Arad, joyau méconnu de l’ouest roumain : entre héritage sécessionniste et traditions vivantes
A la découverte de la ville d'Arad, dans le Mureș, dans l'ouest de la Roumanie. Une ville où les vestiges du passé cohabitent harmonieusement avec la vie contemporaine.

Ana-Maria Cononovici, 09.06.2025, 12:34
Nichée sur les rives du Mureș, dans l’ouest de la Roumanie, la ville d’Arad, chef-lieu du département du même nom, est l’un des plus anciens centres urbains du pays. Sa première mention historique remonte à 1080, et elle apparaît comme « civitas » dans des documents datant de 1329. Forte de près d’un millénaire d’histoire, la ville conjugue avec élégance architecture, multiculturalisme et patrimoine gastronomique local.
Trésors architecturaux et lieux de mémoire
Arad est une ville où les vestiges du passé cohabitent harmonieusement avec la vie contemporaine. Son centre historique est jalonné d’édifices de style Sécession, mouvement artistique proche de l’Art Nouveau. Parmi les plus remarquables, citons le palais Szantay, le palais Földes — conçu par l’architecte Emil Tabacovici, également impliqué dans la construction de Novi Sad — et le palais Bohus. Ces édifices témoignent de la prospérité de la ville à l’époque austro-hongroise.
D’autres bâtiments emblématiques viennent enrichir ce patrimoine : le palais administratif, le palais culturel ou encore des lieux de culte emblématiques des communautés ethniques coexistant à Arad depuis des siècles. Orthodoxes, catholiques, protestants, juifs et serbes partagent depuis longtemps ce territoire, et leur empreinte spirituelle est visible à travers la cathédrale orthodoxe, l’église rouge, l’église Saint-Antoine de Padoue, la synagogue néologiste et l’église serbe.
Le guide touristique Mihai Iancu, de l’Office du tourisme d’Arad, dresse un panorama des sites incontournables :
« Tout d’abord, le centre de la ville, les bâtiments historiques, pour la plupart de style Sécession, tels que les palais Szantay, Földes ou Bohus, attirent l’attention. D’autres palais importants, comme le palais administratif ou le palais culturel, complètent le patrimoine touristique d’Arad, ainsi que les lieux de culte bien connus des différentes communautés ethniques qui cohabitent depuis des centaines d’années dans la ville du Mureș, parmi lesquels on peut citer la cathédrale orthodoxe, l’église rouge, l’église Saint-Antoine de Padoue, la synagogue néologiste et l’église serbe. Il y a aussi des lieux chargés d’histoire, comme le complexe muséal, les galeries de la charrue du château d’eau, la grande salle de l’Union, le théâtre d’État et le parc de la réconciliation.»
Une terre de saveurs et de traditions viticoles
Outre son riche patrimoine architectural, Arad séduit aussi par sa gastronomie éclectique, héritage des nombreuses communautés ayant façonné son histoire. La cuisine locale mêle influences hongroises, serbes, allemandes et roumaines, offrant une palette de spécialités uniques. Parmi les produits phares, la pita de Pecica et le salami de Nădlac occupent une place de choix. La tarte plate de Turnu ou encore la pita au beurre sont souvent mises à l’honneur lors des salons gastronomiques, véritables vitrines du savoir-faire artisanal local. Ces recettes, élaborées à partir d’ingrédients cultivés dans le comté, témoignent de la vitalité des circuits courts et du lien étroit entre terre et table.
Le vignoble Miniș-Măderat complète cette identité locale. Réputé pour ses cépages autochtones, il propose des expériences œnologiques uniques dans des caves ouvertes à la dégustation. On y trouve notamment deux vins spécifiques à la région : le Cadarca et le Mustoasă de Măderat. Mihai Iancu de l’Office du tourisme d’Arad souligne l’importance de cette richesse culinaire et viticole :
« Nous avons une gastronomie très diversifiée, car nous avons de nombreuses communautés ethniques qui vivent ici depuis longtemps. Et nous avons certains produits spécifiques : par exemple, nous avons la pita (pain) de Pecica, le célèbre salami Nădlac, la pita avec du beurre, que nous présentons dans les foires. Nous avons également des spécialités de la vallée du Mureș, comme les tartes de Turnu. Ce sont des produits locaux, avec des producteurs locaux et des ingrédients de notre comté. Dans les vignobles du Miniș-Măderat, plusieurs caves proposent des dégustations. Deux cépages sont uniques à cette région : le Cadarca et le Mustoasă de Măderat. »
Arad incarne à la fois la mémoire d’un passé multiculturel foisonnant et la promesse d’un tourisme responsable, ancré dans l’authenticité locale. Que l’on soit amateur d’histoire, d’architecture, de gastronomie ou de nature, cette ville du Mureș offre une immersion rare dans une Roumanie méconnue mais profondément attachante. À l’heure où le tourisme se tourne vers des expériences singulières, Arad se positionne comme une destination de choix pour les voyageurs en quête de sens, de patrimoine et de rencontres humaines.