L’état du climat – la Roumanie 2025
Le rapport « L’état du climat – la Roumanie 2025 » présente l’aggravation de la crise climatique au cœur d’un contexte écologique inquiétant, démontrant que ses effets ne représentent plus une menace lointaine, mais une réalité qui affecte directement notre santé, notre économie et notre vie quotidienne.
Daniel Onea, 07.11.2025, 09:46
L’année 2024 a dépassé des records, devenant l’année la plus chaude jamais enregistrée lors des observations météorologiques nationales, avec une température moyenne annuelle supérieure de 3,01 degrés Celsius à la moyenne de la période 1971-2000. L’été a été marqué par une vague de chaleur persistante, avec 49 jours de canicule enregistrés au niveau national, soit le deuxième nombre le plus élevé au cours des 70 dernières années, et une durée sans précédent de 63 jours de vagues de chaleur, couvrant 68 % de l’été. Pour la première fois la Roumanie a connu un été avec six jours de canicule extrême, où les températures ont dépassé les 40 degrés. Cette chaleur extrême représente la nouvelle norme climatique pour la Roumanie.
Les changements climatiques se manifestent également par une répartition chaotique des précipitations, la Roumanie étant confrontée à une double menace : des sécheresses prolongées et des tempêtes violentes de plus en plus intenses. La plus longue sécheresse de l’histoire récente a duré 41 mois, de mars 2022 à juillet 2025, affectant gravement l’agriculture et entraînant des restrictions d’eau dans plus de 600 localités. Le phénomène d’aridification s’étend rapidement, touchant 51 % du territoire national entre 2021 et 2024. L’année 2024 a été marquée par plus d’un millier de phénomènes liés à des tempêtes violentes, qui ont inclus de la grêle et des vents forts, ce qui a accentué l’impact économique : les payements de compensation distribués pour les foyers touchées par les tempêtes au cours des neuf premiers mois de l’année ont doublé par rapport à l’ensemble de l’année 2023.
« Et pourtant les saisons n’ont pas disparu, » affirme Bogdan Antonescu, chercheur en physique atmosphérique et co-auteur de l’étude. « Elles existeront toujours, mais leur durée évoluera. »
« La période de fortes chaleurs, la saison chaude, va s’allonger considérablement. Les saisons de transition, printemps et automne, seront beaucoup plus courtes. L’impact est direct sur l’agriculture et sur l’approvisionnement alimentaire. On se retrouve donc face à un cercle vicieux dangereux, car les espèces végétales sont également directement affectées, mais l’effet est majeur sur l’agriculture. Par ailleurs, la saison froide est aussi réduite. Cela signifie que nous n’aurons plus de chutes de neige comme les années précédentes. Il faut toutefois préciser que le changement climatique ne signifie pas la disparition de l’hiver. L’hiver existera toujours. Des études montrent même que nous pourrions observer des phénomènes hivernaux peut-être plus intenses qu’auparavant, mais moins fréquents, et, lorsqu’ils se produisent, plus violents. Les blizzards, les fortes chutes de neige, ces phénomènes ne vont pas disparaître. »
Le rapport souligne également un paradoxe des politiques climatiques : bien que la Roumanie ait réduit ses émissions de carbone de 75 % par rapport à 1990, ces progrès sont dus à l’effondrement industriel, et pas à des stratégies cohérentes. La conclusion du rapport est sans équivoque : s’adapter au changement climatique n’est plus une option, mais une nécessité. Chaque année d’inaction augmente les coûts futurs et il est essentiel que le dialogue sur le climat passe des avertissements aux actions concrètes, assumées à tous les niveaux de la société.