L’Europe Verte 2050
La pollution représente aujourd’hui le plus grand défi mondial, et nous avons déjà pris bien trop de retard.
Corina Cristea, 07.11.2025, 12:11
Atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050 est l’un des grands objectifs que l’Union européenne s’est fixé. Un objectif ambitieux s’il en est, qui implique la transformation des secteurs industriels, de l’énergie, des transports, du bâtiment, de l’agriculture et de la sylviculture pour approcher la neutralité climatique en termes d’émissions de gaz à effet de serre et de trouver des moyens d’absorber ou de compenser les gaz émis malgré tout. C’est un sujet sensible et pressant, car la pollution représente aujourd’hui le plus grand défi mondial.
L’heure est à la responsabilité
La pollution de l’air raccourcit l’espérance de vie, le plastique étouffe les océans, et les changements climatiques ne sont plus une théorie, mais une réalité que nous respirons, que nous voyons, que nous ressentons à chaque instant. Une réalité qui appelle à la responsabilité : celle des gouvernements, des entreprises, mais aussi de chacun d’entre nous, depuis la réduction du gaspillage alimentaire jusqu’à l’usage privilégié des transports publics et au recyclage. La pollution signifie également des sols empoisonnés par les pesticides ou des déchets électroniques non collectés, et chaque geste négligeant nous revient sous forme d’aliments contaminés ou de maladies respiratoires, a plus forte raison dans les zones industrielles et dans les centres urbains. Oana Neneciu, de l’Association Ecopolis :
« La pollution industrielle agressive est, bien sûr, un sujet important. Mais ce qui se passe dans les villes, c’est que nous vivons dans des niveaux alarmants de pollution aux particules fines, invisibles, sans odeur, que nous ne sentons pas, mais qui, lentement et sûrement, affectent profondément notre santé. D’où les rapports annuels de l’Organisation mondiale de la santé, qui attirent l’attention sur la pollution atmosphérique dans les zones urbaines. Ce n’est pas une pollution que l’on perçoit par l’odeur ou par la vue. C’est une pollution invisible, insidieuse qui, chaque année, provoque plus de huit millions de morts prématurées dans le monde. »
Quand investir ne suffit plus
Aussi, l’objectif de l’Union européenne de devenir neutre sur le plan climatique signifie moins d’émissions de carbone, davantage d’énergie verte, des transports propres et des villes intelligentes. D’ici 2050, Bruxelles investit massivement dans les énergies renouvelables, l’innovation et l’éducation environnementale. Mais une véritable transition suppose également un changement de mentalité — un changement qui, idéalement, devrait se produire à l’échelle mondiale.
À moins d’un mois de la 30e conférence des Nations unies sur les changements climatiques, plus de la moitié des pays du monde n’ont toujours aucun plan de réduction des émissions de CO₂, avertit l’expert Radu Dudău, président de l’Energy Policy Group, une organisation indépendante centrée sur les politiques énergétiques et climatiques. Présent à un événement de spécialité organisé à Bucarest, il souligne que la diplomatie climatique se heurte aujourd’hui à une série de défis, parmi lesquels le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris. Radu Dudău :
« Nous nous trouvons à un moment critique, car certains fondements de la diplomatie climatique sont remis en question. À l’échelle mondiale, on observe une confusion profonde quant au consensus scientifique et, surtout, quant à la perception publique des éléments scientifiques qui soutiennent la science du climat. Alors même que la science climatique est très solide, son acceptation publique semble s’éroder partout dans le monde. Il existe donc de nombreux défis, et les États membres de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques doivent présenter leurs contributions déterminées au niveau national : en pratique, ils doivent dire clairement ce qu’ils feront et quels objectifs ils se fixent pour réduire les émissions de carbone. »
Les villes au cœur de la problématique
Les investissements dans le transfert de technologies vers les pays en développement seront cruciaux, car les engagements très ambitieux du passé ne semblent pas avoir été tenus, et il est peu probable qu’ils le soient davantage à l’avenir compte tenu de l’approche actuelle, estime l’expert. Pourtant, les changements climatiques ne connaissent pas de frontières, et l’action climatique constitue un investissement stratégique dans notre sécurité, notre santé et notre prospérité collectives. Aussi, les spécialistes prônent une transformation urbaine radicale. Grațian Mihăilescu, fondateur de la plateforme UrbanizeHub :
« Les villes deviennent de plus en plus difficiles à supporter à cause de la pollution. On le voit très bien en été, à Bucarest. Nous avons besoin de transformations urbaines, d’un air de meilleure qualité, d’un cadre de vie plus sain, d’espaces verts, de planification urbaine, et nous devons réduire l’empreinte carbone des bâtiments. »
C’est bien dans ce contexte que chaque geste compte, car chaque voiture qui passe, chaque emballage jeté au hasard, chaque fumée qui s’élève d’une unité de production ajoute une pollution supplémentaire a l’air que nous respirons et dont la qualité est loin d’être optimale. Les données officielles montrent que jusqu’au mois de septembre de l’année en cours les vagues de chaleur liées aux changements climatiques ont fait 32.000 victimes en Europe. (Trad Ionut Jugureanu)