Clin d’oeil sur le marché de l’emploi de Roumanie
Les coûts de la main d’œuvre en Europe/ Base de données pour employés et employeurs/ Crise de main d’œuvre dans le secteur des réparations automobiles / Le textile, en déclin.

Sorin Iordan, 15.04.2025, 10:56
Les coûts de la main d’œuvre en Europe
En 2024, la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie affichaient les coûts horaires de main-d’œuvre les plus bas. Toujours l’année dernière, sur l’ensemble de l’UE, les coûts horaires de la main-d’œuvre variaient entre 10 et 55 euros, tandis que la moyenne de l’UE était de 33,5 euros. Les coûts les plus bas ont été enregistrés en Bulgarie (10,6 euros) et les plus élevés au Luxembourg (55,2 euros). Quant à la Roumanie, elle se classait avant-dernière, avec 12,5 euros par heure, suivie de la Hongrie avec 14 euros. Voici quelques exemples concrets. Dans l’industrie, le coût horaire moyen de l’UE approchait les 34 euros, dans le BTP – il tournait autour des 30 euros et dans les services – autour de 33,4 euros. Dans l’économie non marchande, à l’exception de l’administration publique, le coût était légèrement supérieur à 34 euros. Pour précision, le coût horaire de la main-d’œuvre inclut les coûts salariaux et non salariaux. La Roumanie enregistre un des taux les plus bas en matière de coûts non salariaux, à savoir de près de 5 %, alors qu’en France ou en Suède, ils représentent plus de 30 %. Par rapport à 2023, le prix de l’heure de travail a augmenté en moyenne de 5 % en 2024. Les augmentations les plus importantes ont été signalées en Roumanie et en Croatie, avec une hausse de 14,2 % pour les deux pays. Suivent la Bulgarie avec une hausse de près de 14 % et la Hongrie avec une hausse de 13,3 %.
Base de données pour employés et employeurs
Sous peu, les données relatives au travail des employés roumains seront gérées par un nouveau système en ligne qui remplacera le système actuel, techniquement dépassé. Selon une décision adoptée par le gouvernement de Bucarest, c’est le ministère du Travail qui établira la procédure d’accès à la nouvelle plateforme, qui simplifiera l’accès à l’information sur les relations de travail pour les employés et les employeurs. Selon le porte-parole de l’Exécutif, Mihai Constantin, la plate-forme Reges Online remplacera complètement l’application utilisée jusqu’ici par les employés et les employeurs sous le nom de Revisal, qui est désormais révolue, étant donné le volume d’informations sur les relations de travail, leur complexité et l’évolution de la technologie. Cette nouvelle plateforme permettra de réduire les formalités administratives et d’actualiser plus rapidement les données relatives aux relations de travail, a encore précisé a déclaré M. Constantin. D’ailleurs, le nouveau système présentera de nombreux avantages pour les salariés, qui pourront vérifier leurs cotisations sociales, mais aussi pour les employeurs, qui ne devront plus acheter de licences. Afin d’avoir une transition facile au nouveau système, les employeurs ont six mois à leur disposition pour passer de Revisal à Reges Online.
Crise de main d’œuvre
A l’heure où l’on parle, la Roumanie est confrontée à une pénurie de main-d’œuvre sans précédent dans le secteur des réparations automobiles, un secteur qui court même le risque de se bloquer, met en garde l’Association roumaine des opérateurs de services automobiles. Selon les données publiées par l’organisation, plus de 40 % des ateliers de réparation ont de sérieuses difficultés à recruter des travailleurs qualifiés, et, par conséquent, nombre d’entre eux se voient obligés de refuser des clients ou de prolonger les délais de livraison. Pour éviter une impasse totale, l’Association des employeurs des opérateurs de services demande aux autorités de prendre des mesures urgentes, telles : réduire les taxes sur le travail pour les travailleurs du domaine, simplifier les processus de recrutement des travailleurs étrangers, réformer l’enseignement technique ou encore des introduire des allègements fiscaux pour les garagistes qui investissent dans la formation des jeunes.
Le textile, en déclin
Et si les garagistes ont du mal à trouver des mécaniciens, d’autres entreprises se voient obligées d’opérer des licenciements massifs. C’est le cas d’une fabrique de textiles de la ville d’Odorheiu Secuiesc, dans le département de Harghita (centre), qui se prépare pour renoncer à 240 salariés d’ici le mois de juin. Cette décision a été prise en raison de la hausse des dépenses engendrée par la majoration du SMIC, ainsi que qu’à cause de la baisse de commandes. D’ailleurs, de plus en plus de sociétés du domaine travaillant en système Lohn sont dans une situation similaire, explique Janosi Edith, cheffe de département au sein de l’Agence départementale pour l’occupation de la main d’œuvre. Cela parce que, les compagnies étrangères, comme celle qui a annoncé les licenciements, préfèrent les pays ayant les coûts les plus bas de la main d’œuvre et où il ne faut pas payer pour la valeur ajoutée par la créativité. Plus encore, les changements sur le marché roumain du travail déterminent ces sociétés à quitter la Roumanie, a expliqué Janosi Edith. Notons aussi qu’à présent, le département de Harghita affiche un taux de chômage de 5,5 %. Au total, ce département recense 6 700 chômeurs pour lesquels 200 emplois seulement sont disponibles, la plupart dans le travail du bois, le BTP et l’industrie textile. A noter aussi que c’est le même département de Harghita qui affichait l’année dernière le 2e salaire moyen le plus bas de Roumanie, à savoir 4 100 lei (820 euros), soit 1 500 lei (300 euros) de moins que la moyenne nationale. (trad. Valentina Beleavski)