L’archéologie en Roumanie
L’archéologie étudie le passé de la société humaine en récupérant et analysant la culture matérielle et les informations fournies par les artefacts, les documents, l’architecture ou les paysages culturels découverts. Autrement dit, elle cherche à déchiffrer le mode de vie, les croyances et les coutumes des temps passés, en étudiant les traces disponibles de nos jours.
Ion Puican, 29.06.2025, 10:22
Les Journées européenne de l’archéologie, une occasion de ramener en débat ce domaine
En Roumanie, l’archéologie est soutenue grâce à des institutions telles que le Musée national d’histoire de la Roumanie (MNIR). Dès sa création il y a plus d’un demi-siècle, le MNIR a fait de la recherche archéologique une mission fondamentale et une activité essentielle pour son évolution institutionnelle. La célébration, au mois de juin, des Journées européenne de l’archéologie a été une occasion de remettre en lumière ce domaine, notamment à travers les découvertes et les tendances les plus récentes.
L’archéologue Ovidiu Țentea, directeur par intérim du MNIR, a expliqué la signification des Journées européennes de l’archéologie, marquées du 13 au 15 juin 2025:
« Chez nous, c’est une tradition, instaurée plutôt ces dernières années, qui rassemble archéologues et large public au début de la saison des vacances. Sur les sites archéologiques, le travail est actuellement au plus haut niveau d’intensité et les fouilles ont marqué une pause juste pour célébrer ces Journées. C’est une occasion d’attirer l’attention sur l’activité des archéologues, sur la signification et l’importance sociale des projets en cours. Car l’archéologie ne se résume pas à un travail comme celui d’Indiana Jones, un archiviste qui déterre des couches d’objets superposées dans le sol. Il ne faut pas oublier que l’archéologie s’intéresse aussi aux monuments qui sont toujours debout. »
L’évolution de l’archéologie en Roumanie
Ovidiu Țentea s’est aussi attardé sur l’évolution de l’archéologie en Roumanie et de la perception publique au cours des dernières décennies:
« En Roumanie, l’archéologie a évolué après la deuxième guerre mondiale, suivant généralement des modèles occidentaux. Après la révolution de 1989, un certain décalage s’est manifesté, dû à un manque de compréhension de l’importance des recherches préventives et de leur financement. La société a donc perçu l’archéologie comme un obstacle au développement. Le domaine a évolué sur deux plans: premièrement, celui de l’objectif assumé de prouver que l’archéologie ne bloque pas le développement, bien au contraire elle est souvent un fer de lance d’une évolution positive ; et deuxièmement celui du déroulement du plus grand nombre possible de projets d’archéologie systématique sur les chantiers-école et de recherche fondamentale. Les problèmes y sont sérieux à cause d’un sous-financement devenu déjà chronique ces derniers temps. Cependant, nos chantiers-école sont plus nombreux que ceux qui existent dans beaucoup de pays occidentaux. Et cela s’explique justement par cet aspect conservateur qu’on nous reproche. C’est aussi parce qu’en Europe l’archéologie est une science connexe de l’histoire, pas de l’anthropologie culturelle. Alors, ce bagage plus émotionnel, provenant de l’histoire, augmente un peu la pression, notamment ces dernières années, puisque le discours est divisé entre les Daces et les Romains, la romanisation, la valeur culturelle. »
L’archéologie roumaine aujourd’hui
Quant à l’évolution actuelle de l’archéologie en Roumanie, telle qu’elle se dessine du point de vue du Musée national d’histoire de la Roumanie, Ovidiu Țentea considère que les choses vont dans la bonne direction:
« Moi, je dis que l’archéologie préventive se porte bien et très bien. Le MNIR réalise ses propres revenus, qui sont investis dans la recherche muséale. C’est une grande équipe, mais qui a encore besoin de quelques membres pour assurer la présence sur les grands sites de fouilles où se forment des étudiants, futurs archéologues ou historiens, et, pourquoi pas, de simples amoureux du passé. Nous organisons aussi en parallèle les plus grandes expositions liées à l’archéologie. »
Quels sont les sites archéologiques importants de la Roumanie, ouverts au grand public ? Ovidiu Țentea a dressé une liste, qui n’est pas exhaustive:
« Un site qui est attaché à la marque « Roumanie » est celui de Sarmisegetuza Regia. Il y a ensuite celui de la première ville de Dacie, qui fut Ulpia Traiana Sarmisegetuza. J’ajouterais aussi les sites de Histria et de Callatis, sur lesquels travaillent des archéologues de notre musée, ceux de Micia et de Tărtăria pour la préhistoire, ou encore la ville médiévale de Caransebeș. »
Attirer les jeunes vers ce domaine
L’archéologie a besoin de la formation professionnelle et de l’implication des jeunes spécialistes, l’intérêt des nouvelles générations étant crucial pour l’histoire et l’archéologie.
L’archéologue Ovidiu Țentea, directeur par intérim du MNIR, précise:
« Les jeunes peuvent accéder à la profession en passant par plusieurs filtres sur les réseaux sociaux, où nous sommes assez présents. Un simple clic suffit pour nous contacter. Et puis, une exposition plutôt grande, mise en place sur les marches à l’entrée du musée, leur permet de voir une dizaine de sites, de s’informer, d’entrer en contact avec les personnes qui sont en charge. … J’encourage les jeunes à lire davantage, y compris notre revue « Cercetări arheologice / Recherches archéologiques », où ils trouveront des liens intéressants et des articles dont les auteurs répondront sûrement à leurs questions. »