin de davantage d’espaces verts pour sortir en
nature et pour nous détendre. Plus encore c’est aussi bénéfique pour notre
santé mentale. L’itinéraire est à une heure de distance de Bucarest. C’est une
zone superbe que le fleuve creuse dans cette partie de son cours. D’ailleurs, dans
le sud du pays il n’y a pas beaucoup d’options de loisirs et de tourisme sur le
Danube, à la différence du delta ou de la zone où le fleuve entre dans le
pays ».
Les touristes qui souhaiteront parcourir ce nouvel itinéraire auront
bientôt à leur disposition un site qui leur fournira toutes les informations
nécessaires, précise notre invitée :
« D’ici la fin de
l’année, nous voulons créer une carte virtuelle de cet itinéraire
écotouristique, car c’est important pour les touristes d’avoir toutes les
informations à leur portée : par ou se fait l’accès, quel est l’état des
routes, si la route est adéquate pour les enfants etc. Je vous invite donc à
suivre le site maimultverde.ro et nos profils sur les réseaux sociaux. Nous
allons poster toutes les informations nécessaires. »
Les Roumains ne sont pas les seuls invités à parcourir ces itinéraires
écotouristiques. En fait, notre invitée avoue avoir rencontré de plus en plus
de touristes étrangers sur les routes proposées. Ils sont tous attirés par les
zones sauvages où l’homme n’est presque jamais intervenu. Loredana Pană :
« Les itinéraires de
montagne dans le zones très sauvages sont parmi les plus appréciés. La
Transylvanie est également recherchée, alors que Bucarest est une destination
qui se prête plutôt pour un city-break. Nous avons même lancé un projet
environnemental et écologique dans la capitale. Il s’intitule « En plein
air » et tente de rapprocher la communauté à la ville et aux espaces verts
moins connus. Certains sont aménagés mais moins fréquentés, d’autres n’ont pas
été du tout aménagés, ce qui les rend inaccessibles au public. Par exemple, les
lacs qui longent la rivière de Colentina. Dans les années 60, des dizaines de
piscines publiques y fonctionnaient et la zone était considérée comme le
littoral de Bucarest. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement rien là-bas. Alors que
Bucarest pourrait très bien devenir une attraction écotouristique de l’Europe.
Pourtant, on est encore loin de cet objectif car, pour le moment, il n’y a
aucune de stratégie en ce sens.»
Une chose est sûre, on observe une volonté d’effectuer un retour
à la nature il y de plus en plus accentuée. Et, de ce point de vue, la Roumanie
a beaucoup à offrir. (trad. Charlotte Fromenteaud, Valentina Beleavski)