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70 ans depuis la déportation des Juifs du nord de la Transylvanie

Le 19 mars 1944, Hitler ordonnait à l’armée nazie d’occuper la Hongrie et faisait installer à grands renforts un nouveau gouvernement porté par le Parti des Croix fléchées, de la mouvance fasciste et antisémite. De son nom de code « Margaret », cette opération avait été conçue par le Reich afin d’éviter une éventuelle sortie précipitée de la Hongrie de la conflagration, comme cela avait été le cas pour l’Italie en 1943. Un plan similaire d’occupation de la Roumanie devait également être mis en œuvre — l’ambassadeur hitlérien à Bucarest, Manfred von Killinger, avait déjà sur son bureau l’opération « Margaret II »…

70 ans depuis la déportation des Juifs du nord de la Transylvanie
70 ans depuis la déportation des Juifs du nord de la Transylvanie

, 18.08.2014, 13:00

Le 19 mars 1944, Hitler ordonnait à l’armée nazie d’occuper la Hongrie et faisait installer à grands renforts un nouveau gouvernement porté par le Parti des Croix fléchées, de la mouvance fasciste et antisémite. De son nom de code « Margaret », cette opération avait été conçue par le Reich afin d’éviter une éventuelle sortie précipitée de la Hongrie de la conflagration, comme cela avait été le cas pour l’Italie en 1943. Un plan similaire d’occupation de la Roumanie devait également être mis en œuvre — l’ambassadeur hitlérien à Bucarest, Manfred von Killinger, avait déjà sur son bureau l’opération « Margaret II »…



L’arrivée au pouvoir des Croix fléchées dirigées par Ferenc Szálasi a provoqué une vague massive de persécutions antisémites dans le nord de la Transylvanie, occupée alors par la Hongrie en vertu de l’arbitrage de Vienne du 30 août 1940. Selon les sources, en seulement quatre mois, de mai à octobre 1944, 150 à 200 mille Juifs ont péri dans les camps de concentration nazis. Une quinzaine de milliers d’entre eux avaient déjà été déportés entre 1941 et 1944. Au cœur de la Hongrie, des centaines de Juifs ne sont même pas arrivés dans les camps d’extermination, étant sommairement exécutés et jetés dans le Danube.



70 ans sont passés depuis les premières persécutions antisémites du nord de la Transylvanie. La population magyare et roumaine des lieux tentait tant bien que mal d’aider, voire de cacher, ces opprimés. En 1941, Gheorghe Moldovan était élève à Brasov, région administrée toujours par Bucarest. En 1997, il a raconté au Centre d’histoire orale de la Radio roumaine comment une organisation de défense des Juifs avait vu le jour : « Après que la Transylvanie du nord est passée à la Hongrie, la maison du prêtre Macavei de Blaj a accueilli plusieurs réfugiés de Gherla, dont le professeur Mihali Semproniu et son épouse Natalia. Nous habitions tous le même immeuble, au centre de Brasov. C’était des gens extraordinaires, de bons patriotes qui avaient créé une association. Ils aidaient les Juifs de la Transylvanie devenue hongroise et de Roumanie. C’est le professeur Semproniu qui dirigeait cette association et je m’y investissais aussi. J’étais celui qui se rendait chez des familles juives pour les convoquer aux réunions, organisées régulièrement. Je visitais les Veiss, Grun, Holtzinger et Menden. D’autres personnes allaient informer les autres familles car il y en avait un certain nombre. Les gens se réunissaient notamment chez le professeur Semproniu, et parfois ailleurs ».



Les organisateurs passaient la frontière pour rester en contact avec ceux qui avaient besoin d’aide. Parmi les petits succès de l’organisation, il convient de mentionner la protection des Juifs de Roumanie, victimes des persécutions raciales. Gheorghe Moldovan. « Le prêtre Macavei était, à l’époque, le représentant de notre pays à Budapest, car nous n’y avions pas d’ambassade. Il dirigeait un groupe de prêtres, qui recueillait des informations relatives à la situation des Roumains et des Juifs de la Transylvanie occupée. Un Juif du nord de la Transylvanie, dont j’ignorais le nom, venait à Blaj. Il passait clandestinement la frontière pour rejoindre le professeur Mihali et les autres. Ils aidaient les Juifs venant de Hongrie à entrer en Roumanie, d’où ils partaient ensuite pour Israël ou ailleurs, en quête de liberté. Ce groupe a fonctionné de 1940 à 1948. Les Juifs de Blaj étaient assez nombreux. Ils avaient aussi une synagogue. Comme ils étaient protégés par cette association, rien de mal ne leur est jamais arrivé. Ils ont pu travailler tranquillement, sans être déportés ni envoyés dans les camps de travaux forcés. Le professeur Mihali surtout était très actif. Il venait en aide à quiconque en avait besoin. Aux cotés du prêtre Macavei, il intervenait auprès de toutes les autorités, à Blaj ou dans les localités avoisinantes. C’est ainsi qu’il est parvenu à épargner à ces gens tout malheur, toute forme d’oppression. Son activité fut très intense. Madame Mihali se rendait dans le nord de la Transylvanie. Elle avait échangé la maison qu’elle possédait à Gherla contre une propriété à Bucarest. Chaque fois qu’elle venait à Sângeorgiu de Pădure, pour des cures, elle prenait contact avec les Juifs du nord de la Transylvanie et les aidait, si besoin était. »



Gheorghe Moldovan a eu la chance de rencontrer un personnage légendaire, à savoir le diplomate suédois Raoul Wallenberg, le sauveur de milliers de Juifs de Hongrie qu’il a fait entrer en Roumanie. « Il les a tout d’abord sauvés de la déportation. Les Juifs des autres coins du pays étaient envoyés derrière le front, dans les camps de concentration, pas dans des camps d’extermination. Pour ceux du nord de la Transylvanie, l’enjeu consistait à leur éviter les camps d’extermination d’Auschwitz ou d’ailleurs. On organisait donc des passages clandestins de la frontière. J’ai moi-même fait la connaissance de cet homme, qui nous a maintes fois rendu visite et qui m’a remercié personnellement. A en juger d’après les descriptions que j’ai pu lire, c’était bien lui, Wallenberg. Un homme de haute taille, extraordinaire et très courageux. »



Le calvaire des Juifs du nord de la Transylvanie allait prendre fin le 25 octobre 1944, lorsqu’elle fut libérée par les armées soviétique et roumaine. C’était le début d’un long chemin de retour à la dignité de l’être humain. (Trad. : Andrei Popov, Mariana Tudose)


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